Pour son premier film en tant que réalisateur, Robert Englund met en scène un service téléphonique connecté directement au diable…
976-EVIL
1988 – USA
Réalisé par Robert Englund
Avec Stephen Geoffreys, Patrick O’Bryan, Lezlie Deane, Jim Meltzler, Maria Rubell, Sandy Dennis, J.J. Cohen, Darren E. Burrows, Gunther Jenson, Robert Picardo
THEMA DIABLE ET DÉMONS
À l’instar de 36-15 code : Père Noël, 976-Evil est un film dont le titre est rapidement devenu obsolète dans la mesure où il se réfère à un service en ligne en vogue dans les années 80 puis passé de mode. À l’époque, en tapant 976 puis un mot clé avec les touches du téléphone, il était possible d’avoir les prévisions des résultats sportifs, de discuter avec le Père Noël ou de participer à des conversations coquines. Il n’en faut pas plus pour enflammer l’imagination fébrile de deux scénaristes amateurs du cinéma de genre, Rhet Topham et Brian Helgeland. Le premier a écrit Trick or Treat. Le second est l’auteur du Cauchemar de Freddy puis entrera dans la cour des grands en signant les scripts d’œuvres du calibre de L.A. Confidential, Mystic River ou Man on Fire. Tous deux s’attellent donc à 976-Evil qui, comme son titre l’indique, met en scène un service téléphonique diabolique. La mise en scène échoit à Robert Englund. Après plusieurs années de bons et loyaux services face à la caméra (couronnées par Les Griffes de la nuit et ses suites qui le transformèrent en superstar de l’horreur), l’interprète de Freddy Krueger décide ainsi de passer à la mise en scène. Si ses capacités en ce domaine restent alors à prouver, l’argument marketing est imparable. « Freddy derrière la caméra ! » peut-on ainsi lire sur les posters du film.
Leonard « Spike » Johnson et Hoax Arthur Wilmoth sont deux cousins que tout sépare. Le premier est un sympathique bad boy en blouson noir incarné par le charismatique Patrick O’Bryan à l’aplomb impeccable. Le second est un geek complexé qui vit sous l’emprise de sa mère bigote et à qui Stephen Geoffreys (le fameux Evil Ed de Vampire vous avez dit vampire ?) prête ses traits juvéniles. L’un multiplie les conquêtes sur sa pétaradante moto virile, l’autre se contente de fantasmer et de subir les agressions des loubards du coin. Mais les choses vont changer avec l’apparition d’une petite carte publicitaire vantant les mérites du service d’horoscope en ligne « 976-Evil ». Spike est le premier à le tester. Mais la voix sépulcrale à l’autre bout du fil et les étranges coïncidences qui surviennent après ses prédictions en forme de poèmes sibyllins ne lui disent rien de bien qui vaille. Il lâche donc l’affaire. Lorsque Hoax tombe à son tour sur cet étrange service en ligne, la donne n’est plus la même. Il semble trouver là le moyen de combler ses frustrations et de prendre sa revanche sur ceux qui l’ont humilié…
Raccrochez, c’est une horreur !
L’idée était amusante, mais pour qu’elle donne naissance à un bon film il aurait fallu un scénario mieux construit, moins erratique et surtout plus abouti vis-à-vis des nouveaux pouvoirs du croquemitaine démoniaque que devient Hoax après une exposition prolongée à « la ligne du diable ». Car le voilà soudain mué en une sorte de démon grimaçant et farceur aux ongles crochus et à la peau reptilienne qui, selon l’inspiration, se venge à l’aide de tarentules (une scène dont le potentiel est en partie ruiné par l’apathie léthargique des pauvres bestioles), de ses griffes, de sa force soudain herculéenne ou de capacités paranormales incompréhensibles. Étant donné que la grande majorité des personnages adopte un comportement absurde et excessif et que personne n’est vraiment attachant, l’intérêt du spectateur s’émousse peu à peu. Robert Englund assure le service minimum, sans maladresse ni éclat. Sa mise en scène un peu anonyme s’appuie sur l’esthétique habituelle des films d’horreur de l’époque – elle-même sous influence des clips musicaux alors au sommet de leur vogue – et tente de compenser le manque de moyens par des effets spéciaux pas toujours très concluants mixant les prises de vues réelles et des décors miniatures. Même le maquilleur Kevin Yagher, habituellement plus inspiré (les sagas Freddy et Chucky, Les Contes de la crypte), se contente ici d’élaborer un monstre à la facture peu mémorable. Après 976-Evil, Robert Englund réalisera deux épisodes de la série Les Cauchemars de Freddy et beaucoup plus tard la comédie horrifique Killer Pad.
© Gilles Penso
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