Après Christian Clavier et Clovis Cornillac, Edouard Baer porte le casque et la moustache du plus célèbre des Gaulois pour sa quatrième aventure « live »…
ASTÉRIX ET OBÉLIX AU SERVICE DE SA MAJESTÉ
2012 – FRANCE
Réalisé par Laurent Tirard
Avec Edouard Baer, Gérard Depardieu, Guillaume Gallienne, Vincent Lacoste, Valérie Lemercier, Fabrice Lucchini, Catherine Deneuve, Charlotte Le Bon
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA ASTÉRIX ET OBÉLIX
Dans la foulée d’Astérix aux Jeux Olympiques, le producteur Thomas Langmann envisage de porter à l’écran pour sa société La Petite Reine une nouvelle aventure du célèbre Gaulois créé par Goscinny et Uderzo et porte son choix sur l’album « Le Tour de Gaule d’Astérix ». Éric Toledano et Olivier Nakache sont pressentis pour le scénario et Christophe Barratier pour la réalisation. Parallèlement, la compagnie concurrente Fidélité Productions lance son propre projet d’adaptation de l’album « Astérix chez les Bretons » et emporte le morceau. Si Gérard Depardieu reste fidèle au poste sous les nattes d’Obélix, il faut trouver un nouvel Astérix. Clovis Cornillac étant lié par contrat à Langmann, on cherche tous azimuts. Franck Dubosc et Lorant Deutsch sont les deux finalistes, mais c’est finalement Edouard Baer qui est sélectionné. Tout le monde se souvient de sa prestation savoureuse du scribe Otis dans Astérix et Obélix Mission Cléopâtre (et de son fameux monologue improvisé). Le voilà désormais sous le feu des projecteurs dans le rôle principal. La réalisation de cet Astérix et Obélix au service de Sa Majesté est confiée à Laurent Tirard, qui avait déjà su adapter avec succès une autre célèbre bande dessinée de René Goscinny, en l’occurrence « Le Petit Nicolas ». Tout est donc en place pour la quatrième version « live » des aventures d’Astérix.
Le générique de début, mis en musique par Klaus Badelt, induit d’emblée une approche pop, véhiculant une imagerie d’Épinal de l’Angleterre héritée de James Bond et des swinging sixties. Le titre lui-même cligne d’ailleurs de l’œil vers Au service secret de Sa Majesté. César ayant décidé de lancer une grande offensive contre la Bretagne, la reine Cordelia n’a pas d’autre solution que de quérir – à contrecœur bien sûr – l’aide des Gaulois qui résistent face à l’armée romaine grâce à leur arme secrète, la fameuse potion magique. Astérix et Obélix acceptent de prêter main-forte à leurs voisins, embarquant avec eux le jeune neveu bon à rien de leur chef Abraracourcix pour faire de lui un homme. Sur place, le choc culturel entre les Bretons et les Gaulois ne facilite guère le bon fonctionnement de la mission. Pour compliquer les choses, des guerriers Vikings qui souhaitent percer le secret de la peur débarquent à leur tour chez les Bretons…
Gaule Save the Queen
Égal à lui-même, l’indéboulonnable Depardieu campe toujours le même Obélix idiot, attachant et parfaitement en phase avec son modèle dessiné. Edouard Baer, de son côté, se réapproprie le personnage d’Astérix pour mieux le conformer à sa personnalité. Le Gaulois s’exprime donc avec élégance, opte pour les phrases à rallonge et les accumulations d’épithètes, a le sourire en coin et l’humour pince sans rire. S’il s’éloigne donc de l’approche « Splendid » de Christian Clavier, ses maladroites tentatives pour draguer tout ce qui bouge évoquent irrésistiblement le Jean-Claude Dus des Bronzés. Côté Bretagne, Catherine Deneuve incarne une reine exagérément flegmatique, Guillaume Gallienne un conseiller pédant en kilt et Valérie Lemercier une tutrice rigide et austère (tous prononçant leurs dialogues en français avec un faux accent anglais). Quant au rôle de César, il échoit cette fois à Fabrice Lucchini, qui en offre une variante délectable et volubile. Ce casting de premier ordre sait nous arracher quelques sourires, même si le scénario ne brille pas par sa finesse ou son originalité, intégrant artificiellement des éléments de l’album « Astérix chez les Normands » pour tenter de le dynamiser. Astérix au service de Sa Majesté est donc un opus en demi-mesure, certes beaucoup plus réussi que le précédent (qui se perdait lourdement dans ses propres boursouflures), mais pas foncièrement mémorable. Le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat reste donc le mètre-étalon en la matière.
© Gilles Penso
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