À la recherche de l’Atlantide, une expédition se retrouve en pleine jungle sauvage peuplée d’hommes préhistoriques et de sauriens géants…
LA ISLA DE LOS DINOSAURIOS
1967 – MEXIQUE
Réalisé par Rafael Portillo
Avec Armando Silvestre, Alma Delia Fuentes, Manolo Fabregas, Elsa Cardenas, Genaro Moreno, Crox Alvarado
THEMA DINOSAURES I EXOTISME FANTASTIQUE
C’est du Mexique que nous vient L’Île des dinosaures, réalisé par Rafael Portillo en 1967 d’après un scénario d’Alfredo Salazar. Démarrant à la manière de L’Oasis des tempêtes de Virgil Vogel, le film s’intéresse à une expédition partie à la recherche de l’Atlantide. Au cours d’un prologue assez expéditif, leur avion traverse des intempéries puis s’écrase sur une île inconnue. Perdus dans la jungle, nos aventuriers installent un feu de camp, des tentes, des chaises pliantes, bref transforment aussitôt les lieux en terrain de camping. Les filles de l’expédition vont même faire trempette dans un lac voisin. Soudain, un montage parallèle nous fait découvrir une peuplade d’hommes et de femmes préhistoriques qui vivent sur cette île. L’un d’entre eux, Molo (Armando Silvestre), après avoir perdu un combat contre un de ses congénères, se retrouve banni par les siens. Errant dans la forêt, il croise Laura (Alma Delia Fuentes), l’une des exploratrices, la sauve des griffes d’un gorille (un homme s’agitant dans un costume velu) et l’emmène dans une caverne. Le film prend un ton surréaliste lorsque tous deux se muent en gentil petit couple préhistorique, se confectionnant avec les moyens du bord des tuniques à la coupe impeccable.
Dès lors, Molo et Laura arborent la même coiffure et la même tenue que Victor Mature et Carole Landis, les deux héros de Tumak fils de la jungle, ce qui permet au réalisateur Rafael Portillo d’utiliser de très larges extraits du classique d’Hal Roach réalisé 27 ans plus tôt, y compris de nombreux plans avec les acteurs originaux vus de dos. La supercherie – franchement culottée – est assez visible. Du coup, L’Île des dinosaures se mue purement et simplement en remake à peine déguisé de Tumak, voire en version mexicaine du film, comme à l’époque où les mêmes longs-métrages étaient tournés simultanément dans des langues différentes pour le marché international (l’un des exemples les plus connus étant le Dracula de 1931 tourné en anglais par Tod Browning et en espagnol par George Melford).
« Molo, te quiero ! »
Le plus gros du travail du scénariste Alfredo Salazar consiste ainsi à intégrer dans son script un maximum de séquences du mélodrame antédiluvien de 1940. Le célèbre combat de l’iguane contre le crocodile est évidemment recyclé, tout comme le surgissement du tatou géant, de l’éléphant déguisé en mammouth, du varan enseveli sous les rochers et du cataclysme final. Seule petite nouveauté : le combat de Molo contre le gorille, qui s’avère particulièrement frustrant dans la mesure où l’homme préhistorique transperce le singe d’une lance au bout de quelques secondes de face à face. Bien entendu, le volcan que l’on voyait fumer au début du film finit par entrer en éruption. Le climax n’oublie aucun passage obligatoire : le cataclysme, le tremblement de terre, les dinosaures qui tombent dans les fissures et la coulée de lave. Puis les éléments déchaînés se calment en un claquement de doigt. L’épilogue échappe enfin à l’influence de Tumak lorsque nos explorateurs, ayant réparé leur avion, décident de rejoindre la civilisation. Mais Laura, qui s’est entichée de son bel homme des cavernes, décide de rester, susurrant à son sauveur un irrésistible « Molo, te quiero ! » (à déguster en version originale bien sûr) avant de s’en aller joyeusement gambader dans les bois à ses côtés !
© Gilles Penso
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