Les ondes des téléphones portables zombifient la population dans cette adaptation ratée d’un roman de Stephen King…
CELL
2016 – USA
Réalisé par Tod Williams
Avec John Cusak, Samuel L. Jackson, Isabelle Fuhrman, Clark Sarullo, Ethan Andrew Casto, Owen Teague, Stacy Keach
THEMA MUTATIONS I SAGA STEPHEN KING
Le roman « Cellulaire » de Stephen King, paru en 2006, part d’un postulat très prometteur, utilisant le prisme de l’horreur et de la science-fiction pour mieux dénoncer la zombification de nos contemporains face à leur téléphone portable. L’entrée en matière, comme souvent chez King, sait saisir la curiosité du lecteur et capter immédiatement son attention. Mais il faut avouer que le récit tire à la ligne, étalant sur plus de 400 pages une histoire de plus en plus incohérente, s’acheminant vers un final improbable. Le projet de l’adaptation de ce roman à l’écran, annoncé dès 2012, ne laissait donc rien espérer d’extraordinaire, étant données les nombreuses faiblesses du livre. Stephen King en écrivit le scénario avec Adam Alleca et la mise en scène fut confiée à Tod Williams, dont l’un des seuls titres de gloires était Paranormal Activity 2. Le film reprend dans les grandes lignes le principe du roman. La scène d’introduction, assez spectaculaire, montre le déchainement de la folie destructrice et meurtrière de tous les utilisateurs d’un téléphone portable dans un aéroport. Meurtres sanglants, hystérie collective et collisions d’avions s’enchaînent sur un rythme infernal.
Le dessinateur Clay (John Cusack) et le chauffeur de métro Tom (Samuel L. Jackson) tentent d’échapper au massacre. L’amateur observateur remarquera que Cusack et Jackson se donnaient déjà la réplique dans une autre adaptation de Stephen King, le remarquable Chambre 1408 (auquel Cell Phone rend hommage à plusieurs reprises le temps d’une poignée de clins d’œil discrets). Tous deux sont bientôt rejoints par Alice (Isabelle Fuhrman), qui vient d’occire sa mère contaminée par le terrible virus. Sur leur route, les trois rescapés croisent les « téléphoneurs » (autrement dit les contaminés) mais aussi des petits groupes épars de survivants. Clay s’accroche alors au fol espoir que son fils et sa femme sont encore en vie, qu’ils ont échappé à « l’impulsion » fatale et qu’ils l’attendent.
L’invasion des « téléphoneurs »
Nous sommes ici sur un terrain connu, quelque part entre le film d’infectés (28 jours plus tard), le film de fin du monde (La Route) et le film de « body snatchers » (L’Invasion des profanateurs). Cell Phone n’échappe donc à aucun lieu commun. Pire : les idées science-fictionnelles de King (notamment les hommes dont le cerveau est vidé puis réinitialisé par l’intermédiaire des téléphones) ont du mal à passer le cap de l’écran. Elles étaient déjà difficiles à avaler sur le papier, mais dans le film elles sombrent vite dans le grotesque. Plusieurs scènes de foules très impressionnantes scandent certes le métrage (notamment dans le stade, ou lors du climax autour de l’antenne), mais elles ne mènent nulle part et ne s’appuient sur aucun enjeu clairement défini. Quant au final, parfaitement grotesque, il prend les allures d’une sorte d’énorme gag absurde aux accents de la chanson « Trololo ». Du coup Cell Phone s’oublie aussitôt après avoir été visionné et la salve acide contre l’addiction aux téléphones portables n’a pas du tout l’impact escompté.
© Gilles Penso
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