Du gore, de l’humour, de l’érotisme et un monstre affamé parfaitement improbable sont au menu de cette série Z potache…
PERVERT !
2006 – USA
Réalisé par Jonathan Yudis
Avec Mary Carey, Sean andrews, Darrell Sandeen, Juliette Clarke, Sally Jean, Jonathan Yudis, Tula, Candice Hussain, Malik Carter
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
L’ombre de Russ Meyer et de Herschell Gordon Lewis plane sur Pervert !, un délire comico-érotico-gore qui échappe à toutes les étiquettes et dont le poster clame en guise de slogan : « Sexe ! Gore ! Liberté ! ». Jusqu’alors spécialisé dans le documentaire pour le petit écran, le réalisateur Jonathan Yudis concrétise ici ses envies de fiction cinématographique et mixe toutes ses influences filmiques par le biais d’un scénario démentiel rédigé par son ami Mike Davis. James (Sean Andrews), un jeune homme un peu niais, traverse les Etats-Unis en voiture pour rejoindre son père Hezekiah (Darrell Sandeen, entr’aperçu dans L.A. Confidential), un fermier sexagénaire et obsédé sexuel qui vit en compagnie de prostituées aux poitrines outrageusement volumineuses (notamment la plantureuse Cheryl, incarnée par la star du porno Mary Carey qui fit beaucoup parler d’elle en se présentant au poste de gouverneur de la Californie en 2003 face à Arnold Schwarzenegger !).
Entre l’assouvissement de ses fantasmes lubriques et ses travaux à la ferme, le vieil Hezekiah trouve un peu de temps libre pour créer dans son atelier des « œuvres d’art » d’un genre un peu spécial, puisqu’il s’agit de sculptures de viande ! Lorsque les donzelles se mettent à passer de vie à trépas avec force giclures de sang, notre héros soupçonne immédiatement son géniteur, dont l’équilibre mental ne semble pas franchement stable. Mais la vérité est toute autre : le coupable de cette vague de crimes n’est autre que le propre sexe de James ! Soucieux de s’attirer les faveurs du beau sexe sans le moindre effort, le jeune homme avait en effet demandé à un sorcier vaudou d’ensorceler son pénis et de le rendre irrésistible. Mais les conséquences sont pour le moins fâcheuses, car le phallus de James, capable de se détacher et de se déplacer par ses propres moyens, perpètre désormais les meurtres les plus sanglants dans son entourage…
En-dessous de la ceinture
Digne de Troma, ce scénario hallucinant est avant tout le prétexte à un déferlement de séquences hystériques et hilarantes au cours desquelles Jonathan Yudis (qui joue lui-même le rôle d’un garagiste punk, néo-nazi et homosexuel !) se fait plaisir en déclarant son amour au cinéma d’exploitation des années 70. D’où une photographie 16 mm aux couleurs criardes, une bande son délicieusement seventies, des pin-up dénudées se déhanchant en split-screen en guise d’interludes sur fond de désert, et quelques allusions à l’univers du comic book au cours du prologue et de l’épilogue. Les effets gore, volontairement excessifs, prêtent bien plus au rire qu’au frisson, et le « monstre » du film est un pénis animé image par image qui s’avère capable de rire, pleurer ou mordre avec beaucoup d’expressivité ! Du coup, une autre référence cinéphilique vient à l’esprit : l’inénarrable Flesh Gordon de Michael Benveniste dans lequel les héros affrontaient un redoutable « pénisaurus » en animation. Tourné en deux semaines avec un budget ne dépassant pas les 50 000 dollars, Pervert ! eut les honneurs d’une sortie en salles aux Etats-Unis en février 2005, avant de connaître un véritable petit succès auprès des aficionados lors de son édition en DVD un an plus tard.
© Gilles Penso
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