LE PACTE DU SANG (2006)

Renny Harlin met en scène un groupe de jeunes sorciers menacés par l’un des leurs qui souhaite posséder tous leurs pouvoirs en les anéantissant…

THE COVENANT

 

2006 – USA

 

Réalisé par Renny Harlin

 

Avec Steven Strait, Laura Ramsey, Sebastian Stan, Chase Crawford, Toby Hemingway, Taylor Kitsch, Robert Crooks

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

À peine sorti du tournage de L’Exorciste au commencement, Renny Harlin enchaîne avec Le Pacte du sang, qui ressemble de prime abord à une version masculine de Dangereuse alliance ou de la série Charmed, ce qui n’est pas forcément bon signe. Les jeunes héros du film, « les fils d’Ipswich », y possèdent des pouvoirs spéciaux hérités de leurs lointains ancêtres, des sorciers chassés pendant l’inquisition. Ces capacités paranormales donnent lieu à des séquences spectaculaires portées par des effets numériques excessifs, comme lorsque la voiture de l’un d’entre eux entre de plein fouet en collision avec un poids lourd puis se reconstitue aussitôt sur la route. Pour donner corps à ces idées folles, six compagnies d’effets visuels sont conjointement sollicitées, dont les Français de chez Duran/Duboi. Pas spécialement réputé pour sa demi-mesure, le réalisateur d’Au revoir à jamais en fait ici des tonnes : musique tonitruante, projections lumineuses dignes d’un vidéoclip, trucages outranciers, effets sonores excessifs… Chaque fois qu’il fait nuit, des éclairs dignes de Zeus traversent les cieux. Dès qu’un personnage fait trois pas, la caméra fait des mouvements acrobatiques. Plus que jamais, Harlin appréhende la mise en scène comme une attraction de fête foraine, ce qui n’est pas désagréable mais ne comble évidemment pas les déficiences d’un scénario filiforme.

À l’âge de 18 ans, les pouvoirs de nos beaux gosses deviennent immenses (métaphore du passage à l’âge adulte ?). Or Caleb (Steven Strait, qui a des faux airs de Josh Hartnett et joue dans le même registre du beau ténébreux) est le prochain. Mais l’un d’entre eux semble se servir de ses pouvoirs à mauvais escient et cherche à récupérer les pouvoirs des autres pour pouvoir gagner en puissance et jeter des sorts à tout va, quitte à tuer tous ceux qui barreront sa route. Bref, c’est un méchant, un vrai, qui fait sien le leitmotiv de la saga Highlander : « il ne peut en rester qu’un ! » Certes, quelques séquences d’action font preuve d’une belle efficacité, comme ce saut périlleux au-dessus d’une voiture dont toutes les vitres explosent. Harlin ménage même une poignée de séquences d’angoisse réussies, notamment le cauchemar de Sarah (Laura Ramsey) qui voit sa chambre envahie par des milliers d’araignées en pleine nuit. Mais ce ne sont que des oasis dans le désert.

Aucune demi-mesure…

Lorsqu’ils ne s’envolent pas du haut des falaises, n’écoutent pas de la musique avec le volume à fond et ne draguent pas les filles, nos héros exhibent leurs muscles à la piscine ou dans les vestiaires, comme dans un film de David DeCoteau, le roi du fantastique à forte connotation gay. Quant au climax, il paie son tribut à Matrix, les deux antagonistes s’affrontant en apesanteur dans une grange en se balançant d’énormes jets d’énergie, tandis que la bande son se sature de guitares électriques énervées. La fin du Pacte de sang est volontairement ouverte, dans l’espoir de rentabiliser les vingt millions de dollars du budget en initiant une saga. Mais le succès n’est pas suffisant, et ce besogneux récit de jeunes sorciers se perd peu à peu dans les méandres de l’oubli. Mais où est donc passé le génial réalisateur de 58 minutes pour vivre et Cliffhanger ?

 

© Gilles Penso


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