Après avoir été le Joker de Suicide Squad, Jared Leto passe chez Marvel pour se muer en « super-héros » vampire…
MORBIUS
2022 – USA
Réalisé par Daniel Espinosa
Avec Jared Leto, Matt Smith, Adriana Arjona, Jared Harris, Al Madrigal, Tyrese Gibson, Corey Johnson, Zaris-Angel Hator, Joe Ferrara, Charlie Shotwell
THEMA VAMPIRES I SAGA MARVEL COMICS
Le studio Sony Pictures dut se mordre les doigts après avoir rendu à Marvel son super-héros le plus populaire, le bien nommé homme-araignée. Après le semi-fiasco du second The Amazing Spider-Man et le retour en fanfare du « monte-en-l’air » sous les traits de Tom Holland, les têtes pensantes de Sony se mirent donc à racler les fonds de tiroir pour y trouver ce qui pouvait, parmi les propriétés intellectuelles dont elles possédaient encore les droits, se rapprocher le plus possible des aventures de Peter Parker et de son bondissant alter-ego. Elles y trouvèrent le dégoulinant Venom et le blafard Morbius, deux anti-héros apparus respectivement dans « The Amazing Spider-Man » n°252 (en 1984) et « The Amazing Spider-Man » n°101 (en 1971). L’existence de ces sinistres individus est indissociable de celle du tisseur de toiles, mais Sony ne peut plus porter à l’écran l’homme-araignée. D’où un Venom et un Venom : Let There Be Carnage qui se passent de la présence de Spidey et qui – avouons-le – font peine à voir. Dans la foulée, place donc au vampire Michael Morbius qui part au moins avec un atout supplémentaire en main : la présence du réalisateur Daniel Espinosa, signataire du remarquable thriller de science-fiction Life dans lequel – ironie du sort – s’animait une entité extra-terrestre très proche du symbiote ayant donné naissance à Venom. Mais le cinéaste avait-il une chance d’apposer sa patte sur un produit aussi formaté ? Encore eut-il fallu que le scénario soit à la hauteur…
C’est d’abord à l’âge de dix ans que nous découvrons Michael Morbius, hospitalisé en Grèce pour une maladie du sang qui l’affaiblit considérablement. Son camarade de chambrée, qu’il surnomme Milo, souffre des mêmes troubles génétiques. Refusant de se laisser abattre, Morbius se plonge dès qu’il le peut dans les études de médecine et devient un éminent scientifique. Refusant publiquement le prix Nobel pour ses travaux sur le sang artificiel, Morbius part capturer au Costa Rica des centaines de chauves-souris vampires dans l’espoir de mélanger leurs gènes avec les siens et d’éradiquer ainsi la maladie qui le frappe. N’importe qui aurait pu lui dire que c’était une mauvaise idée, mais dans ce cas-là il n’y aurait pas eu de film. L’expérience qu’il s’apprête à pratiquer étant parfaitement illégale, il met en place un laboratoire clandestin dans un bateau voguant au beau milieu des eaux internationales. Bien sûr les choses tournent mal et Morbius subit soudain une mutation imprévue qui le transforme en monstre assoiffé de sang…
Mauvais sang
Même s’il ne possède pas vraiment les attributs du vampire maudit imaginé par Roy Thomas et dessiné par Gil Kane en 1971, Jared Leto entre habilement dans la peau de Michael Morbius, le dotant d’un charisme ténébreux bienvenu, loin des excès caricaturaux dont il avait affublé le Joker de Suicide Squad par exemple. Le problème, c’est que le film n’a rien d’autre à raconter que ses origines, somme toute assez classiques (un sérum censé le guérir mais qui a de redoutables effets secondaires, refrain connu). Pour faire bonne mesure, le scénario de Matt Sazama et Burk Sharpless (Gods of Egypt, Power Rangers) le dote d’un adversaire qui n’a clairement qu’une seule fonction : muer artificiellement Morbius en super-héros. Le gentil vampire ne boit donc que du sang artificiel (à l’exception de celui de quelques méchants) et son ennemi est une caricature incarnée sans la moindre finesse par un Matt Smith en roue libre (sa petite danse torse nu devant un miroir vaut le détour !). Visuellement non plus, Morbius ne fait pas dans la dentelle, accompagnant les super-pouvoirs des vampires de traînées de particules multicolores du plus curieux effet. On comprend mieux ce parti pris douteux (qui rend les poursuites et les affrontements souvent illisibles) quand on sait que les influences majeures du cinéaste pour ces séquences furent les démonstrations de pouvoir des Pokémons ! Le film se clôt bien entendu sur une fin très ouverte et nous assène l’incontournable double séquence post-générique conçue pour faire frétiller d’impatience les fans en clignant de l’œil vers le Marvel Cinematic Universe.
© Gilles Penso
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