Place au clown psychopathe le plus sanglant de tous les temps, à côté de qui même Pennywise et le Joker ressemblent à des enfants de chœur !
TERRIFIER
2016 – USA
Réalisé par Damien Leone
Avec Jenna Kanell, Samantha Scaffidi, Catherine Corcoran, David Howard Thornton, Pooya Mohseni, Matt McAllister, Katie Maguire, Gino Cafarelli
THEMA TUEURS I DIABLE ET DÉMONS I SAGA ART LE CLOWN
Petit résumé des épisodes précédents. En 2011, Damien Leone réalise le court-métrage Terrifier dans lequel un clown psychopathe aux pouvoirs paranormaux massacre les gens à tour de bras en s’acharnant tout particulièrement sur une jeune automobiliste. Ce croquemitaine muet et blafard, que Leone faisait déjà apparaître dans le film court The 9th Circle cinq ans plus tôt, passe au format long-métrage grâce au film à sketch All Hallow’s Eve en 2013. Le voici désormais superstar de Terrifier, qui n’est pas un remake du court-métrage du même nom ni une suite de All Hallow’s Eve mais une nouvelle variante autour des exactions sanglantes de ce monstre exubérant. Si « Art le clown » (tel est son petit nom) semble avoir délaissé sa nature d’être surnaturel pour devenir un psycho-killer plus « terre à terre », sa capacité à semer le chaos et la destruction dans de belles gerbes d’hémoglobine n’a pas été amenuisée. Certains de ses anciens modes opératoires (la seringue pour endormir, le sac plastique pour étouffer, la chaîne pour lacérer) réapparaissent même au détour de plusieurs séquences. Mais Michael Gianelli, interprète du clown dans les films précédents, préfère cette fois-ci passer son tour pour éviter les longues et pénibles sessions de maquillages spéciaux. C’est donc David Howard Thornton, fort de son expérience de mime, qui hérite du rôle.
Après un prologue choc se référant à un bain de sang survenu dans le passé (et donnant la vedette à Katie Maguire, l’héroïne de All Hallow’s Eve, dans un tout autre rôle), nous voilà transportés le soir d’Halloween, période visiblement préférée de ce bon vieil Art. Deux copines, Tara (Jenna Kanell) et Dawn (Catherine Corcoran), reviennent d’une soirée visiblement bien arrosée et ne peuvent décemment reprendre leur voiture dans cet état. Elles s’arrêtent donc dans la pizzeria du coin pour avaler quelque chose de solide et cuver les litres d’alcool qu’elles ont absorbé. Mais un client très bizarre vient d’asseoir à proximité et les regarde d’un air inquiétant. Le visage blanc, le nez pointu, le costume bicolore et les chaussures démesurées… pas de doute, c’est Art le clown ! Le spectateur, conditionné, sait très bien à quel genre de psychopathe il a affaire. Mais les deux jeunes femmes n’en savent encore rien. Bien sûr, le carnage ne saurait tarder à commencer…
Killer Klown
Cultivant la triple unité de lieu, de temps et d’action, la grande majorité de l’intrigue de Terrifier se situe en une nuit, dans un immeuble délabré où une poignée de personnages s’efforce d’échapper aux griffes du clown assassin. L’extrême brutalité des meurtres et des massacres (on écorche, on égorge, on poignarde, on tranche, on écrabouille) entre un peu en contradiction avec les effets spéciaux de maquillage excessifs qui semblent échappés d’un Braindead. Le grand écart entre ces trucages gore cartoonesques (avec notamment un découpage à la scie d’anthologie !) et la radicalité des mises à mort n’est pas l’une des moindres singularités du film. Cela dit, si elles étaient traitées avec réalisme et au premier degré, la plupart de ces séquences seraient sans doute difficiles à supporter. D’autres part, cette relative approximation dans les effets prosthétique – due probablement en grande partie à des limitations budgétaires – offre un filtre « poétique » qui n’est pas dénué de sens dans la mesure où le tueur en série est un clown farceur et silencieux qui semble échappé d’un cirque macabre. Dommage que l’efficacité du climat anxiogène bâti par Damien Leone soit atténuée par une caractérisation quasi inexistante, des péripéties répétitives et des comportements absurdes (les futures victimes s’enferment dans des placards et se jettent à pieds joints dans la gueule du loup). Devenu rapidement culte auprès des amateurs d’horreur outrancière, Terrifier s’achève sur un twist savoureux.
© Gilles Penso