PASSENGERS (2016)

Réveillés trop tôt de leur sommeil en hibernation, Chris Pratt et Jennifer Lawrence errent seuls dans un immense vaisseau spatial…

PASSENGERS

 

2016 – USA

 

Réalisé par Morten Tyldum

 

Avec Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Lawrence Fishburne, Michael Sheen, Andy Garcia, Vince Flowers, Conor Brophy, Julee Cerda, Aurora Perrineau

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Il aura fallu près de dix ans pour que le scénario de Passengers, œuvre de Jon Spaihts (The Darkest Hour, Prometheus, Doctor Strange), puisse se transformer en film. De nombreux acteurs et réalisateurs sont tour à tour associés au projet. Keanu Reeves et Rachel McAdams s’annoncent assez tôt en tête d’affiche, sous la direction de Brian Kirk. Les choses semblent alors bien engagées. Mais le film change encore de mains et se perd dans les tourments bien connus à Hollywood de « l’enfer du développement ». Lorsqu’enfin Sony Pictures Entertainment fait l’acquisition des droits du film fin 2014, Passengers prend sa tournure définitive. Ce sont finalement Chris Pratt et Jennifer Lawrence (respectivement tout droit échappés de Jurassic World et X-Men Apocalypse) qui partagent la vedette du long-métrage, dont la mise en scène est confiée à Morten Tyldum. Ce réalisateur d’origine norvégienne avait notamment réalisé les thrillers Headhunters et Initiation Game et rêvait depuis longtemps de s’attaquer à un gros film de science-fiction laissant la part belle aux personnages et à leurs relations. Le scénario de Passengers est donc taillé sur mesure pour ses ambitions. C’est entre septembre 2015 et février 2016 que se déroule le tournage, principalement à Atlanta.

Nous sommes dans l’espace, à bord du gigantesque vaisseau de croisière Avalon qui navigue en pilotage automatique. Les 5000 passagers et 258 membres d’équipage dorment paisiblement, en hibernation. A leur réveil, tous iront habiter une colonie installée sur la planète Homestead 2. Nous sommes en effet dans un futur où les colonies offrent des alternatives efficaces à la surpopulation de la Terre. Au bout de 30 ans de voyage, James Preston (Chris Pratt) se réveille. Des hologrammes et des robots l’accueillent, mais il est seul. Où sont les autres ? Notre homme comprend bientôt que son module d’hibernation est tombé en panne et qu’il s’est réveillé trop tôt. Le voyage va durer encore 90 ans ! Malgré toutes ses tentatives, il lui est impossible de réintégrer son module et de relancer le mode hypersommeil. Va-t-il mourir de vieillisse seul dans les coursives du vaisseau ?

Perdus dans l’espace

Très intriguant, le point de départ de Passengers nous décrit la situation impensable d’une sorte de Robinson Crusoé du futur. En vingt minutes, le film de Morten Tyldum nous décrit mieux la solitude dans l’espace que ne le faisait Seul sur Mars en deux heures de métrage. Les choses se compliquent lorsque se pose un choix moral crucial. Pour chasser sa solitude, James a la possibilité de réveiller une jeune femme (qui s’appelle Aurora, clin d’œil manifeste à l’héroïne de La Belle au bois dormant). Mais s’il le fait, ce sera un geste extrêmement égoïste la condamnant comme lui à passer le reste de ses jours dans le vaisseau Avalon. Le dilemme est passionnant, poussant chaque spectateur à s’interroger sur les choix qu’il opèrerait lui-même. Dommage que le traitement de cette romance – bâtie de toutes pièces sur un terrible mensonge – ne se départisse jamais de son artificialité. Chris Pratt et Jennifer Lawrence ressemblent moins à des personnages réels qu’à des gravures de mode en smoking et en robe de soirée qui s’aiment comme dans un spot de pub, accompagnés d’une bande originale suave pour piano et synthétiseurs confiée aux bons soins de Thomas Newman. Les conflits internes que vit le protagoniste et les rebondissements inattendus qui surviennent en cours de récit permettent de maintenir l’attention des spectateurs et d’attiser leur envie de comprendre comment cette idylle bancale s’achèvera. Mais une approche plus subtile aurait pu décupler l’impact du film, dont le succès au box-office sera tempéré par un accueil critique très tiède.

 

© Gilles Penso


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