LA MAISON ENSORCELÉE (1968)

Dans cette adaptation psychédélique d’une nouvelle de Lovecraft, Barbara Steele partage l’affiche avec Christopher Lee et Boris Karloff…

CURSE OF THE CRIMSON ALTAR

 

1968 – GB

 

Réalisé par Vernon Sewell

 

Avec Chistopher Lee, Barbara Steele, Boris Karloff, Mark Eden, Virginia Wetherell, Michael Gough

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Comme le firent jadis maints films fantastico-gothiques principalement italiens depuis le tout début des années 60, La Maison ensorcelée profite de la beauté altière de la comédienne britannique Barbara Steele, mais de manière beaucoup plus furtive que les œuvres précédentes. Car si le personnage qu’elle incarne hante la totalité du métrage de sa troublante présence, son temps effectif à l’écran demeure très limité. Officiellement adapté de la nouvelle « La Maison de la sorcière » de H.P. Lovecraft, le film démarre par une cérémonie sataniste qui ne recule devant aucun excès, témoignage d’une libération soudaine des mœurs en ces années soixante déclinantes. Un bourreau en tenue fétichiste (nu avec un cache-sexe en cuir, des chaînes sur le corps et des cornes de cerf en guise de couvre-chef) fouette une jeune femme dénudée devant des maîtres de cérémonie encapuchonnés aux côtés d’une chèvre, d’un juge et d’une maîtresse sadomasochiste armée d’un martinet en cuir.

Grande prêtresse des lieux, Barbara Steele arbore la tenue la plus extravagante de sa carrière, conçue par le chef costumier Michael Southgate : une coiffe faite de cornes de bélier hérissées de longues plumes de paon, une robe multicolore garnie de bijoux fantaisie, un maquillage excessif et un grand rubis sur le front. « Je suis Lavigna, mère de tous les mystères, gardienne de la malédiction sacrée » déclame-t-elle solennellement. Cette cérémonie s’achève par l’intervention de Peter Manning (Denys Peek) qui signe un contrat puis tue la jeune femme avec un couteau, avant que Lavigna ne conclue : « le pacte est scellé. » L’intrigue s’intéresse alors à Robert Manning (Mark Eden), frère de Peter, qui enquête sur la disparition de ce dernier et se retrouve dans le village de Greymarshe, où l’on chassait jadis les sorcières. Là, dans la grande maison de Craxted Lodge, une fête où règnent l’alcool, la drogue et le sexe est organisée par la belle Eve (Virginia Wetherell), sous l’œil bienveillant de son oncle, campé par un Christopher Lee dont le caractère strict contraste avec cette folie ambiante.

« La mère de tous les mystères »

Un vieux professeur bourru expert en sciences occultes, incarné par Boris Karloff, intervient bientôt pour affirmer : « l’influence de Lavigna ne cesse de s’accroître à travers les siècles ». Barbara Steele réapparaît ainsi régulièrement – mais brièvement – au sein d’images oniriques et psychédéliques récurrentes où l’on égorge des poules, où un juge préside un étrange procès et où les jurés portent des masques d’animaux. L’intrigue nous apprend que Lavigna a bel et bien existé, qu’elle est l’ancêtre des habitants de Craxted Lodge et qu’elle fut condamnée en 1654 par un juge dont descendent les frères Manning. Une lutte ancestrale s’apprête donc à se rejouer trois siècles plus tard, au sein de ce film d’horreur confus mais très récréatif. On note un morceau de dialogue échangé par le couple de héros. « On se croirait dans un film d’épouvante », dit l’un. « Il ne manquerait plus qu’apparaisse Boris Karloff » répond l’autre. Cette belle démonstration de second degré demeure hélas isolée dans ce film finalement très anecdotique.

 

© Gilles Penso


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