Une comédie populaire gorgée de bons sentiments dans laquelle une famille d’Américains moyens se lie d’amitié avec une grosse bête poilue…
HARRY AND THE HENDERSONS
1987 – USA
Réalisé par William Dear
Avec John Lithgow, Melinda Dillon, Kevin Peter Hall, Margaret Langrick, Joshua Rudoy, David Suchet, Lainie Kazan, Don Ameche, M. Emmet Walsh
C’est en s’inspirant des nombreux témoignages liés à de supposées apparitions de Sasquatchs et de Bigfoots dans les forêts américaines et canadiennes que le trio de scénaristes Bill Martin, Ezra D. Rappaport et William Dear écrit l’histoire de Harry and the Hendersons. Les trois hommes avaient déjà collaboré ensemble sur le programme télévisé musical Elephant Parts. Le prénom « Harry » serait par ailleurs hérité de celui du chanteur Harry Nilsson, pour qui Bill Martin écrivit plusieurs chansons. Conçu comme une comédie familiale fantastique brassant large – et notamment le public des productions Amblin -, Harry and the Hendersons trouve le producteur exécutif idéal en la personne de Steven Spielberg. William Dear le connaît, puisqu’il avait réalisé pour lui l’un des épisodes de la série Histoires fantastiques (un quiproquo réussi autour de deux momies, l’une vraie et l’autre fausse). Familier avec le genre fantastique (il fut aussi réalisateur de Timerider), Dear hérite de la mise en scène de Harry and the Hendersons et part tourner avec une brochette de comédiens solides sur plusieurs sites naturels américains propices à l’intrusion de son Bigfoot vedette.
Comme chacun sait, Bigfoot est une créature gigantesque et velue aux grands pieds, d’où son nom. Il est aux croyances Peaux-Rouges l’équivalent du Yeti de l’Himalaya. Un jour, les Henderson, une famille d’Américains moyens, vont faire sa connaissance en le percutant de plein fouet avec leur break alors qu’ils reviennent d’un camping. Le croyant mort, ils décident de le ramener avec eux dans la banlieue Seattle, dans l’espoir de le vendre. Mais en se rendant le soir dans le garage pour examiner sa prise, George Henderson (John Lithgow) découvre que le Bigfoot est bien vivant et qu’il s’est échappé. Parti explorer la maison à la recherche d’une nourriture à sa dimension, le monstre s’empare avidement du réfrigérateur. Les Henderson finissent par s’attacher à cette grosse bête velue, beaucoup plus amicale et intelligente qu’ils ne le croyaient. George s’investit alors d’une mission : lui rendre sa liberté et le ramener à la nature. Mais les choses ne sont pas aussi simples, d’autant qu’un chasseur à la gâchette facile se met sur leur trace…
Au poil !
Très agréable, distrayant de bout en bout, réalisé avec soin, Harry and the Hendersons coche tranquillement toutes les cases de son cahier des charges, et c’est sans doute là que le bât finit par blesser. Car le côté « recette de cuisine aux ingrédients bien dosés » de l’entreprise lui ôte aussi toute spontanéité : un peu d’action, un peu de comédie, un peu de suspense, un peu d’émotion, c’est propre, bien emballé mais pas très surprenant et sans doute trop formaté pour convaincre totalement. D’autant que la trame du film se calque sagement sur celle de E.T. l’extra-terrestre. On se rabat donc sur l’abattage de John Lithgow (parfait dans tous les registres) et sur les remarquables effets spéciaux de Rick Baker. Réconcilié avec Steven Spielberg après une brouille liée au faux départ de la production de E.T. (justement), le génial maquilleur crée sans doute ici son faciès simien le plus réussi et le plus expressif, s’inspirant en partie de la physionomie des orangs outans. Ce travail remarquable (celui qu’il préfère parmi toutes ses créations) s’appuie sur la prestation impressionnante du gigantesque Kevin Peter Hall (le Predator, c’est lui !) et permettra au film de remporter l’Oscar des effets spéciaux de maquillage. Pour jouer la carte du mystère, la campagne marketing du film évitait de montrer la créature, ce qui joua en sa défaveur. Il fallait de toute évidence capitaliser sur « la bête », ce que firent de nombreux territoires en dehors des États-Unis (y compris la France) en exhibant la brave créature sur les posters et en rebaptisant le film Bigfoot et les Henderson. Le film eut finalement suffisamment de succès pour engendrer une sympathique sitcom diffusée entre 1991 et 1993.
© Gilles Penso
Partagez cet article