Clovis Cornillac et Julie Depardieu incarnent un couple dont la maison est hantée par les fantômes des habitués d’une ancienne boîte de nuit gay…
POLTERGAY
2006 – FRANCE
Réalisé par Eric Lavaine
Avec Clovis Cornillac, Julie Depardieu, Michel Duchaussoy, Lionel Abelanski, Philippe Duquesne, Jean-Michel Lahmi
THEMA FANTÔMES
Poltergay est le premier long-métrage d’Eric Lavaine, jusqu’alors spécialisé dans la production de films publicitaires et l’écriture de sketches humoristiques pour la télévision (Le Bébête Show, Nulle part ailleurs, Les Guignols, H). « L’idée de départ vient d’Hector Cabello Reyes, qui m’a dit un jour : “j’ai pensé à un court-métrage qui s’appellerait Poltergay et qui raconterait l’histoire d’une maison hantée par des fantômes homosexuels“ », se souvient-il. « Le concept et le jeu de mot étaient tellement drôles qu’il y avait à mon avis matière à écrire un scénario de long. Nous nous y sommes donc mis, et il nous a quand même fallu deux ans pour arriver à la mouture définitive » (1). Après avoir envisagé dans un premier temps donner la vedette à Stéfano Accorsi et Marion Cotillard, Lavaine dut changer son fusil d’épaule, le premier n’étant pas assez populaire aux yeux des investisseurs et la seconde pas disponible. Ce sont finalement Clovis Cornillac et Julie Depardieu qui tiennent le haut de l’affiche dans le rôle de Marc et Emma.
Nouveaux propriétaires d’une maison inhabitée depuis trente ans, nos tourtereaux ignorent que la cave a jadis abrité une boîte de nuit gay. Or le 29 avril 1979 à deux heures du matin, en pleine fête disco, un incident électrique survenu dans la machine à mousse provoqua une explosion qui ravagea les lieux et tua sur le coup tous les danseurs. Mais cinq corps ne furent jamais retrouvés, et aujourd’hui, ces cinq fantômes fêtards et exubérants viennent hanter les lieux. Il se trouve que seul Marc semble capable de les voir et de les entendre… Certes, le titre et le concept de Poltergay font mouche immédiatement, mais le film allait-il parvenir à exploiter cette excellente idée jusqu’au bout sans ressembler à un sketch anecdotique artificiellement étiré ? Au début, rien n’est moins sûr. L’humour s’avère en effet lourdaud, et la narration elliptique caviardée de fondus au noir est empreinte de maladresses. Fort heureusement, Eric Lavaine finit par trouver sa vitesse de croisière en cours de route.
Le cauchemar du macho
Il faut dire que Cornillac prend son rôle à bras le corps et sait le rendre bien souvent hilarant. « J’adore changer de style de comédie », avoue-t-il. « L’humour de Poltergay n’est pas le même que celui de Brice de Nice ou d’Astérix aux jeux olympiques, par exemple. Ça ne m’amuserait pas de rester en permanence dans le même registre » (2). Ici, on sent une vraie jubilation dans l’incarnation du macho pur et dur découvrant avec horreur que le seul moyen de se débarrasser de ces apparitions spectrales qui mettent en péril son couple consiste à avoir une expérience homosexuelle ! D’où une irrésistible séquence au cours de laquelle il s’oblige à fréquenter un bar homo et à se laisser séduire par un homme. Les fantômes eux-mêmes échappent peu à peu à l’archétype efféminé au look seventies – extrêmement caricatural en début de métrage – pour révéler de vraies personnalités et même émouvoir le spectateur en de furtifs instants. Autre trouvaille : le parapsychologue amateur de fast-food qu’incarne avec une délectation communicative Michel Duchaussoy. Tout ça ne vole pas très haut, certes, mais Poltergay regorge d’idées et de rebondissements qui rendent son visionnage franchement divertissant.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2006
(2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2007
© Gilles Penso
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