Panique dans la ville : tous ceux qui sont habillés en Père Noël sont sauvagement assassinés les uns après les autres, au grand dam de Scotland Yard…
DON’T OPEN TILL CHRISTMAS
1984 – GB
Réalisé par Edmund Purdom
Avec Edmund Purdom, Alan Lake, Belinda Mayne, Gerry Sundquist, Mark Jones, Kelly Baker, Caroline Munro, Kevin Lloyd, Pat Astley, Wendy Danvers
THEMA TUEURS
Don’t open till Christmas est le seul film qu’Edmund Purdom ait réalisé, et ce ne fut pas une partie de plaisir. Connu pour ses rôles dans des films aussi variés que Le Château de l’horreur (le préfet), Horrible (le père), Le Sadique à la tronçonneuse (le doyen) ou 2019 après la chute de New York (le président de la confédération pan-américaine), cet acteur charismatique alors quasiment sexagénaire accepte de jouer le rôle principal de Don’t open till Christmas si on lui en confie la réalisation. Le tournage commence en 1982 et ressemble à un parcours du combattant. Incapable de s’entendre avec la production, Purdom finit par jeter l’éponge et c’est le scénariste du film, Derek Ford, qui est chargé de le remplacer. Mais au bout de deux jours, Ford est remercié et remplacé par le monteur Ray Selfie. Le script est alors en grande partie réécrit par Alan Birkinshaw. L’acteur vedette n’étant plus là, l’intrigue est revue de fond en comble. Or Purdom décide finalement de revenir pour terminer le tournage et reprendre son rôle. Les prises de vues se seront donc étalées sur deux années, et l’on comprend mieux pourquoi le film peine à conserver sa cohérence jusqu’au bout. Cela dit, quand on connaît les conditions chaotiques de sa création, le fait que Don’t open till Christmas possède un début, un milieu et une fin tient déjà presque du miracle.
C’est la nuit. Un homme en costume de Père Noël et une jeune femme se rejoignent dans une ruelle puis trouvent refuge sur la banquette d’une voiture pour se livrer à des ébats fébriles. Mais quelqu’un hors-champ les observe et respire fort comme Michael Myers dans Halloween, puis s’approche d’eux, accompagné d’une musique qui plagie le thème des Dents de la mer version synthétiseur des années 80. La caméra tourne autour de la voiture et les deux tourtereaux finissent poignardés. Cette introduction en plan-séquence, prometteuse, annonce la couleur. D’autres hommes déguisés en Santa Claus sont violemment assassinés au cours des journées suivantes, frappés par un tueur psychopathe qui cache son visage derrière un masque en plastique souriant et qui aime varier les plaisirs dans ses mises à mort, pourvu qu’elles soient inventives et spectaculaires. À New Scotland Yard, l’inspecteur principal Ian Harris (Edmund Purdom) et le sergent-détective Powell (Mark Jones) mènent l’enquête, notamment auprès de Kate (Belinda Mayne), dont le père fut l’une des victimes de l’assassin…
« Ne pas ouvrir avant Noël »
Le concept est assez amusant, dans la mesure où le film prend le contrepied des slashers habituels situés pendant la période des fêtes de fin d’année. Contrairement à Christmas Evil ou Douce nuit sanglante nuit, par exemple, le Père Noël n’est donc pas le meurtrier mais la victime. Tous ceux qui ont le malheur de revêtir la panoplie rouge et la barbe blanche (fêtards, vendeurs, poivrots) sont donc des cadavres potentiels. Brutaux, parfois même un peu gore, les meurtres obéissent à la mécanique définie par les sagas Halloween et Vendredi 13 et se complètent d’une enquête policière menée avec flegme par deux policiers « so british ». Les suspects possibles se profilent donc progressivement au fil d’une intrigue laissant la part belle à l’humour noir et à une pointe d’érotisme. Quelques scènes de poursuite se déroulent dans des décors très photogéniques – à défaut d’être vraisemblables – comme un sinistre « donjon de l’horreur » délicieusement gothique ou les coulisses d’une salle de spectacle sur la scène de laquelle se produit une chanteuse sexy incarnée par Caroline Munro. Le film souffre surtout de sa direction d’acteur approximative (le jeune couple joue sans une once de subtilité) et de l’absurdité des situations liées à des comportements souvent incompréhensibles (la fille à moitié nue sous sa cape de père Noël qui fuit la police dans la rue puis réagit de manière parfaitement invraisemblable face au tueur, ou encore l’assassin qui décide subitement d’agir à découvert et sans la moindre discrétion pour éliminer un témoin gênant). Les dernières séquences accusent la confusion dans laquelle le film fut réalisé, s’agençant sans logique et s’acheminant vers un final décevant expédié en deux coups de cuiller à pot.
© Gilles Penso
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