Sophie Marceau nous joue un remake risible de L’Exorciste dans cette adaptation ratée du célèbre feuilleton des années soixante…
Hollywood ayant décidé à la fin des années 90 de massacrer plusieurs séries TV culte des années 60 via des remakes cinématographiques mêlant l’ineptie à une incompréhension totale de l’état d’esprit de l’œuvre originale (Chapeau melon et bottes de cuir, Wild Wild West), la France crut bon de s’engouffrer à son tour dans cette brèche douteuse. D’où ce long-métrage tape à l’œil, concocté par un Jean-Paul Salomé apparemment mal à l’aise dans le registre fantastique. Le scénario reprend vaguement les éléments du Belphégor original, qui fit les belles heures du petit écran français à partir du 6 mars 1965, et nous raconte la possession progressive de la belle Lisa (Sophie Marceau) par l’esprit d’une momie exposée au musée du Louvre. Tandis que l’inspecteur Verlac (Michel Serrault) fait une entorse à sa retraite pour enquêter sur le vol d’artefacts égyptiens au sein du musée, l’égyptologue Glenda Spencer (Julie Christie) affirme que la momie abrite l’esprit maléfique de Belphégor…
Là où le feuilleton en noir et blanc de Claude Barma laissait planer le mystère et le doute, dans une atmosphère insolite à la « Fantomas », cette adaptation cherche plutôt son inspiration chez La Momie de Stephen Sommers. Voilà qui explique la présence de ce spectre en bandelettes 100% numérique qui vient hanter les protagonistes en ricanant. Il faut croire que les infographistes de Duboi ont passé beaucoup de temps sur ce monstre en images de synthèse et que les producteurs ont tenu à le rentabiliser, car il apparaît pratiquement toutes les cinq minutes, comme pour redynamiser le rythme déficient du film. Mais étant donné que le fantôme en question n’est vu par aucun personnage et qu’il ne joue aucun rôle physique dans le déroulement des événements, il s’agit clairement d’un cache-misère qui pourrait être ôté du film sans modifier d’un millimètre son intrigue. Une intrigue poussive et maladroite, truffée d’incohérences et de rebondissements pas crédibles pour un sou. Comble de tout : Jean-Paul Salomé ne parvient jamais à rendre photogénique le musée du Louvre (il faut le faire quand même !) et ne dirige pas vraiment ses acteurs, notamment Michel Serrault en totale roue libre et Sophie Marceau qui nous joue un remake risible de L’Exorciste.
L’ennui au musée
Quelques années après la sortie du film, le réalisateur reconnaissait humblement son échec et son incapacité à gérer correctement les mécanismes d’épouvante inhérents au mythe initial. « Belphégor s’adressait à un large public car c’était un film populaire français au budget important », nous expliquait-il. « Je ne pouvais tendre ni vers l’horreur codifiée de Wes Craven, ni vers la recherche expérimentale de David Lynch. D’autre part, les producteurs souhaitaient conserver un aspect comédie, notamment à travers les personnages de Michel Serrault et Frédéric Diefenthal. J’ai donc eu beaucoup de mal à trouver le juste équilibre. » (1) Ce Belphégor version 2001 loupe ainsi le coche et ne marquera guère les mémoires. Reste la très belle partition arabisante de Bruno Coulais. « Pour Belphégor, j’ai pu travailler avec des musiciens traditionnels égyptiens et avec des chanteuses orientales », nous raconte le compositeur. « J’adore le fantastique et le merveilleux. Dès qu’il y a une étrangeté, je m’y engouffre avec bonheur. » (2) Un tout petit bonheur au milieu d’un si médiocre film, mais il faut bien s’en contenter.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2004
(2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2001
© Gilles Penso
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