Un robot guerrier conçu pour la Défense américaine est frappé par la foudre et adopte soudain un comportement très humain…
SHORT CIRCUIT
1986 – USA
Réalisé par John Badham
Avec Steve Guttenberg, Ally Sheedy, Fisher Stevens, Austin Pendleton, G.W. Bailey, Brian McNamara, Marvin J. McIntyre, John Garber, Penny Santon
THEMA ROBOTS
Cinéaste pour le moins éclectique, John Badham nous a offert des œuvres aussi variées que La Fièvre du samedi soir, Dracula, Tonnerre de feu ou Wargames. Un jour, les producteurs David Foster et Larry Turman lui proposent Short Circuit, un scénario co-écrit par S.S. Wilson et Brent Maddock, futurs créateurs de la saga Tremors. « Ce script était extrêmement spécial », se rappelle le réalisateur. « Le personnage principal était un robot qui se croyait vivant. C’était tellement charmant, doux et drôle que je devais faire ce film. J’ai décroché mon téléphone et j’ai dit : “Ce sera un énorme succès. Il n’y aura ni Eddie Murphy, ni Richard Dreyfuss, ni Tom Cruise dans le film. Il n’y aura que ce robot.” » (1) Le personnage principal de Short Circuit est donc un robot soldat baptisé « Numéro 5 » que la compagnie Nova Robotics est fière de présenter aux membres du gouvernement. Extrêmement sophistiqué, il représente un atout de poids auprès du Ministère de la Défense. Mais tout se gâte lorsque le robot reçoit une forte décharge électrique provoquée par la foudre. Dès lors, à l’instar de l’ordinateur d’Electric Dreams, il s’humanise peu à peu et oublie toutes ses velléités guerrières. Mais ses constructeurs ne l’entendent pas de cette oreille et se lancent dans une traque impitoyable pour le ramener au bercail et le reprogrammer.
Un tel scénario nécessite évidemment des effets spéciaux performants. Au départ, les auteurs Wilson et Maddock envisagent la stop-motion pour les actions les plus complexes, mais John Badham préfère s’appuyer exclusivement sur des effets spéciaux pratiques réalisés en direct pendant le tournage. Conçu par Syd Mead (le designer de Blade Runner), le sympathique « Numéro 5 » prend vie grâce au spécialiste des effets mécaniques Eric Allard. « Huit ou dix personnes le dirigeaient », raconte Badham. « Si vous aviez regardé derrière le robot, vous auriez vu toutes sortes de fils qui en sortaient, les hommes des effets spéciaux avec des radiocommandes, trois ou parfois quatre marionnettistes qui actionnaient ses yeux, sa bouche et ses bras. Il y avait en fait une vingtaine de versions de ce robot, selon les actions nécessitées. » (2) Techniquement, Short Circuit est une réussite indiscutable. Narrativement, c’est une autre histoire. Le film ne cherche en effet à contourner aucun cliché, taillant tranquillement la route balisée d’un comique de situation confortable. Et pour s’assurer l’adhésion du public, le casting est dominé par deux visages éminemment sympathiques : Ally Sheedy (Wargames, Breakfast Club) et Steve Guttenberg (Police Academy, Cocoon). Chacun d’entre eux reste bien sagement circonscrit dans le registre qu’on attend de lui : la jeune femme excentrique et marginale d’un côté, le type attachant, charmeur et un peu ahuri de l’autre.
« Numéro 5 est vivant ! »
Le côté « recette de cuisine » de Short Circuit le prive d’une grande partie de son charme et de sa spontanéité. Ce ne sont pourtant pas les bonnes idées qui manquent. La première rencontre entre Stephanie (Sheedy) et N°5 est plutôt finement jouée par exemple, dans la mesure où elle croit avoir affaire à un extra-terrestre et entreprend donc de lui faire découvrir son monde en accéléré, dans une séquence qui semble tout droit échappée de E.T. Le classique de Spielberg est d’ailleurs une référence manifeste puisque le scénario de Short Circuit reprend plusieurs de ses ressorts et de ses rebondissements. Le travail sur la bande originale n’est pas non plus dénué d’intérêt. 100% électronique en début de film, la musique de David Shire intègre progressivement des instruments classiques au fur et à mesure que se développent les émotions du robot, jusqu’à la fameuse phrase « Numéro 5 est vivant ! » soulignée par une ample montée de violons. Mais une fois de plus, la subtilité n’est pas au rendez-vous et les ficelles restes grosses (comme cette autocitation balourde le temps d’une scène où le robot apprend à danser en regardant La Fièvre du samedi soir à la télé). Pourtant John Badham eut du flair. Car Short Circuit fut un immense succès au box-office et entraîna deux ans plus tard une suite réalisée par Kenneth Johnson : Appelez-moi Johnny 5.
(1) et (2) Propos issus du livre « The Directors » de Robert J. Emery (2002)
© Gilles Penso
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