Une variante allemande sur le thème de la possession diabolique qui ajoute à l’influence de L’Exorciste une bonne dose d’érotisme…
MAGDALENA, VOM TEUFEL BESESSEN
1974 – ALLEMAGNE
Réalisé par Walter Boos
Avec Dagmar Hedrich, Werner Bruhns, Michael Hinz, Peter Martin Urtel, Rudolf Schündler, Karl Walter Diess, Günter Clemens
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Si les cinéastes italiens et américains s’engouffrèrent sans hésiter dans la brèche ouverte par L’Exorciste pour proposer illico leurs imitations à petit budget, l’Allemagne ne fut pas en reste avec ce Cadeau du diable fleurant bon le film d’exploitation des années 70. Tout commence dans une atmosphère à la « Jack l’éventreur ». En rentrant chez elle après une journée bien remplie, une prostituée arpente des ruelles nocturnes peu engageantes, se fait accoster par quelque poivrot de circonstance, puis fait une macabre découverte sur le seuil de son immeuble : un vieil homme a été assassiné et crucifié sur sa porte. La seule famille que l’on connaisse à l’infortuné macchabée est Magdalena, une orpheline fraîche et pimpante qui festoie innocemment dans le pensionnat où elle réside en compagnie de ses sympathiques camarades (dont un couple de lesbiennes se tripotant allègrement sous les jupons afin que le spectateur saisisse assez tôt le ton du film). La jeune fille ignore encore tout du drame, mais lorsque le cadavre de son grand-père est soudain pris d’un violent soubresaut à la morgue, le bourdonnement d’une mouche retentit dans le pensionnat et Magdalena est en proie à un accès de démence violente.
Dès lors, la pauvre vierge (oui car la belle n’a pas encore connu le loup) subit régulièrement des crises spectaculaires qui semblent étrangement familières à tous ceux qui ont déjà vu L’Exorciste : soudain dotée d’une force surhumaine, elle hurle dans des langues étrangères, gesticule dans tous les sens, déplace les meubles à distance, vomit des injures blasphématoires (dont le fameux « sale baiseur de nonnes » adressé à un prêtre dans son église), tente d’étrangler son entourage… et surtout se déshabille intégralement, exhibant le plus souvent possible son arrogante nudité à des spectateurs ébahis qui n’en demandaient pas tant. À l’horreur viscérale de William Friedkin, Walter Boos oppose donc un érotisme agressif, partant d’un postulat pour le moins trivial : une fille nue coûte moins cher que des effets spéciaux et attire tout autant les foules. Effectivement, Dagmar Hedrich est pour le moins photogénique, et l’atout majeur du film est bien la mise en contradiction de son visage angélique avec son attitude lubrique. Mais de là à ce que le film passionne les foules…
La sexorcisée !
Du Cadeau du diable, on retiendra surtout ce final absolument aberrant : alors qu’elle est victime d’une nouvelle crise, prête à découper à coups de hache tous ceux qui lui barrent la route, le médecin l’hypnotise et la force à réciter une prière. Aussitôt, un serpent noir surgit hors de la bouche de Magdalena (sans trucage, beurk !), rampe au sol et disparaît, tandis que le bon docteur déclare solennellement « il y a des choses entre le Paradis et l’Enfer » et que la possédée, enfin redevenue normale, s’enfuit bras dessus bras dessous avec son petit ami dans la campagne ensoleillée, aux accents d’une ritournelle guillerette ! Les distributeurs français exploitèrent d’abord le film sous le titre Magdalena l’exorcisée puis sous une appellation plus (s)explicite – Magdalena la Sexorcisée – avant de revenir au plus sobre Le Cadeau du diable au moment de sa diffusion en cassette vidéo, titre sous lequel il est plus communément connu désormais chez nous (avec une jaquette VHS pillant allègrement un visuel emprunté à Suspiria !).
© Gilles Penso
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