Dans ce film d’espionnage qui préfigure le Scanners de David Cronenberg, des hommes doués de pouvoirs paranormaux s’affrontent…
THE POWER
1968 – USA
Réalisé par Byron Haskin
Avec George Hamilton, Gary Merrill, Suzanne Pleshette, Earl Holliman, Arthur O’Connell, Nehemiah Persoff, Michael Rennie
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX
La fin des années 60 étant plus propice aux thrillers modernes qu’aux contes de fées colorés et naïf, le cinéaste et producteur George Pal, habitué aux féeries telles que Les Aventures de Tom Pouce, Les Amours enchantées ou Le Cirque du Dr Lao, décide de changer de registre en 1968 avec La Guerre des cerveaux. Le scénario se concentre sur un groupe de savants américains engagés dans une série d’expériences sur les limites de l’endurance humaine. L’un d’eux, Hallson, a l’impression qu’une super-intelligence, un mystérieux « pouvoir », se joue d’eux et tend à dominer leur volonté. Il confie ses soupçons à ses collègues, mais son corps est retrouvé mort dans une centrifugeuse avant qu’il n’ait eu le temps de révéler au professeur Jim Tanner le nom de la personne qu’il suspectait. Aidé par sa collègue et petite amie Marge Lansing, Tanner, qui devient le suspect numéro un, commence son enquête personnelle. Ses investigations convergent toutes vers un personnage énigmatique nommé Adam Hart. Peu à peu, tous les scientifiques de son équipe sont tués dans d’étranges circonstances, et Tanner lui-même échappe à plusieurs tentatives spectaculaires d’assassinat. Pour sauver sa peau et se disculper, il va devoir mettre la main sur ce « cerveau » capable d’influencer le comportement des gens et de provoquer des phénomènes paranormaux.
Ils sont bien loin, les dragons et les elfes des films précédents de George Pal ! Avec La Guerre des cerveaux, supporté par un casting de haut niveau, le cinéaste/producteur se place plutôt dans la mouvance des James Bond et autres films d’action de l’époque. D’où certaines séquences échevelées, comme la fuite du héros au milieu d’un champ de tir de l’US Air Force, la course-poursuite en voiture qui s’achève dans un fleuve ou l’escalade au-dessus d’un ascenseur défectueux. Byron Haskin, qui avait déjà collaboré avec Pal à l’occasion de La Conquête de l’espace et La Guerre des mondes, signe là une mise en scène nerveuse et stylisée, jouant à varier les motifs visuels autour de divers mouvements circulaires (la centrifugeuse, un disque sur un électrophone, un papier qui tourne sur son axe, un manège qui s’emballe).
Le combat des télépathes
Miklos Rozsa, pour sa part, concocte une partition surprenante, symbolisant les manifestations surnaturelles par l’usage du cymbalum (l’instrument est d’ailleurs présent physiquement pendant le générique de début et au cours de quelques séquences clef). Incapable de refouler totalement ses premières amours, George Pal recourt malgré tout à quelques trucages artisanaux à base d’animation image par image, notamment lorsque Tanner découvre que des jouets s’animent seuls dans la vitrine d’un magasin (les petits soldats qui marchent en formation et font feu évoquent irrésistiblement la série Les Puppetoons), et au cours d’un climax surréaliste où notre héros est confronté aux pouvoirs du dangereux télépathe, imaginant son corps en train de geler et de se briser en morceaux, puis de brûler avant de se muer en squelette grimaçant. De toute évidence, David Cronenberg se souviendra de La Guerre des cerveaux lorsqu’il s’attellera à Scanners.
© Gilles Penso
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