Panique à bord : Scott Lang et sa famille se retrouvent accidentellement propulsés dans le « royaume quantique »…
ANT-MAN AND THE WASP: QUANTUMANIA
2023 – USA
Réalisé par Peyton Reed
Avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michelle Pfeiffer, Michael Douglas, Jonathan Majors, Kathryn Newton, David Dastmalchian, Katy O’Brian, Bill Murray
THEMA SUPER-HÉROS I NAINS ET GÉANTS I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE
Avant même qu’Ant-Man et la Guêpe ne sorte sur les écrans en 2018, le réalisateur Peyton Reed laissait déjà entendre son envie de poursuivre les aventures de l’homme-fourmi et de sa compagne à l’occasion d’un troisième film explorant le « royaume quantique », à peine évoqué dans les deux longs-métrages précédents. De fait, même si Marvel aime varier les plaisirs en changeant régulièrement de réalisateur d’un film à l’autre, Reed rempile pour un troisième chapitre consacré à Ant-Man, son approche et sa mise en scène collant visiblement bien au jeu de Paul Rudd et de ceux qui partagent l’affiche à ses côtés. Pour autant, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania marque volontairement une rupture stylistique brutale. La mécanique du « film de casse » léger et urbain adoptée dans Ant-Man puis Ant-Man et la Guêpe s’évapore ici au profit d’une épopée de space-fantasy digne des récits pulp de science-fiction des années 30-40. Nous voilà bien plus proches du « Cycle de Mars » d’Edgar Rice Burroughs ou des comics strips « Flash Gordon » que de Mission impossible ou Bullit. Ce parti-pris permet de varier les plaisirs et d’offrir aux spectateurs un généreux lot de surprises.
Tout commence pourtant de manière très « terre-à-terre ». Scott Lang fait des clins d’œil à tous les passants dans la rue, très heureux de son statut de super-héros dont il a tiré un livre à succès. Gorgé d’autosatisfaction, il sourit béatement et échange quelques blagues bon enfant. Mais sa fille Cassie (Kathryn Newton) lui cause de petits soucis. Activiste politique, elle multiplie les séjours en prison. Comme si ça ne suffisait pas, elle s’adonne en douce, avec l’aide de son grand-père Hank (Michael Douglas), à des expériences scientifiques complexes et dangereuses. L’une d’entre elles est un appareil permettant de communiquer avec le « royaume quantique ». Or cette trouvaille est incontrôlable. Bientôt, un portail dimensionnel s’ouvre et emporte Scott et toute sa famille dans un univers parallèle inconnu. Les premières visions de cette jungle microscopique ne manquent ni de poésie, ni de beauté surréaliste. On se croirait dans un mélange contre-nature du Voyage fantastique et d’Au-delà de nos rêves. Là grouille une infinité d’entités minuscules qui, ramenés à une taille titanesque face à nos héros humains, se muent en monstres redoutables. Mais ce n’est qu’un avant-goût des mystères dont regorge le « royaume quantique ».
Intra-terrestres
Dans cet environnement bizarre où tout semble possible, la direction artistique se laisse volontiers inspirer par la saga Star Wars: aliens aux morphologies empruntées à diverses espèces animales, montures aux allures préhistorico-fantastiques, technologie rétro-futuriste, robots et vaisseaux… Nous avons même droit à l’incontournable remake de la scène de la Cantina de La Guerre des étoiles, le temps pour Bill Murray de faire une apparition amusante mais parfaitement inutile. Le monde subatomique décrit dans le film est donc empli de peuplades inconnues, de civilisations étranges, de créatures hybrides. Bref c’est un véritable univers « intra-terrestre » à part, où se dressent des cités cyclopéennes survolées par des engins militaires et cernées par des armées sans visages. Tout ce décorum fantasmagorique a quelque chose de franchement rafraîchissant. Ce qui n’empêche pas pour autant de grosses fautes de goût, comme le design parfaitement ridicule de Modok. Au monstre hideux, hydrocéphale et mutant conçu jadis par le génial dessinateur Jack Kirby, le film préfère une espèce de clown flottant caricatural à la tête gonflée comme un ballon de baudruche. Sous son armure grimaçante, cet antagoniste en apesanteur fait son petit effet. Mais dès qu’il retire son masque pour révéler une version numérique difforme du comédien Corey Stoll, quel embarras ! Sans compter ce problème récurrent d’un super-vilain quasiment invincible, dont la puissance dépasse l’imaginable, et qui finit pourtant vaincu de manière bien triviale. Ant-Man et la Guêpe : Quantumania demeure extrêmement distrayant et permet à Michelle Pfeiffer de voler la vedette du reste du casting pour tenir le rôle central du film, ce qui n’est évidemment pas pour nous déplaire.
© Gilles Penso
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