FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L’ENFER (1974)

Pour sa dernière incarnation du docteur Frankenstein, Peter Cushing conçoit une créature incarnée par le futur interprète de Dark Vador

FRANKENSTEIN AND THE MONSTER FROM HELL

 

1974 – GB

 

Réalisé par Terence Fisher

 

Avec Peter Cushing, David Prowse, Madeline Smith, Shane Briant, Bernard Lee, John Stratton

 

THEMA FRANKENSTEIN

Ce dernier Frankenstein portant le sceau Hammer Films clôt la série sur une note mitigée. Le scénario, riche en rebondissements souvent artificiels, manque singulièrement de crédibilité. Et nous sommes plus éloignés que jamais de Mary Shelley. Réfugié dans un asile d’aliénés de Carlsbad sous le nom du docteur Victor, le baron Frankenstein (Peter Cushing) poursuit toujours ses travaux sur la réanimation et le don artificiel de la vie dans un laboratoire secret, mais ses mains, brûlées à la fin du Retour de Frankenstein, ne lui permettent plus d’exercer lui-même la chirurgie. L’un de ses disciples et admirateurs, le docteur Simon Helder (Shane Briant), est interné dans cet asile. Il devient le complice de Frankenstein et greffe le cerveau d’un savant décédé sur le monstre que le docteur a construit à partir d’un colosse débile et de membre épars, notamment les mains d’un violoniste virtuose. La créature tombe amoureuse de « l’Ange » (la magnifique Madeline Smith de Vampire Lovers), une jeune sourde et muette, et Frankenstein envisage de les accoupler pour mener ses expériences encore plus loin…

Peter Cushing, si marquant dans les cinq épisodes précédents, ne semble plus vraiment concerné par son rôle. Coiffé d’une étrange perruque, il laisse quasiment la vedette à Shane Briant, dans le rôle d’un jeune Frankenstein en herbe. La créature, de son côté, est affublée d’un maquillage grotesque et d’un pelage hirsute qui lui donnent les vagues allures d’un gorille mité et raccommodé. David Prowse, ancien garde du corps de Patrick Magee dans Orange mécanique, avait incarné un monstre autrement plus intéressant, ne serait-ce que du point de vue de son aspect physique, dans Les Horreurs de Frankenstein en 1970. Ici, il se contente de quelques grognements et gesticulations sommaires. D’ailleurs, l’audace de Jimmy Sangster, auteur de quelques-uns des meilleurs scénarios de la série, fait ici cruellement défaut.

En bout de course

Dommage, car ce Monstre de l’enfer portait en son sein un intéressant potentiel émotionnel, comme dans cette séquence pathétique au cours de laquelle la créature essaie de jouer quelques notes de violon avec ses mains désespérément malhabiles. Terence Fisher continue à injecter tant qu’il peut du rythme et de l’humour noir dans son film, tout en ne reculant devant aucune surenchère en matière d’opération sanglante à crâne ouvert (ces séquences seront d’ailleurs considérablement allégées dans les copies d’exploitation américaines), mais on sent bien que le cœur n’y est plus vraiment, la Hammer poursuivant là l’inexorable pente descendante amorcée par Dracula 73 et Dracula vit toujours à Londres. Comme à l’époque d’Abbott et Costello, la seule suite logique des aventures du docteur et du monstre semble dès lors être la parodie, et Mel Brooks s’en donnera à cœur joie dans la foulée avec Frankenstein Junior. Assez ironiquement, Peter Cushing et David Prowse allaient se retrouver en 1977 dans La Guerre des étoiles, respectivement dans le rôle du général Tarkan et du sinistre Dark Vador.

 

© Gilles Penso


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