Pamela Anderson joue une mercenaire dure à cuire à la gâchette facile dans cette adaptation ratée d’une bande-dessinée de SF…
BARB WIRE
1996 – USA
Réalisé par David Hogan
Avec Pamela Anderson, Temuera Morrison, Victoria Rowell, Jack Noseworthy, Xander Berkeley, Udo Kier, Steve Railsback, Mary Anna Reyes, Andre Rosey Brown
THEMA FUTUR
Créé par Chris Warner et l’équipe de Comics Greatest Worlds (un label de Dark Horse Comics), le personnage de Barb Wire fait sa première apparition sur papier en 1993 puis a droit à sa propre série le temps de neuf numéros publiés entre 1994 et 1995. Cette héroïne experte en combats et en armes en tous genres vit des aventures mouvementées dans un monde alternatif où les super-pouvoirs, les technologies science-fictionnelles et les entités extra-terrestres sont monnaie courante. Les scénaristes Ilene Chaiken (Le Prince de Bel-Air) et Chuck Pfarrer (Darkman, Chasse à l’homme) s’emparent de ce matériau prometteur pour l’adapter à l’écran. Revu de fond en comble, l’univers des aventures de Barb Wire est désormais futuriste, les éléments surnaturels ou trop fantastiques ayant été quant à eux largement revus à la baisse. Bizarrement, le scénario présente en filigrane de très nombreuses similitudes avec celui du Casablanca de Michael Curtiz (avec Pamela Anderson à la place d’Humphrey Bogart !). Réalisateur d’une tonne de clips musicaux pour des artistes aussi divers que Toto, Survivor, Diana Ross, Prince, Rod Stewart, Kylie Minogue, Earth Wind & Fire ou Sheryl Crow, David Hogan se voit confier la mise en scène de Barb Wire. Ce sera son premier long-métrage.
Nous sommes en 2017, soit environ dix ans dans le futur. Encore auréolée du succès de la série Alerte à Malibu qui l’a muée en icône sexy s’exhibant en maillot de bain sur les petits écrans du monde entier, Pamela Anderson incarne Barbara Kopetski, alias Barb Wire, mercenaire et chasseuse de prime qui vend ses services aux plus offrants. Lorsqu’elle ne joue pas de la gâchette, elle dirige le Hammerhead, une boîte de nuit de Steel Harbor, la dernière ville encore libre dans ces Etats-Unis futuristes ravagés par la seconde guerre civile de son histoire. Or un beau jour débarque Axel (Temuera Morrison), un « combattant de la liberté » dont Barb fut jadis amoureuse et qui vient réclamer son aide. Il s’est en effet fixé pour mission d’aider la résistante Cora (Victoria Rowell) à rejoindre le Canada. Cette dernière semble la seule capable de contrecarrer les plans diaboliques du gouvernement qui entend bien utiliser une redoutable arme bactériologique pour mettre fin à la guerre…
Barb nous barbe
Fort du budget de 9 millions de dollars mis à sa disposition, David Hogan multiplie à loisir les fusillades, les cascades et les explosions pour en mettre plein la vue au public. Mais cette cosmétique de film d’action nerveux et violent (qui lorgne vers son climax du côté de Mad Max) reste très superficielle. Sans charme, sans style, sans véritable dynamique, Barb Wire souffre en outre de son incapacité à intéresser les spectateurs à son intrigue nébuleuse, entravée par des enjeux dramatiques mous et une héroïne finalement très peu sympathique. A trop vouloir jouer les dures à cuire, Pamela Anderson nous indiffère. Lucide, le réalisateur mise plus sur la profondeur du décolleté de l’actrice que sur la finesse de son interprétation. En désespoir de cause, la star aguiche comme elle peut les spectateurs en enfilant toutes les tenues sexy qui passent à sa portée, jouant tour à tour les strip-teaseuses dégoulinantes, les prostituées en corset ou les baigneuses en monokini mousseux. C’est sympathique mais bien peu mémorable. Pour assumer ses emprunts au film noir, le film sollicite la voix off de la comédienne qui vient inutilement paraphraser ce qui se passe à l’écran, tandis qu’Udo Kier et Temuera Morrison gâchent leur charisme en jouant les faire-valoir d’arrière-plan. Certains mauvais films prennent de la patine avec l’âge. Celui-ci, hélas, n’a pris que de la poussière. L’échec cuisant du film au box-office a d’ailleurs provoqué l’arrêt de la publication du comics original. Et si Barb Wire a finalement atteint cette petite notoriété « culte » à laquelle il tenait tant, c’est surtout au regard de sa spectaculaire médiocrité.
© Gilles Penso
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