Les Beatles affrontent des adorateurs de la déesse Kali et des savants fous qui veulent mettre la main sur une bague magique que possède Ringo Starr…
HELP !
1965 – GB
Réalisé par Richard Lester
Avec John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, George Harrison, Leo McKern, Eleanor Bron, Victor Spinetti, Roy Kinnear, John Bluthal, Patrick Cargill
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I NAINS ET GÉANTS
En 1964, les Beatles deviennent pour la première fois héros d’un long-métrage avec Quatre garçons dans le vent, racontant trois jours mouvementés dans la vie des « Fab Four » face à la caméra enjouée du réalisateur Richard Lester. L’année suivante, Lennon, McCartney, Starr et Harrison retrouvent Lester à l’occasion de Help ! qui, pour sa part, développe un récit fictionné beaucoup plus exubérant écrit par Marc Behm (Charade) et Charles Wood (Le Knack… et comment l’avoir). Bien sûr, ce script reste avant tout un prétexte pour mettre en image les chansons des Beatles, lesquelles s’intercalent régulièrement au cours du film avec plus ou moins de justification par rapport au récit : un enregistrement en studio, une ode chantée à une jeune femme, une répétition en plein air, etc. De l’aveu même de Starr et McCartney, les superstars auraient également soufflé aux scénaristes l’idée de séquences situées dans les Alpes autrichiennes et dans les Bahamas pour le seul plaisir de voyager dans ces contrées qu’ils n’avaient pas encore visitées. On ne s’étonnera donc pas face aux joyeuses incohérences de ce film sans queue ni tête, d’autant que nos quatre garçons dans le vent expérimentaient à l’époque les effets de la marijuana, d’où un grand nombre de séquences où ils planent sans se souvenir de leurs répliques ou agissent de manière totalement incompréhensible.
Conscients de se retrouver avec un « objet filmique non identifié » sur les bras, les distributeurs assument le délire ambiant en parodiant au cours de sa campagne de promotion l’un des slogans imaginés par Alfred Hitchcock pour Psychose. Au lieu de « Veuillez ne pas révéler la fin de ce film à vos amis (c’est la seule que nous ayons) », ils optent donc pour « Veuillez ne pas révéler le début de ce film à vos amis (ils ne le croiraient jamais, de toute façon) ». Le titre Help ! lui-même n’est trouvé qu’au tout dernier moment. Dans un premier temps, le film s’appelle Eight Arms to Hold You. Mais personne ne l’apprécie, d’autant qu’il n’a pas grand-rapport avec l’intrigue. John Lennon ayant écrit au moment du tournage la chanson « Help ! », on décide de l’intégrer dans le film et d’abandonner le titre Eight Arms to Hold You au profit de Help ! En France, le film sera distribué une première fois sous le titre Au secours !
Au secours !
Le scénario de Help ! s’intéresse à une secte d’adorateurs de la reine Kali obligés d’interrompre un sacrifice humain lorsqu’ils s’aperçoivent qu’il leur manque une bague sacrée indispensable à la cérémonie. C’est Ringo, le batteur des Beatles, qui porte cette bague sans vraiment savoir pourquoi. Il devient donc victime des tentatives répétées du maléfique Clang (Leo McKern) pour récupérer le joyau, ainsi que du démentiel professeur Foot (Victor Spinetti), désireux lui aussi d’en faire l’acquisition. Ce postulat délirant donne lieu, en plus des passages musicaux, à une série de gags nonsensiques, domaine dans lequel Richard Lester semble exceller. On pense parfois aux Monty Pythons, en particulier au cours de l’entracte qui interrompt très brièvement l’histoire. Dans l’une des séquences les plus étranges du film, précédée d’un intertitre annonçant « Les aventures excitantes de Paul sur le plancher », McCartney, piqué par une seringue remplie de sérum rétrécissant, devient minuscule et patauge dans un cendrier pendant que ses trois compères résistent aux assauts de leurs agresseurs multiples. Entre deux chansons des Beatles, la bande originale de Ken Thorne parodie le « James Bond Theme » et réarrange sous forme orchestrale plusieurs tubes du quatuor. Mine de rien, le tournage de Help ! aura une influence déterminante sur l’avenir du groupe. John Lennon y testera pour la première fois les fameuses lunettes qui deviendront son accessoire “signature”, George Harrison y goûtera aux joies de son futur instrument fétiche le sitar. Quant à Paul McCartney, il profitera des pauses entre les prises de vues pour écrire une petite chanson qu’il baptisera « Yesterday. »
© Gilles Penso
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