MASSACRE MANSION (1976)

Fou de chagrin après que sa fille ait perdu la vue dans un accident de voiture, un médecin cherche des donateurs d’yeux non volontaires !

MANSION OF THE DOOMED

 

1976 – USA

 

Réalisé par Michael Pataki

 

Avec Richard Basehart, Gloria Grahame, Trish Stewart, Lance Henriksen, Al Ferrara, Jojo d’Amore, Donna Andresen, Marilyn Joi, Katherine Fitzpatrick

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I SAGA CHARLES BAND

En 1973, Charles Band, 22 ans, réalise et produit son premier long-métrage. Fils du cinéaste Albert Band, le jeune homme écoute les conseils de Frank Perilli, un ami de la famille, et se lance dans l’aventure cinématographique de Last Foxtrot in Burbank, une parodie du Dernier tango à Paris. Le film est un échec cuisant, passe totalement inaperçu et disparaît totalement de la circulation. Mais Band est opiniâtre et n’entend pas s’arrêter là. Son deuxième essai sera un film d’horreur, d’abord titré The Eyes of Dr. Chaney puis Mansion of the Doomed. Albert Band supervise la production, Frank Perilli écrit le scénario et Michael Pataki, qui jouait le rôle principal de Last Foxtrot in Paris, hérite de la réalisation. Quant à Charles Band, il assure le poste de producteur et découvre définitivement sa vocation. Cette modeste série B bénéficie d’une poignée d’acteurs solides, notamment Richard Basehart (Moby Dick), Gloria Grahame (La Vie est belle) et Lance Henriksen (le futur androïde Bishop d’Aliens). Massacre Mansion (tel qu’il fut titré en VHS en Angleterre et en DVD en France) est un film sous influence. Le personnage principal s’appelle Chaney (en hommage à l’acteur Lon Chaney bien sûr) et ses exactions s’inspirent de celles du docteur Genessier dans Les Yeux sans visage… Si ce n’est qu’ici, nous aurions plutôt affaire à des « visages sans yeux ».

La figure défaite du docteur Leonard Chaney (Richard Basehart) emplit d’abord l’écran, tandis que sa voix obsessionnelle soliloque lugubrement. D’horribles cauchemars le hantent, son visage est creusé et ses cheveux en bataille. Mais qu’est-il donc arrivé à ce prestigieux ophtalmologue de Los Angeles ? Un flash-back nous permet de comprendre l’origine du drame. En voulant éviter un chien qui traversait la route, Chaney fit une embardée qui envoya sa voiture dans le décor. Assise à ses côtés, sa fille Nancy (Trish Stewart), promise au jeune médecin Dan Bryan (Lance Henriksen), heurta le pare-brise et perdit la vue. Depuis, le bon docteur est inconsolable. Ses jours et ses nuits sont occupés à chercher une solution médicale pour rendre sa vue à Nancy. Pour un ophtalmologue de renom, l’ironie est cruelle. Alors qu’il croit avoir tout envisagé, il pense subitement à une transplantation d’yeux entiers. Après quelques expériences avec des animaux, il décide d’utiliser des cobayes humains. Mais pour que le résultat soit concluant, il faut que les sujets soient vivants…

Œil pour œil

Plutôt habitué aux rôles « respectables » (Ismael dans Moby Dick, Ivan dans Les Frères Karamazov, l’amiral Nelson dans Voyage au fond des mers), Richard Basehart se lâche sous la défroque de ce médecin dément perdant peu à peu tout sens moral, prêt à arracher les yeux de tous ceux qu’il croise – y compris ceux d’une gamine croisée dans un parc au cours d’une scène suscitant un fort malaise. Pour ses premiers pas dans la mise en scène, Michael Pataki s’en sort très bien, jouant habilement la carte de l’ellipse afin d’aller à l’essentiel (chaque fois que le docteur Chaney rencontre une victime potentielle, le montage la montre illico allongée sur la table d’opération) et ménageant quelques moments d’épouvante très dérangeants, notamment lorsqu’apparaissent les « cobayes » hurlants, gémissants, sombrant progressivement dans la folie, enfermés dans une cage et affichant des orbites désespérément vides. Pour donner corps aux nombreux maquillages spéciaux nécessités par le scénario (et notamment bon nombre d’énucléations), Charles Band fait appel à Stan Winston (alors crédité sous le nom de « Stanley Winston »). Le futur maestro des effets cosmétiques et animatroniques  de Terminator, Aliens, Predator et Jurassic Park est alors en début de carrière et fait déjà des miracles. Band montre là ses compétences de producteur habile, réunissant les talents adéquats, organisant la grande majorité du tournage dans un véritable manoir du quartier de Fremont Place loué pour l’occasion et concevant une campagne marketing efficace. On note que son frère Richard, futur compositeur attitré de ses productions, tient ici le poste d’assistant réalisateur.

 

© Gilles Penso


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