Michael Caine entre dans la peau du docteur Jekyll aux côtés de l’ex-Drôle de dame Cheryl Ladd dans cette version télévisée britannique…
JEKYLL & HYDE
1990 – GB
Réalisé par David Wickes
Avec Michael Caine, Cheryl Ladd, Joss Ackland, Ronald Pickup, Diane Keen, Kim Thomson, Kevin McNally, David Schofield, Lee Montague, Miriam Karlin
THEMA JEKYLL ET HYDE
Le long téléfilm Jack l’éventreur réalisé par David Wickes pour Thames Television, avec Michael Caine en tête d’affiche, fit son petit effet lors de sa diffusion en 1988 un peu partout dans le monde. Face à ce succès public et critique, les deux hommes décident de se réunir pour un autre récit victorien, en l’occurrence une adaptation de « L’Étrange cas du docteur Jekyll et de Monsieur Hyde » de Robert Louis Stevenson. Ce sera un nouveau téléfilm (deux fois moins long que le précédent, 90 minutes au lieu des trois heures de Jack l’éventreur), cette fois-ci destiné à ITV. Pour se distinguer des innombrables œuvres déjà consacrées à ce bon docteur Jekyll, le scénario que Wickes écrit lui-même s’attarde sur le scandale social en inventant pour l’occasion de nouveaux personnages. Nous sommes dans l’Angleterre de 1884 et Jeffrey Utterson (Ronald Pickup), exécuteur testamentaire d’Henry Jekyll, s’apprête à disperser ses biens quand il retrouve Sara Crawford (Cheryl Ladd, ancienne espionne de charme chez les Drôles de dames). Disparue depuis cinq ans, Sara est légataire universelle du docteur, dont elle a eu un fils, mais ne veut rien recevoir. Pour éclaircir le mystère qui pèse sur la mort d’Henry, Sara accepte de raconter son étrange histoire, à l’occasion d’un long flash-back qui constitue le corps principal du film.
Dans cette version de l’histoire, Jekyll est veuf, ayant perdu sa femme d’une pneumonie. Il s’éprend alors de Sara, sa belle-sœur, une femme déjà mariée mais qui ne ressent plus aucun amour pour son époux parti à Singapour. Au départ, la relation est purement platonique et le père de Sara, le docteur Lanyon (Joss Ackland), regarde Jekyll d’un mauvais œil, le tenant pour responsable de la mort de sa première fille. On le voit, plusieurs intrigues non imaginées par Stevenson viennent s’immiscer dans le récit pour compliquer la vie de notre savant obnubilé par ailleurs par ses expériences. Car Jekyll, on le sait, étudie la limite insaisissable qui sépare le bien du mal. En testant sur lui-même sa précieuse formule, Henry se transforme en monstrueux Edward Hyde, une brute sans foi ni loi qui commence à entacher la ville de ses crimes sanglants…
Idylles compliquées et mutations difformes
À l’instar d’autres téléfilms remaniant les mythes fantastiques classiques, comme le Dracula de Dan Curtis ou le Frankenstein de Jack Smight pour n’en citer qu’une poignée, cette version prend donc plusieurs libertés avec les évènements décrits dans l’œuvre originale, ajoutant même des parents que nous ne connaissions pas (le père de Jekyll étant incarné par le vétéran Lionel Jeffries) et un journaliste avide de scandale (David Schofield). Malgré ses nombreuses infidélités, Jekyll & Hyde s’attache à retranscrire avec le plus de fidélité et de rigueur possibles l’ambiance et l’essence de la prose de Stevenson, ainsi que le cadre historique du récit. Michael Caine possède tout le charisme nécessaire au rôle de Jekyll et sa transformation en Hyde, à grand renfort de prothèses gonflables, est servie par des effets spéciaux de maquillages spectaculaires, œuvre conjointe de Stuart Conran (Hellraiser) et Mark Jones (Cabal). En revanche, Hyde, au stade final de sa métamorphose, est bien trop monstrueux – sorte d’Elephant Man chauve et boursouflé – pour être plausible. Ce téléfilm à l’approche pourtant réaliste pèche bizarrement par excès dans ces moments-là. Quant au dénouement, il offre aux téléspectateurs une surprise propre à susciter le malaise. Même si ce Jekyll & Hyde remporte beaucoup moins de suffrage que Jack l’éventreur, Caine sera nommé aux Golden Globes et aux Primetime Emmys pour sa performance.
© Gilles Penso
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