Le roi des films de monstres géants des années 50 poursuit ses méfaits dans les seventies en opposant Joan Collins à des insectes monstrueux…
EMPIRE OF THE ANTS
1977 – USA
Réalisé par Bert I. Gordon
Avec Joan Collins, Robert Lansing, Albert Salmi, John David Carson, Robert Pine, Edward Power, Jacqueline Scott
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
La fin des années 70 n’entama guère le goût de Bert I. Gordon pour les monstres géants. Vingt ans après les sauterelles de Beginning of the End, il s’attaque ici aux fourmis, mâtinant son récit de clichés issu du cinéma catastrophe alors en pleine vogue et utilisant abusivement le nom d’H.G. Wells comme source prétendue d’inspiration (il nous avait déjà fait le coup avec Village of the Giants et Soudain les monstres). Le prologue nous présente sous une forme documentaire les mœurs des fourmis et la manière dont elles usent de leurs phéromones. Au cours du générique, un navire largue en pleine mer des fûts de déchets radioactifs. Or l’un de ces dangereux récipients atterrit sur le sable d’une île de Floride en cours d’installation immobilière. Bientôt, une inoffensive colonie de fourmis vient tremper ses mandibules dans le produit en fuite… A deux pas de là, une experte foncière aux dents longues (Joan Collins) propose un tour de bateau à un groupe d’éventuels investisseurs. Suivant un mode narratif calqué sur les Airport, La Tour infernale ou L’Aventure du Poséidon, les protagonistes nous sont présentés à tour de rôle, véhiculant chacun son lot d’archétypes et de lieux communs.
Les personnalités s’affirment, les couples se forment, les animosités se dessinent… Et bientôt surgissent des hordes de fourmis grosses comme des rhinocéros. Dotées d’un appétit vorace et d’une forte intelligence de groupe, elles frappent les humains un à un, leur laissant bien peu d’espoir de survie. Les séquences d’attaque sont certes répétitives, mais l’ingéniosité artisanale des effets spéciaux fait souvent mouche, Gordon utilisant tour à tour de véritables insectes agrandis par rétro-projections, par caches ou par incrustations, de gros modèles mécaniques vaguement articulés, et même une petite séquence animée image par image pour le déplacement des monstres sur un ponton. La partie centrale du film est donc conçue sur le mode d’un survival ponctué de morts violentes, jusqu’à ce que les derniers rescapés tentent de s’échapper par une rivière et débouchent sur un village voisin. Là, ils découvrent que la reine de la colonie s’est immiscée dans l’esprit de ses victimes humaines et contrôle leurs pensées.
Old School
Empruntant ses éléments science-fictionnels à L’Invasion des profanateurs de sépultures mais aussi à L’Attaque des crabes géants, le climax se déroule dans une raffinerie de sucre et s’achève dans un grand incendie. Le problème majeur de L’Empire des fourmis géantes est sans doute l’incapacité de Bert I. Gordon à s’adapter au modernisme des années 70, traitant son sujet de la même manière qu’à l’époque de The Spider ou Le Fantastique homme colosse. Or entre-temps, Steven Spielberg a sérieusement redéfini les canons du genre avec Les Dents de la mer, précédé dix ans plus tôt par les incontournables Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Mais Mister BIG préfère ne rien changer à sa formule, osant même réutiliser le prétexte d’une mutation à base de produits radioactifs, un cliché passé de mode depuis bien longtemps ! Voilà donc un film qui arrive trop tard. Au milieu des fifties, L’Empire des fourmis géantes se serait probablement taillé la réputation d’un petit classique du genre. Deux décennies plus tard, il passa complètement inaperçu.
© Gilles Penso
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