LE MYSTÈRE DE L’ÎLE DES MONSTRES (1981)

Le réalisateur Juan Piquer Simon se lance dans une aventure fantastique improbable où Peter Cushing et Terence Stamp pointent le bout de leur nez…

MISTERIO EN LA ISLA DE LOS MONSTRUOS

 

1981 – ESPAGNE / USA

 

Réalisé par Juan Piquer Simon

 

Avec Terence Stamp, Peter Cushing, Ian Sera, David Hatton, Gasphar Ipua, Bianca Estrada, Ana Obregon

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I DINOSAURES

Quatre ans après son Continent fantastique s’inspirant librement du « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne, Juan Piquer Simon se lance dans une nouvelle aventure fantaisiste avec Le Mystère de l’île des monstres, qui bénéficie une fois de plus d’effets spéciaux signés Emilio Ruiz, ainsi que de décors, de costumes et d’extérieurs naturels témoignant de moyens assez confortables mis à la disposition du cinéaste ibérique. Les péripéties fantastiques s’appuient ici sur un postulat pour le moins évasif. Avant de se marier, le jeune Jeff Morgan (Ian Sera) souhaiterait voir du pays et vivre une aventure mouvementée. Son oncle William (le vénérable Peter Cushing) lui organise donc un long voyage en mer en compagnie de son tuteur (le balourd David Hatton, qui assure l’aspect « comique » du film). Le navire quitte le port de San Francisco, mais en cours de traversée un incendie se déclare à bord et tout l’équipage semble avoir trépassé. C’est alors que surgissent d’étranges hommes-poissons armés de torches. L’impact de ces monstres (variantes improbables de L’Étrange créature du lac noir) auprès des spectateurs est sérieusement amenuisé par le caractère grotesque de leur costume en caoutchouc. Affublés d’une grosse tête rigide et de mains palmées, ils déclenchent quelques éclats de rire involontaires. Pour échapper à cette menace improbable, les deux hommes se jettent à l’eau et s’échouent sur une île inconnue.

À partir de là, c’est à un véritable parc d’attractions que nous convie Juan Piquer, semant le chemin de ses héros de rencontres inattendues (un chimpanzé, des cannibales adeptes du sacrifice humain, des bandits enturbannés que mène le charismatique Terence Stamp, une jolie naufragée qui se déguise en bête effrayante et danse au son d’un vieux phonographe), et surtout des monstres tous plus ridicules les uns que les autres. Le premier d’entre eux – supposé être un dinosaure – annonce la couleur. Il s’agit d’un homme dans un costume en plastique aux allures de tatou bipède, aux dents pointues et aux yeux globuleux. Si les effets de perspectives forcée qui le combinent aux autres acteurs sont habiles, son look ressemble à une énorme blague, ce que semble vouloir confirmer la musique guillerette qui accompagne son apparition.

« Ça n’a aucun sens, tous ces monstres ! »

Cette créature impensable sera suivie d’espèces d’amas d’algues anthropomorphes qui attaquent nos héros sur la plage ainsi que de chenilles géantes qui sifflent et crachent de la fumée dans une jolie caverne tapissée d’or. « Ça n’a aucun sens, tous ces monstres », affirme Jeff en un éclair de lucidité. On ne saurait lui donner tort ! La chute du film – retournement de situation amusant mais relativement absurde – permet de comprendre l’aspect artificiel de toutes ces créatures, sans toutefois justifier les maladresses d’une aventure qu’on eut aimée moins balourde. Le générique affirme que ce récit est une adaptation de Jules Verne, le film étant d’ailleurs sorti en France en VHS sous le titre tout à fait trompeur de L’Île mystérieuse. Mais en réalité, Le Mystère de l’île des monstres ne présente aucun rapport avec le classique de Verne, si l’on excepte le principe de naufragés s’efforçant de survivre sur une île inconnue.

 

© Gilles Penso


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