LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1983)

Jane Seymour illumine de sa présence cette version télévisée du célèbre mythe qui installe son intrigue dans l'opéra de Budapest…

PHANTOM OF THE OPERA

 

1983 – USA

 

Réalisé par Robert Markowitz

 

Avec Jane Seymour, Maximilian Schell, Michael York, Jeremy Kemp, Diana Quick, Philip Stone, Paul Brooke, Andras Miko

 

THEMA SUPER-VILAINS

Cette version télévisée du roman de Gaston Leroux joue la carte du classicisme sans pour autant s’astreindre à une fidélité totale au texte initial. Tourné en extérieurs à Budapest, le film déplace du coup l’intrigue en Hongrie. Dirigée par son époux Sandor (Maximilian Schell), la chanteuse Elena Korvin (Jane Seymour) répète le rôle de Marguerite pour une représentation du « Faust » de Charles Gounod. Mais sa voix défaille à plusieurs reprises. Le soir de la première dans le grand opéra de Budapest (tourné en réalité dans le théâtre József Katona de Kecskemét), la malheureuse est huée. L’accueil est glacial et les critiques désastreuses. Désespérée, Elena se jette dans le Danube et meurt. Fou de chagrin et décidé à se venger du journal qui est, selon lui, victime de sa mort, Sandor Korvin provoque un incendie et se retrouve gravement défiguré. Moribond, il est recueilli par un vagabond qui connaît les coulisses de l’Opéra comme sa poche. Désormais dissimulé sous un masque et un grand chapeau, il hante les sous-sols de l’Opéra en jouant de l’orgue, respectant ainsi la tradition inaugurée en 1925 par Lon Chaney.

Quatre ans plus tard, le jeune metteur en scène anglais Michael Hartnell (Michael York) se dispute avec la diva italienne qui doit jouer dans « Faust » (Diana Quick), sous le regard du Fantôme. Pour la remplacer, la candide Maria Gianelli fait un essai. Le Fantôme adore cette prestation, d’autant que la jeune femme lui rappelle fortement Elena (c’est d’ailleurs Jane Seymour qui joue les deux rôles). Avec son masque hideux aux allures de tête de mort, son grand chapeau noir et son long manteau, ce Fantôme s’avère franchement sinistre. Plus tard dans le film, il arbore un autre masque moins monstrueux mais pas moins inquiétant, une sorte de visage humain inexpressif dont l’immobilité s’avère troublante. Au cours du passage obligatoire où Maria lui arrache son masque, le maquillage de son visage défiguré, inspiré en partie par celui de Lon Chaney, manque hélas de réalisme (la texture plastique de la prothèse étant trop apparente). Fort heureusement, le réalisateur a l’intelligence de le plonger le plus souvent dans la pénombre.

Vengeance d’outre-tombe

Parmi les autres scènes marquantes du film, on se souvient du bal masqué où le Fantôme menace Maria, le baron attaqué dans une voiture par des corbeaux meurtriers (référence sanglante et inattendue aux Oiseaux d’Hitchcock) ou le surgissement d’un cadavre pendu par les pieds en pleine répétition. Au cours du suspense final, la musique originale du film (composée par Ralph Burns) et celle de Gounod s’entremêlent avec une certaine harmonie faite de dissonances intéressantes. L’épisode du lustre saboté est donc relocalisé en fin de métrage. On peut regretter que la révélation de l’identité et du passé du Fantôme dès le début du film lui enlèvent son aura de mystère pour ramener l’intrigue à une simple mécanique de vengeance, d’autant que la caractérisation des personnages secondaires est réduite à sa plus simple expression et que la mise en scène de Markowitz reste fonctionnelle et anonyme. Mais toutes ces scories s’évaporent face au charme ingénu et enivrant de Jane Seymour.

 

© Gilles Penso


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