Une expédition scientifique se rend au fin fond de la jungle amazonienne où l’attend de pied ferme une tribu de redoutables sauvageonnes…
LOVE-SLAVES OF THE AMAZONS
1957 – USA
Réalisé par Curt Siodmak
Avec Don Taylor, Gianna Segale, Eduardo Ciannelli, Harvey Chalk, Wilson Viana, Eugenio Carlos, Tom Payne, Gilda Nery
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE
Depuis les années 20, le très prolifique Curt Siodmak était sur tous les fronts en matière de cinéma fantastique, tour à tour figurant (dans le Metropolis de Fritz Lang), scénariste (Le Retour de l’homme invisible, Le Loup-garou, Vaudou, La Maison de Frankenstein, Les Soucoupes volantes attaquent), réalisateur (Curucu, La Fiancée du gorille) et même auteur de chansons (pour Frankenstein rencontre le loup-garou). En 1957, il écrivit, réalisa et produisit cet Esclave des Amazones jouant à fond la carte du dépaysement et tourné en grande partie au Brésil, avec un casting partiellement recruté sur place. Le docteur Peter Masters (Don Taylor) se laisse convaincre par son confrère Crespi (Eduardo Ciannelli), un individu étrange, qu’il existe au cœur de la forêt inexplorée d’Amazonie une tribu de femmes sauvages vivant dans un site couvert de diamants et d’émeraudes. Pour prouver ses dires, Crespi lui montre une statuette qu’il a ramenée d’une précédente expédition. Masters monte alors une nouvelle expédition et emprunte le fleuve de l’Amazone. Après un trajet semé d’embûches, seul Masters réussit à atteindre la jungle. Il y est capturé par les Amazones. Parmi elles se trouve Gina Vanni (Gianna Segale), une scientifique arrivée avec l’expédition précédente…
Comment ne pas être alléché par un film nous promettant le spectacle d’une peuplade de sauvageonnes en peaux de bêtes vivant secrètement dans un recoin inconnu de l’Amazonie, au milieu d’un palais pavé de pierres précieuses ? Le film met une bonne demi-heure à nous annoncer ces fameuses Amazones, et même si la mise en scène et les dialogues s’avèrent poussifs, tous les espoirs restent permis. La scène d’abordage du bateau des héros, au cours de laquelle tous les combattants finissent dans la boue, reste le passage mémorable de cette première partie. Mais dès que la fameuse tribu féminine paraît enfin, le spectateur déchante brusquement. Car il faut bien avouer que le film nous propose une vision bien peu séduisante de ces Amazones qui ont pourtant bercé tant de fantasmes depuis l’Antiquité gréco-romaine.
Sauvés par une île flottante !
Disgracieuses, bien en chair, affublées de tuniques en forme de tapis, permanentées et outrageusement maquillées, passant le plus clair de leur temps à rire béatement en gambadant : voilà hélas les Amazones vues par Curt Siodmak ! Le tout dans un décor que le plus kitsch des péplums n’aurait pas osé utiliser. C’était à craindre : l’attrayante affiche originale, œuvre d’un artiste de renom (Reynold Brown) n’ayant probablement pas vu le film, était trop aguicheuse pour être honnête. Les amateurs de second degré et d’humour involontaire atteindront le comble du bonheur au cours de la danse des Amazones, dans laquelle la chorégraphie et les tenues se disputent la palme du ridicule. La gent masculine n’est pas au mieux de sa forme non plus, représentée par un Don Taylor un peu niais dont les béatitudes sont censées amuser les spectateurs. Ce héros bien peu crédible finira par s’enfuir sur le fleuve avec Gina, Amazone malgré elle, grâce à la présence d’une providentielle île flottante – pas le dessert, non, mais un morceau de terre qui flotte miraculeusement sur les eaux…
© Gilles Penso
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