Dans une petite ville américaine, les victimes masculines se multiplient tandis qu’un étrange culte semble se pratiquer en secret…
INVASION OF THE BEE GIRLS
1973 – USA
Réalisé par Denis Sanders
Avec William Smith, Anitra Ford, Victoria Vetri, Cliff Osmond, Wright King, Ben Hammer, Anna Aries, Andre Philippe
THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS
Même si le titre L’Invasion des femmes abeilles semble renvoyer au cinéma de science-fiction des années 50/60 (on pense bien sûr à l’inénarrable La Femme guêpe de Roger Corman), le film de Denis Sanders s’inscrit résolument dans les seventies : la libération sexuelle est au cœur du récit, les filles se dénudent sans pudeur, la mise en scène est brute et dénuée d’artifices et la musique de Charles Bernstein accompagne les scènes d’action sur un tempo funky hérité de la blaxploitation. Dans la petite ville de Peckham, en Californie, la police enquête sur une série de morts étranges. Toutes les victimes sont des hommes sans antécédent cardiaque. Plus curieux encore : ils sont tous morts d’épuisement après une intense activité sexuelle. Une bizarrerie n’arrivant jamais seule, chaque fois qu’un homme succombe en exultant, un bruit d’essaim d’abeilles envahit la bande son. Neil Agar (William Smith) enquête pour la Sécurité Nationale, tout en flirtant au passage avec Julie Zorn (Victoria Vetri, la blonde héroïne de Quand les dinosaures dominaient le monde). Nous apprenons bientôt que dans cette petite ville, tout le monde s’ennuie donc tout le monde couche avec tout le monde, surtout les scientifiques qui s’avèrent plus « inventifs » que les autres en la matière !
Nos doutes commencent à converger vers l’énigmatique Susan Harris (Anitra Ford), responsable du département entomologie du laboratoire Brandt. Et effectivement, les mœurs de cette dernière dépassent largement le cadre de l’étrangeté. Une séquence nocturne mise en scène avec beaucoup d’inventivité en témoigne. Ainsi le montage alterne-t-il les images d’un documentaire sur les insectes, visionné par Julie et Neil, et celles de la soirée que passent Susan et Herb, un savant qu’elle a invité chez elle. Dans la salle de bains, le miroir à facettes dans laquelle se mire la belle évoque déjà les yeux d’un insecte. Bien vite, les événements tournent au torride. Susan ne se donne pas tout de suite à son hôte, se livrant d’abord à une espèce de parade amoureuse. Au moment de l’extase, ses yeux s’obscurcissent tandis que sa vision subjective est désormais celle d’un insecte, comme dans La Mouche noire. Herb est donc sa nouvelle victime.
La métamorphose
Chaque fois que cette mante d’un nouveau genre tue un homme, elle enlève son épouse et la transforme en femme-abeille. La métamorphose se fait en plusieurs phases. La femme est d’abord piquée par une broche en forme d’abeille. Elle est ensuite dévêtue et soumise à un rayon étrange. Puis on l’enduit des pieds à la tête d’une substance visqueuse et épaisse. Des milliers d’abeilles viennent alors recouvrir chaque millimètre carré de son corps. Lorsque la substance visqueuse a séché, on l’en extrait, comme un papillon sort de sa chrysalide. Ensuite, c’est le prélude à l’orgie. Toutes les filles se déshabillent alors et se caressent langoureusement la poitrine, au cours de la séquence la plus culte d’un film décidément hors norme. L’auteur de ce scénario dément n’est autre que Nicholas Meyer, futur instigateur de C’était demain et Star Trek 2. Après un climax frénétique, L’Invasion des femmes abeilles s’achève sur l’image d’insectes butinant paisiblement, aux accents du « Zarathoustra » de Strauss.
© Gilles Penso
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