Les dinosaures miniatures qui surfaient jadis sur le succès de Jurassic Park jouent à la baballe le temps d’une dernière aventure anecdotique…
PREHYSTERIA 3
1995 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Whitney Anderson, Owen Bush, Dave Buzzotta, Thomas Emery Dennis, John Fujioka, Matt Letscher, Pam Matteson, Michael R. Thayer, Bruce Weitz, Fred Willard
THEMA DINOSAURES I SAGA CHARLES BAND I PREHYSTERIA
Le producteur Charles Band n’est pas du genre à passer à côté d’un filon susceptible de faire entrer quelques dollars dans les tiroir-caisse. Après le succès en vidéoclub du sympathique premier Prehysteria, surfant habilement sur la « dinomania » provoquée par Jurassic Park, un second opus sans grand intérêt était venu alimenter les bacs sous la direction peu inspirée d’Albert Band. Les ventes baissèrent considérablement, certes, mais il y avait sans doute encore un peu de miettes à ramasser. Et surtout, il était temps d’exploiter une dernière fois les marionnettes de dinosaures en latex avant qu’elles ne se détériorent complètement et deviennent inutilisables. Voici donc Prehysteria 3 (titré Les Dinosaures enchantés au golf pour sa sortie en vidéocassette en France). Cette fois-ci, aucun des Band (père ou fils) n’assure la mise en scène, qui est confiée à David DeCoteau. Familier des productions Band mais plutôt porté sur l’horreur à forte connotation érotique que sur l’aventure fantastique pour enfants (Dreamaniac, Creepozoids, Les Créatures de l’au-delà), DeCoteau accepte la mission à condition de signer le film avec un pseudonyme. Prehysteria 3 est donc officiellement réalisé par un certain Julian Breen.
Seul lien humain avec le film précédent, le vénérable monsieur Cranston (Owen Bush) trimballe les cinq petits dinosaures dans son camion rempli de caisses de raisins secs (apparemment le péché mignon des sauriens miniatures) et tombe en panne à l’entrée d’un terrain de golf. Le brachiosaure Paula, le chasmosaure Hammer, le tyrannosaure Elvis, le stégosaure Jagger et le ptéranodon Madonna en profitent pour prendre la poudre d’escampette. Plus blagueurs et anthropomorphes que jamais (il ne leur manque plus que la parole !), les mini-dinos viennent en aide à Ella MacGregor (Whitney Anderson), une gamine amoureuse de la culture écossaise qui rêve de remettre à neuf le terrain de mini-golf de son jardin, transformé en décharge publique, et qui doit lutter contre les manigances de son oncle Hal (Bruce Weitz), déterminé à s’emparer du terrain par tous les moyens afin de créer un gigantesque complexe de golf professionnel.
La guerre du golf
Honnêtement, cette histoire de golf et de mini-golf nous indiffère au plus haut point, d’autant que les problèmes des héros sont réglés dès le milieu du film, la suite du scénario s’évertuant alors à inventer toutes sortes d’obstacles artificiels pour relancer l’intrigue et atteindre les 90 minutes de métrage. Certes, la mise en scène s’avère mieux maîtrisée que dans le film précédent. Le rythme est plus resserré, la photo plus soignée et la musique plus habilement utilisée. Quelques seconds couteaux charismatiques pointent même le bout de leur nez dans le film, comme Bruce Weitz (pilier de la série Hill Street Blues), John Fujioka (American Warrior, Mortal Kombat) ou Bill Moseley (The Devil’s Rejects). Le scénario co-écrit par Michael Davis et Neil Ruttenberg s’octroie au passage une série de clins d’œil cinéphiliques plus ou moins surprenants (Godzilla et Les Flintstones, mais aussi Marathon Man, JFK et Apocalypse Now !). Plus figés que jamais, les dinosaures se contentent de mouvements mécaniques extrêmement limités (hochements de tête, ouvertures de gueules, remuages de queues) et n’interviennent donc dans aucune séquence mémorable. Ils pourraient d’ailleurs disparaître du film sans incidence majeure sur le déroulement des événements. Après ce Prehysteria 3, les cinq petites bêtes seront rangées dans un placard pour une retraite bien méritée.
© Gilles Penso
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