SHAZAM ! (2019)

DC met sous le feu des projecteurs un super-héros des années 40 en optant pour une tonalité comique inspirée par Big

SHAZAM !

 

2019 – USA

 

Réalisé par David F. Sandberg

 

Avec Zachary Levi, Asher Angel, Mark Strong, Jack Dylan Grazer, Djimon Hounsou, Faithe Herman, Meagan Good, Grace Fulton, Michelle Borth, Ian Chen

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA DC COMICS

C’est au début des années 2000 que la compagnie New Line envisage pour la première fois de porter à l’écran les aventures de Shazam, un super-justicier créé en 1940 par C.C. Beck et Bill Parker (son premier nom étant Captain Marvel, sans lien bien sûr avec le personnage homonyme de chez Stan Lee). Mais à l’époque, les super-héros ont encore du mal à se frayer un chemin sur le grand écran et le projet reste au point mort. Après le succès des X-Men, Spider-Man, Iron Man et consorts, Shazam ! redevient d’actualité. En 2009, Peter Segal (La Famille Foldingue) est envisagé pour le réaliser et Dwayne Johnson (The Rock pour les intimes) pour y jouer l’adversaire du héros, autrement dit Black Adam. Les choses semblent bien engagées mais n’avancent pourtant pas beaucoup plus. Il faudra attendre 2017 pour que Shazam ! entre enfin en développement. L’équipe à la tête du film n’est plus la même. C’est finalement David F. Sandberg (Dans le noir, Annabelle 2) qui en signe la mise en scène et Zachary Levi (vu dans Alvin et les Chipmunks 2 et Thor Ragnarok) qui tient le rôle principal. Quant au Black Adam avec Dwayne Johnson, il se concrétisera en 2022 face à la caméra de Jaume Collet-Serra.

Toujours à la traîne de Marvel (comme en atteste l’accueil mitigé de Man of Steel, Batman V. Superman, Suicide Squad, Wonder Woman, Justice League et Aquaman), le studio DC tente cette fois ci de jouer la carte de l’humour adolescent. Le scénario un peu fourre-tout convoque la mythologie grecque (la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, la rapidité de Mercure, etc.), la Bible (les sept péchés capitaux) et une sorcellerie de bazar. On a beaucoup de mal à croire à ce magicien (Djimon Hounsou) qui vit dans un décor de théâtre depuis des siècles et cherche l’âme pure capable de devenir le nouveau sauveur de l’humanité. Sa première tentative échoue avec un gamin en 1974, qui deviendra le grand méchant de l’histoire (le docteur Thaddeus Sivana, incarné à l’âge adulte par Mark Strong). Mais il réussit son coup avec Billy Batson (Asher Angel), un enfant sans parents, qui fugue sans cesse d’une famille d’accueil à l’autre et se joue de la police. Ce petit voyou sympathique n’est pas plus crédible que la famille idéale multi-ethnique et politiquement très correcte qui finit par l’accueillir. Le film part donc sur des bases très fragiles.

Ça ne vole pas très haut

L’intrigue se met enfin en place lorsque Billy se retrouve soudain dans un corps de super-héros adulte (Zachary Levi) et teste ses nouveaux pouvoirs. C’est un peu plus trivial et du coup un peu plus drôle. Mais le film ne vole quand même pas très haut et reste très anecdotique. Le principe même du film évoque beaucoup Big, ce dont David F. Sandberg semble pleinement conscient puisqu’il glisse un clin d’œil direct au film de Penny Marshall, lorsque le héros et son adversaire marchent sur les touches d’un clavier géant dans un magasin de jouets. Mais Zachary Levi n’est pas Tom Hanks, et malgré la sympathie que l’acteur dégage, son registre reste très limité. Il faut dire que le scénario ne lui permet pas de sortir de la caricature. D’autant qu’une incohérence comportementale entrave sérieusement le récit. Enfant, Billy est un être taciturne et peu souriant. Pourquoi donc devient-il hystérique et exagérément jovial lorsqu’il entre dans le corps d’un adulte ? Ne serait-il pas logique qu’il conserve le même caractère tout au long du film ? A l’avenant, les effets visuels s’avèrent grossiers et excessifs, malgré le design réussi des créatures monstrueuses symbolisant les péchés capitaux. Il y a bien quelques scènes d’action qui se détachent du lot, comme le sauvetage du bus, mais c’est bien sûr insuffisant pour sauver le film. La fin très ouverte promet une suite, que le succès de Shazam ! en salles permettra de concrétiser en 2023.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article