ALL HALLOW’S EVE (2013)

Art le clown fait sa première apparition dans ce film à sketches structuré autour du contenu d’une cassette VHS mystérieuse…

ALL HALLOW’S EVE

 

2013 – USA

 

Réalisé par Damien Leone

 

Avec Katie Maguire, Catherine A. Callahan, Marie Maser, Kayla Lian, Mike Giannelli, Sydney Freihofer, Cole Mathewson, Michael Chmiel, Marissa Wolf, Minna Taylor

 

THEMA TUEURS I SORCELLERIE ET MAGIE I DIABLE ET DÉMONS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA ART LE CLOWN

Passionné de cinéma d’horreur, le touche-à-tout Damien Leone (scénariste, réalisateur, monteur, créateur d’effets spéciaux) fait ses débuts avec deux courts-métrages d’épouvante très remarqués, The 9th Circle en 2006 et Terrifier en 2011. S’ils racontent deux histoires différentes, ces films courts ont en commun la présence d’un clown muet amateur de blagues macabres, de mutilations et de massacres en tous genre : le bien nommé Art. Lorsqu’il découvre Terrifier sur Youtube, le producteur Jesse Baget envisage de l’intégrer dans un film à sketches dont les autres segments utiliseraient les courts-métrages d’autres réalisateurs. Mais Leone réussit à le convaincre de lui confier l’intégralité de ce film. Ainsi naît le projet All Hallow’s Eve qui intègre donc Terrifier, The 9th Circle mais aussi un tout nouveau court-métrage et un fil conducteur, tous réalisés par Damien Leone, heureux de s’attaquer là à son premier long-métrage. Comme son titre l’indique, All Hallow’s Eve se déroule le soir d’Halloween. Émule de Jamie Lee Curtis dans La Nuit des masques, Sarah (Katie Maguire) fait du babysitting dans une maison de banlieue pendant que les parents de deux gamins, Tia (Sydney Freihofer) et Timmy (Cole Mathewson), passent la soirée dehors. Tandis qu’ils regardent distraitement La Nuit des morts-vivants à la télé, les enfants vident leur sac de friandises pour vérifier la teneur de leur butin. Et là, surprise : au milieu des bonbons se trouve une cassette vidéo sans étiquette. D’où peut-elle bien venir ? Et surtout que contient-elle ? Sarah ne tient pas à la visionner, de peur qu’elle n’ait été glissée dans le sac par quelque pervers. Mais face à l’insistance de Tia et Timmy, elle la place dans le lecteur VHS…

Le film d’horreur qu’ils découvrent sur la cassette vidéo est donc The 9th Circle. La différence de qualité saute aux yeux (piqué de l’image, montage, lumière, jeu des acteurs), mais ce n’est pas problématique dans la mesure où il s’agit d’un « film dans le film ». On passe donc outre la facture semi-amateur pour se laisser gagner par cette histoire étrange. Dans une salle d’attente, une jeune femme (Kayla Lian) est importunée par un clown muet qui l’endort avec une seringue. Lorsqu’elle se réveille, elle est enchaînée dans un souterrain auprès d’autres captives. A partir de là, c’est la descente aux enfers, à grand renfort de monstres contrefaits (dont une sorte de cousin du Toxic Avenger), de sorcières et de démons. Les maquillages spéciaux ne font pas dans la dentelle mais l’atmosphère reste intéressante. Et surtout, le fait que la baby-sitter et les enfants soient eux-mêmes spectateurs de ce film de plus en plus malsain apporte une seconde couche de narration ainsi qu’un intéressant effet de mise en abîme. D’autant que Sarah – qui semblait pourtant stricte au départ – laisse cet étalage d’horreurs défiler devant les yeux des gamins, comme s’il elle était gagnée elle-même pat une sorte de fascination douteuse.

Clowneries

Fatalement, All Hallow’s Eve souffre de l’origine disparate du matériau avec lequel il est constitué. Une fois que le premier segment est terminé, Leone peine à conserver une unité et une cohérence artistique. Sarah couche donc les enfants et continue de regarder la cassette, qui raconte une toute autre histoire (spécialement tournée pour l’occasion, donc) aux allures de remake de L’Homme de la planète X. La patine n’est plus du tout la même, le style non plus, et la présence de téléphone portables contredit le caractère faussement vintage de cette cassette VHS. Même constat pour le troisième segment, Terrifier, qui se donne les allures d’un film grindhouse tourné sur pellicule (avec scratches, salissures et rayures). Cet ultime récit est cependant le plus réussi des trois, laissant à l’effrayant Art toute la latitude pour s’exprimer et préfigurant les longs-métrages Terrifier et Terrifier 2 qui lui seront ensuite consacrés. All Hallow’s Eve se paye quelques effets gore bien gratinés, joue de manière récréative avec les nerfs des spectateurs et baigne dans une ambiance oppressante qu’accentue la bande originale électronique du groupe Noir Deco. Rien de bien subtil, certes, mais le film remplit son contrat et permet de lancer officiellement la carrière de Damien Leone.

 

© Gilles Penso


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