Une relecture délirante du mythe d’Orphée dans laquelle un jeune homme doit braver une multitude de créatures infernales pour retrouver sa promise…
HIGHWAY TO HELL
1991 – USA
Réalisé par Ate de Jong
Avec Patrick Bergin, Adam Storke, Chad Lowe, Kristy Swanson, Pamela Gidley, Jarrett Lennon, C.J. Graham, Richard Farnsworth
THEMA MORT I MYTHOLOGIE I DIABLE ET DÉMONS
À la fin des années 80, le réalisateur hollandais Ate de Jong se lance dans la réalisation d’une adaptation loufoque et horrifique des mésaventures mythologiques d’Orphée et Eurydice avec L’Autoroute de l’Enfer, sur un scénario de Brian Helgeland, futur auteur de L.A. Confidential et Payback. Le slogan du film en dit déjà long : « S’il y a quelque chose de pire que mourir et aller en Enfer, c’est ne pas mourir… et aller en Enfer ! » Charlie et Rachel, interprétés respectivement par Chad Lowe et Kristy Swanson, ont décidé de se marier à Las Vegas, sans demander le consentement de leurs parents. Roulant à bord d’une vieille Ford, ils sont partagés entre l’euphorie et la culpabilité et empruntent ce qu’ils croient être un itinéraire bis. Dès lors, leur vie bascule dans le cauchemar. Car sur le chemin, la jeune fiancée est soudain enlevée par un policier monstrueux et colossal dont le visage putréfié et les lunettes noires ne sont pas sans nous rappeler les zombies aquatiques du Commando des morts-vivants. Armé d’un fusil futuriste et équipé de menottes en forme de mains articulées, ce sinistre individu emmène Rachel dans les entrailles de l’Enfer. Si Charlie ne vient pas la chercher dans les 24 heures qui suivent, elle deviendra la fiancée du Prince des Ténèbres, à qui Patrick Bergin prête ses traits.
Le scénario mêle ainsi allégrement deux visions de la mort pour le moins antithétiques : les Enfers de la mythologie grecque (avec le chien Cerbère, le nocher Charon, la traversée du Styx) et un au-delà rattaché à la culture chrétienne (Satan, les démons cornus et les flammes purificatrices). Pour les besoins du film, le génial maquilleur Steve Johnson (Ghostbusters, Les Aventures de Jack Burton, Abyss) crée une multitude d’effets gore burlesques, les plus étonnants étant probablement le hideux démon femelle qui tente de séduire Charlie, le visage du Diable qui obéit à l’imagerie bestiale traditionnelle, et toute une escouade de policiers zombies qui croupissent sous des toiles d’araignée dans un bar lugubre. Les trucages visuels inventifs sont quant à eux l’œuvre de Randy Cook, qui truffe le film de maquettes et de matte paintings, et nous donne même droit à un cerbère tricéphale animé image par image. Réminiscence des chiens infernaux animés par Cook pour S.O.S. fantômes, ce chien burlesque intervient dans une scène hélas trop courte dans laquelle il interdit l’accès de l’Enfer à Charlie.
Le Cerbère de la Porte
Road movie d’un genre très spécial, ce film atypique fonctionne presque comme une succession de sketches indépendants, d’où une inégalité inévitable dans l’intérêt des épisodes racontés. Ainsi, si les créatures décrites plus haut nous donnent droit à des séquences insolites du plus bel effet, on ne peut pas en dire autant des autres personnages, à l’intérêt pour le moins discutable. C’est le cas de cette escouade de Hell’s Angels hérités de Mad Max ou de ce cuisinier surexcité qu’interprète Ben Stiller (en totale improvisation). Le titre original se réfère bien sûr au célèbre “Highway to Hell” du groupe ACDC, mais la production n’a pas les moyens d’en acquérir les droits pour l’inclure dans sa bande originale. Tourné en 1989, L’Autoroute de l’enfer (connu aussi en nos contrées sous le titre Bienvenue en enfer) n’aura eu droit qu’à une brève sortie sur les écrans américains en 1992 avant d’échouer dans les bacs des marchands de vidéo, sombrant dans un quasi-anonymat dont il fut tiré le temps de quelques discrètes diffusions télévisées.
© Gilles Penso
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