LE SAMARITAIN (2022)

Sylvester Stallone incarne un vieux super-héros qui vit dans l’anonymat jusqu’à ce qu’un redoutable gang ne le pousse à reprendre du service…

SAMARITAN

 

2022 – USA

 

Réalisé par Julius Avery

 

Avec Sylvester Stallone, Javon Walton, Pilou Asbaek, Dascha Polanco, Moisés Arias, Martin Starr, Sophia Tatum, Jared Odrick, Henry G. Sanders

 

THEMA SUPER-HÉROS

C’est à Bragi F. Schut (scénariste du Dernier des templiers, d’Escape Game et de plusieurs séries animées de la franchise Ninjago) que nous devons l’histoire du Samaritain, qui aborde le thème des super-héros sous un angle sombre et réaliste. En attendant de pouvoir en tirer un film, Schut adapte son scénario dans une série de romans graphiques dessinés par le duo Marc Olivent / Renzo Podesta et publiés par Mythos Comics. Début 2019, le studio MGM et la compagnie Balboa Productions font l’acquisition du script et se mettent au travail sur sa transposition à l’écran. La réalisation est confiée à Julius Avery, dont l’audacieux Overlord, mixage de film de guerre et de film de zombies, avait fait forte impression en 2018. Le projet semblait donc en de bonnes mains. Co-producteur du film, Sylvester Stallone annonce bientôt qu’il en tiendra aussi le premier rôle, ce qui a pour effet immédiat de faire monter d’un cran l’impatience du public. Hélas, signe des temps, Le Samaritain n’a pas les honneurs d’une distribution en salle (après que sa date de sortie ait été sans cesse repoussée) mais atterrit directement sur la plateforme Prime Video. C’est généralement mauvais signe…

Le prologue en image de synthèse, qui résume l’affrontement passé d’un super-héros (le Samaritain) et de son ennemi juré (Nemesis) dans la centrale électrique de Granite City, nous annonce d’emblée l’absence de finesse du film. Mise en image comme une animatique de jeu vidéo, narrée par une voix off enfantine, cette entrée en matière excessive ne fait pas dans la dentelle. Choisir d’ailleurs des noms aussi génériques pour les antagonistes nous laisse perplexes. Pourquoi ne pas carrément les appeler « Le Vilain » et « Le Héros » ? Ou « Le Méchant » et « Le Gentil » ? Toujours est-il que les deux surhommes ont disparu dans une grande explosion vingt-cinq ans plus tôt. Nemesis est mort et le Samaritain n’a plus jamais été revu. Le scénario s’intéresse alors à Sam Cleary (Javon Walton), un jeune garçon qui vit dans un quartier défavorisé avec sa mère. Pour pouvoir surmonter leur situation financière difficile, il commence à traîner avec les gangs qui écument le quartier. Alors qu’il se retrouve en très fâcheuse posture, Sam est sauvé par son voisin éboueur, Joe Smith (Sylvester Stallone), qui déploie sous ses yeux une force prodigieuse. Et si c’était lui, le Samaritain ?

Incassable ?

Pour être honnête, la cible visée par le film nous échappe. Choisir un garçon de treize ans comme protagoniste laisse imaginer que Le Samaritain s’adresse aux enfants et aux adolescents. Mais la brutalité, la violence et la noirceur dans lesquelles baigne le récit sont définitivement inadaptées à un tel public. Stallone lui-même semble indécis sur sa manière d’aborder le personnage, cultivant pendant la grande majorité du métrage une moue solitaire, taciturne et désabusée avant de passer sans transition à la rage bestiale d’un Hulk pendant les scènes de combat. Difficile de s’attacher à un tel super-héros. Ses déambulations monolithiques sous une capuche évoquent irrésistiblement le Bruce Willis d’Incassable, l’arme surpuissante du méchant (une masse/marteau) semble avoir été empruntée à Thor, le vilain qui harangue la foule pour la pousser à semer le chaos et l’anarchie se prend de toute évidence pour le Joker de The Dark Knight… Bref, nous avons déjà vu tout ça ailleurs. Il y a certes un antagoniste fort charismatique (Pilou Asbaek, vu dans Overlord, Ghost in the Shell et Game of Thrones) et un twist intéressant au cours du dernier acte. Mais c’est insuffisant pour dynamiser ce scénario désespérément basique nous offrant en guise de climax un gigantesque incendie numérique très peu crédible.

© Gilles Penso


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