Cette relecture du fameux roman de Stephen King, signée par le réalisateur de The Vigil, ne parvient pas à surpasser la version de 1984…
FIRESTARTER
2022 – USA
Réalisé par Keith Thomas
Avec Ryan Kiera Armstrong, Zac Efron, Sydney Lemmon, Kurtwood Smith, John Beasley, Michael Greyeyes, Gloria Reuben
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING
Le roman « Charlie » de Stephen King, publié en 1980, avait déjà fait l’objet d’une adaptation cinématographique sous la direction de Mark Lester, laquelle fut surtout médiatisée à l’époque pour la présence en tête d’affiche de Drew Barrymore (révélée dans E.T.) accompagnée de quelques solides partenaires tels que Martin Sheen ou George C. Scott. Une sorte de suite télévisée fut diffusée en 2002, signée Robert Iscove, puis « Charlie » retomba un peu dans l’oubli. Pour remettre au goût du jour la petite fille pyromane et lui offrir un long-métrage à la hauteur du roman qui lui donna naissance, les producteurs Jason Blum et Akiva Goldsman initient donc une nouvelle version, sous le double label de Blumhouse et Universal. Goldsman envisage un temps de réaliser Firestarter lui-même, puis cède sa place au cinéaste allemand Faith Akin (Soul Kitchen) qui lui aussi passe son tour. C’est finalement Keith Thomas qui hérite du bébé, sur la foi de son film d’horreur The Vigil qui parvenait à susciter un climat d’angoisse très efficace avec une remarquable économie de moyens. Or ce Firestarter cru 2022 cherche justement à aborder son sujet brûlant sous un angle intimiste.
C’est par une image paisible et douce que s’amorce d’ailleurs le film, celle d’un bébé allaité par sa mère. Mais le calme cède le pas à la panique lorsque l’enfant provoque un incendie à distance. Désormais âgée d’une dizaine d’années, Charlene « Charlie » McGee (Ryan Kiera Armstrong), s’efforce de vivre avec ses parents Vicky (Sydney Lemmon) et Andy (Zac Efron) l’existence tranquille d’une petite fille normale. Sauf que Charlie n’est pas comme les autres. Lorsque ses émotions sont trop fortes, elle enflamme littéralement son entourage. Non contentes de faire désordre, ces manifestations incendiaires risquent surtout d’attirer l’attention d’une organisation scientifique top-secrète qui cherche par tous les moyens à mettre la main sur cette mutante. Les parents de Charlie eux-mêmes furent les cobayes d’une expérience soi-disant inoffensive, l’injection de la drogue expérimentale baptisée Lot-6, les ayant dotés de capacités paranormales. Andy est désormais télépathe et Vicky douée de télékinésie, et chacun vit dans la peur d’être mis à jour. Lorsque Charlie provoque involontairement un accident incandescent dans son école, la situation bascule et la longue traque commence…
Où est Charlie ?
Bénéficiant du jeu tout en retenue de Zac Efron et Sydney Lemmon, de la mise en scène élégante de Keith Thomas (privilégiant les gros plans à la longue focale et les jeux sur les reports de mise au point) et d’une bande originale atmosphérique « so eighty » de John Carpenter, Cody Carpenter et Daniel Davies (qui signèrent pour Blumhouse la musique de la trilogie Halloween de David Gordon Green), le premier tiers de Firestarter est assez prenant, construit comme un lent crescendo laissant la tension s’installer et monter inexorablement. Mais lorsque le rythme s’emballe, le film perd paradoxalement toute son énergie, alors que la cavale aurait logiquement dû être le point culminant de Firestarter. Quelques idées intéressantes émergent, comme le transfert du pouvoir du père de Charlie à sa fille par télépathie, mais le film se traîne et s’engourdit sans jamais retrouver l’énergie et le punch de la version de 1984 qui – malgré ses imperfections – n’était pas avare en séquences d’action spectaculaires. De toute évidence, Mark Commando Lester était plus dans son élément que ne l’est Keith The Vigil Thomas. Le scénario de Scott Teems (Halloween Kills) intègre en outre maladroitement le motif du super-héros (via une réplique de la grande méchante incarnée par Gloria Reuben et l’imagerie de la capuche héritée d’Incassable). Même s’il nous épargne la scène post-générique à la Marvel, le film montre à travers sa fin ouverte une volonté manifeste de lancer une nouvelle franchise. Mais l’accueil glacial de la critique et du public étouffent ce projet dans l’œuf. Dans un registre similaire, on préfèrera très largement le Freaks de Zach Lipovsky et Adam B. Stein
© Gilles Penso
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