LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR (1967)

Derrière ce titre torride se cache une fable de science-fiction où le célèbre duo Christopher Lee / Peter Cushing se donne la réplique…

NIGHT OF THE BIG HEAT

 

1967 – GB

 

Réalisé par Terence Fisher

 

Avec Christopher Lee, Patrick Allen, Peter Cushing, Jane Merrow, Sarah Lawson, William Lucas, Kenneth Cope, Percy Herbert

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Si Terence Fisher est un maître incontestable – et incontesté d’ailleurs – du film d’épouvante, ses incursions dans la science-fiction ne sont pas toujours aussi convaincantes, comme le prouve hélas cette Nuit de la grande chaleur qui sollicite pourtant la présence toujours réjouissante des immenses Christopher Lee et Peter Cushing. Adapté d’un roman de John Lymington publié en 1959 dont il reprend le titre, le film démarre à la façon d’un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir, avec son lot de mystères et de personnages pittoresques. Sur l’île de Fara, au nord de l’Angleterre, un microclimat inexpliqué provoque soudain une terrible montée de chaleur. Tandis que les employés de la station météo se perdent en conjectures, que le bienveillant docteur Stone (Cushing) s’efforce de calmer son entourage et que le taciturne professeur Hanson (Lee) effectue des recherches poussées sur le phénomène, le romancier Jeff Callum (campé par un Patrick Allen qu’on eut aimé plus expressif) reçoit Angela, sa nouvelle secrétaire.

Sans atteindre les sommets torrides que laisse imaginer le titre français un brin équivoque, La Nuit de la grande chaleur fait tout de même monter le mercure de quelques degrés lorsque paraît la secrétaire en question, car il s’agit de l’avenante Jane Merrow (habituée des séries britishs de l’époque, de Chapeau melon au Prisonnier en passant par Le Saint et Destination Danger). Peu avare de ses charmes, elle apporte une touche de sensualité à un scénario qui n’hésite pas à accumuler les clichés du soap opera, à grand renfort de dialogues excessifs dignes d’un roman photo. Car Angela est l’ancienne maîtresse de Callum, qu’elle souhaite reconquérir séance tenante, quitte à révéler leur liaison à l’épouse du romancier, tenancière de l’auberge du coin. Entre deux intrigues sentimentales à l’eau de rose, le film décrit les conséquences fâcheuses des hausses de température : les bouteilles explosent, les habitants sont à bouts de nerf, et quelques hommes s’affolent même face au corps constellé de sueur de la belle Angela (l’un d’eux tente même de la violer !).

Les aliens font monter la température

Parallèlement, un son strident et des éclats de lumière aveuglants frappent l’île, provoquant la mort du bétail et de plusieurs autochtones. Hanson finit par développer une théorie un peu folle : tous ces événements sont selon lui le prélude à une invasion extra-terrestre, les envahisseurs reproduisant sur l’île la température de leur planète afin de coloniser la Terre. Le savant assène une quantité d’explications pseudo-scientifiques, à base d’ondes envoyées par les hommes dans l’espace, pour étayer son propos. Personne ne cherchant à le contredire à ce stade du métrage, la riposte contre l’assaillant interplanétaire s’organise peu à peu. Le dernier quart d’heure du film nous offre enfin la vision de ces extra-terrestres aux ambitions hégémoniques, sous forme de blobs lumineux qui rampent à grand peine et provoquent pourtant des hurlements de terreur chez les personnages. Alors que tout semble perdu pour les survivants, un deus ex machina bien commode vient résoudre tous les problèmes de manière aussi absurde qu’abrupte. Sans doute peu convaincu lui-même par cette œuvre maladroite surfant sur la vogue de la série Quatermass, Terence Fisher revint dès l’année suivante à son genre favori avec Frankenstein créa la femme.

 

© Gilles Penso


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