Dans l’Angleterre du 18ème siècle, une jeune femme est hantée par les visions macabres d’une main tranchée encore vivante…
AND NOW THE SCREAMING STARTS !
1973 – GB
Réalisé par Roy Ward Baker
Avec Stephanie Beacham, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Geoffrey Whitehead, Herbert Lom, Patrick Magee, Rosalie Crutchley, Gillian Lind
THEMA MAINS VIVANTES
Habituée jusqu’alors aux films à sketches d’épouvante marchant sur les traces de la Hammer, la compagnie anglaise Amicus s’essaie ici au thème classique de la maison hantée en y greffant un élément déjà mis en scène avec succès dans Le Train des épouvantes : la main vivante maléfique et meurtrière. Le scénario de Roger Marshall s’inspire donc directement d’un roman déclinant ces deux motifs, « Fengriffen » de David Case. À la mise en scène, on retrouve Roy Ward Baker, qui signa quelques petits joyaux filmiques pour la Hammer, notamment The Vampire Lovers, Les Monstres de l’espace et Docteur Jekyll et Sister Hyde. Le tournage se met en place à 0akley Court, où se dérouleront trois ans plus tard les prises de vues du mythique Rocky Horror Picture Show. Dans l’Angleterre aristocrate de 1795, Catherine (Stephanie Beacham) célèbre ses noces avec Charles Fengriffen (Ian Ogilvy), descendant d’une longue lignée d’hommes illustres. Dans leur vaste château, une galerie de portraits orne les coursives. Or Catherine est fascinée par l’un d’entre eux, représentant Henry Fengriffen, l’inquiétant grand-père de Charles. D’inquiétantes visions surviennent alors.
C’est d’abord une main crispée qui déchire le tableau pour menacer la jeune femme. Hallucination ? Probablement. Mais alors comment expliquer cette main coupée qui rampe plus tard dans les couloirs du château ? Ou cet homme au poignet tranché qui agresse ensuite Catherine dans son lit ? « Son imagination lui a joué des tours » conclue hâtivement Charles, ne semblant croire lui-même qu’à moitié à son explication rationnelle. Mais les visions continuent, s’incarnant cette fois sous forme d’un homme au visage ravagé, aux yeux crevés et à la main coupée. Les morts violentes ne tardent pas à s’enchaîner dès lors : le notaire de la famille est assassiné à coup de hache dans les bois, la servante est agressée par la main fantôme et fait une chute mortelle dans un escalier, puis c’est la tante Edith (Gillian Lind) qui est étranglée par les doigts d’outre-tombe… Apparemment, tous ceux qui s’apprêtent à révéler à Catherine les origines du mal passent aussitôt de vie à trépas, par bête à cinq doigts interposée.
Et maintenant le hurlement commence !
Pour illustrer cette histoire de malédiction ancestrale somme toute assez classique, le cinéaste ne recule devant aucun artifice visuel : les fenêtres s’ouvrent toutes seules, le vent souffle lugubrement, les miroirs se brisent, les lustres se balancent en grinçant… Et pour ne pas faire mentir le titre du film, qu’on pourrait traduire par « Et maintenant le hurlement commence ! », la très photogénique Stephanie Beacham crie à gorge déployée chaque fois que l’occasion se présente, autrement dit assez souvent. Si le couple vedette ne déborde pas de charisme, les seconds rôles font quelques étincelles, notamment Patrick Magee en médecin sirupeux, Peter Cushing en psychiatre flegmatique et Herbert Lom en sinistre ancêtre à l’origine de la malédiction (un flash back nous révèle ses agissements innommables, dignes de Sir Hugo dans Le Chien des Baskerville). Mais la vraie star du film demeure la main coupée, qui ne fait que de parcimonieuses apparitions à l’écran mais déambule sur les planchers via un trucage mécanique extrêmement habile. Correctement mis en boîte, incarné avec conviction et mis en musique par un Douglas Gamley assez inspiré, And Now The Screaming Starts ! s’apprécie sans déplaisir mais demeure une œuvre mineure dans le parcours prestigieux de Roy Ward Baker.
© Gilles Penso
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