Un cinquième épisode parfaitement facultatif qui achève la saga de La Planète des singes sur une note décevante…
BATTLE OF THE PLANET OF THE APES
1973 – USA
Réalisé par Jack Lee Thompson
Avec Roddy McDowall, Claude Akins, Natalie Trundy, Severn Darden, Lew Ayres
THEMA SINGES I VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA LA PLANÈTE DES SINGES
Souvent considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la franchise, La Conquête de la planète des singes avait été critiqué lors de sa sortie pour son caractère jugé trop violent par toute une frange du public. Le studio Fox ayant décidé de produire un ultime long-métrage avant que la saga puisse se poursuivre sous forme d’une série TV, il était capital à ses yeux d’adoucir la tonalité pour attirer des spectateurs de tous âges. Fidèle au poste depuis Le Secret de la planète des singes, le scénariste Paul Dehn est donc chargé d’écrire une Bataille de la planète des singes « tous publics ». Son premier jet déplait au producteur Arthur P. Jacobs et des soucis de santé l’empêchent de continuer. Les époux John William Corrington et Joyce Hooper Corrington (auteurs du Survivant) sont alors chargés de tout reprendre. Ils concoctent un récit assez simple, influencé par le mythe de Caïn et Abel, et optent pour un dénouement optimiste et positif. Lorsqu’il est à nouveau sur pied, Paul Dehn réécrit une grande partie de ce scénario et choisit une chute plus ambigüe. Suite à ces réécritures successives, on ne s’étonnera pas de découvrir un film décousu et bancal, hésitant sans cesse sur la bonne tonalité. Le budget très modeste d’1,7 millions de dollars n’aide pas, le réalisateur Jack Lee Thompson étant obligé – comme pour La Conquête de la planète des singes – de trouver mille astuces pour masquer les faibles moyens mis à sa disposition.
Nous voilà transportés dans un monde futur qu’il nous est difficile de raccorder avec la fin du film précédent. Dans une société relativement primitive, humains et gorilles vivent en paix sous la loi des singes. Le vieux roi César (Roddy McDowall) dirige cette communauté dans un esprit d’entente relative avec Aldo (Claude Akins), le leader des gorilles, qui semble pour sa part renouer avec les traditions guerrières. La paix entre les deux espèces se révélant de plus en plus difficile à maintenir, César se lance dans la quête de ses origines. Étant donné que ses parents Zira et Cornelius sont venus du futur, il espère trouver des enregistrement vidéo dans les ruines de la cité voisine susceptibles de lui offrir des réponses. Mais sur place, César et ses compagnons découvrent des humains mutants frappés par les radiations, derniers survivants d’un holocauste nucléaire, qui tentent de s’emparer d’eux. Ils parviennent à prendre la fuite, mais dès lors les mutants décident d’attaquer la cité des singes. C’est le moment que choisissent Aldo et ses gorilles pour se révolter…
Une boucle qui ne se boucle pas
La première énorme faiblesse de cet ultime opus provient des innombrables incohérences du scénario, incapable de succéder de manière logique au final très ouvert de La Conquête de la planète des singes. Rien ne permet de comprendre comment la révolte violente narrée dans la cité du film précédent s’est muée en cohabitation paisible au sein d’un village d’Épinal où soudain tous les singes sont doués de parole. Il nous semble avoir raté un épisode. Plus problématique encore : la fin de La Bataille de la planète des singes ne boucle pas du tout la boucle amorcée avec La Planète des singes, engendrant une frustration légitime auprès des spectateurs qui se régalaient justement du gigantesque paradoxe temporel déployé dans les quatre épisodes précédents. La seconde faiblesse du film est le manque de panache de sa mise en scène, corollaire à son budget anémique. Incapable de bénéficier de décors dignes de ce nom, d’effets spéciaux performants ou de figurants suffisamment nombreux pour la grande bataille finale, Jack Lee Thompson fait ce qu’il peut sans parvenir à sauver les meubles. Mieux vaut donc se passer de ce cinquième épisode et achever son visionnage de la saga par La Conquête de la planète des singes, bien plus satisfaisant en tant qu’ultime épisode. Les curieux noteront côté casting la présence du metteur en scène John Huston (Moby Dick), du chanteur Paul Williams (Phantom of the Paradise) et de John Landis (futur réalisateur du Loup-garou de Londres). Après ce film facultatif, la franchise se poursuivra sur le petit écran avec un certain succès.
© Gilles Penso
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