Cette suite du film de Tobe Hooper surpasse son modèle en opposant les survivants d’un crash d’avion à un monstrueux saurien affamé…
CROCODILE 2 : DEATH SWAMP
2002 – USA
Réalisé par Gary Jones
Avec Heidi Lenhart, Chuck Walczak, Jon Sklaroff, Darryl Theirse, David Valcin, James Parks, Martin Kove
THEMA REPTILES ET VOLATILES
La fin de Crocodile laissait grande ouverte la possibilité d’une suite. Pourtant, selon un principe éprouvé par les productions Nu Image, le numéro 2 du titre ne signifie pas que nous avons affaire à une séquelle mais plutôt à une variante sur la même thématique. Exit donc les adolescents décérébrés en vacances au pays du « Chien du Fleuve » égyptien, place aux passagers d’un vol à destination d’Acapulco. Gary Jones, le talentueux réalisateur de Spiders, prend le relais de Tobe Hooper, et le dynamisme décomplexé de la mise en scène s’en ressent. Après un hold-up explosif en guise de séquence d’introduction, le film nous brosse un portrait rapide de ses protagonistes, façon film catastrophe des années 70 (le jeune vainqueur d’un jeu télévisé, l’hôtesse courageuse, sa collègue trouillarde, le pilote sympathique, l’avocat bavard), sans s’appesantir outre mesure, car ici c’est l’action qui prime de toute évidence. Une action brute de décoffrage, ne s’embarrassant ni de finesse, ni de cohérence.
Ainsi, les quatre malfrats qui ont dévalisé la banque pendant le générique de début, agacés par une météo défavorable, détournent subitement l’avion qui les transportait au Mexique. Qu’est-ce qui les pousse à faire une chose aussi absurde ? Comment ont-ils pu transporter des armes à feu en cabine sans se faire repérer ? Allez savoir. Toujours est-il que l’avion finit par se crasher à proximité d’un étang, sous une pluie battante et au milieu de nulle part. Là sévit un monstrueux crocodile qui va les pourchasser sans relâche, tandis que Zack, le petit ami d’une des hôtesses de l’air, paie un « traqueur » pour la retrouver. Une nouvelle légende entoure ce reptile démesuré et vorace. Après les crocodiles du Nil chevauchés jadis par les Pharaons, nous avons ici affaire à ce que les conquistadors prirent pour un dragon sanguinaire quelques siècles plus tôt, tandis que les indigènes adulaient le monstre qu’ils considéraient comme un chasseur de démons, psalmodiant inlassablement « Aligarto Diablo ».
« Aligarto Diablo »
Une fois n’est pas coutume, la séquelle est plus réussie que l’original, d’autant que les effets spéciaux qui donnent vie au monstre – cette fois-ci plus animatronique que numérique – s’avèrent très performants. Quelques visions gore furtives (des restes humains abandonnés sur la rive, un homme qui se fait dévorer tandis que son bras déchiqueté pendouille lamentablement) agrémentent de surcroît le spectacle. A la manière d’Octopus, ce Crocodile deuxième du nom s’efforce d’intégrer sa créature dans une intrigue de film d’action nerveux dont elle constitue l’attraction principale. Évidemment, pour apprécier une œuvrette de cet acabit, un seuil d’indulgence non négligeable est requis. Mais si l’on accepte de passer outre les multiples invraisemblances qui truffent le scénario, un jeu d’acteurs très approximatif, des dialogues d’une rare pauvreté (« sors de ma vie espèce de brute ! » lance avec aplomb l’héroïne avant d’occire définitivement la bête) et une poignée de trucages à la limite de l’amateurisme (le crash de l’avion, l’explosion de l’hélicoptère), Crocodile 2 reste malgré tout un divertissement franchement sympathique.
© Gilles Penso
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