Un homme s’installe avec sa nouvelle épouse dans une maison qui semble hantée par la présence fantomatique de sa précédente femme…
THE SCREAMING SKULL
1958 – USA
Réalisé par Alex Nicol
Avec John Hudson, Peggy Webber, Russ Conway, Alex Nicol, Tony Johnson
THEMA FANTÔMES
Le Crâne hurlant est le premier film d’Alex Nicol, acteur dans bon nombre de séries B depuis le tout début des années 50. Sa motivation première, en dirigeant ce petit film d’horreur sans prétention, fut de s’attribuer un rôle intéressant en rupture avec ce que les cinéastes lui proposaient jusqu’alors. Il s’octroie donc le personnage de Mickey, un jardinier simple d’esprit et inquiétant qui participe à l’atmosphère étrange du film. Le scénario, signé par le vétéran de la télévision John Kneubuhl, s’inspire officieusement d’un récit d’épouvante classique écrit par Francis Marion Crawford en 1906. Tourné en six semaines avec des moyens très réduits, Le Crâne hurlant n’hésite pas à en faire des tonnes pour attirer le public et susciter le grand frisson. La voix off qui s’exprime au cours du prologue ne recule déjà devant aucune outrance. « Le Crâne Hurlant est un film qui atteint son climax dans l’horreur la plus totale », nous affirme-t-elle. « Son impact est si terrifiant qu’il pourrait avoir un effet imprévu : il pourrait vous tuer. Par conséquent, il n’est pas conseillé à des personnes susceptibles de mourir de peur en regardant Le Crâne Hurlant. » Aussitôt apparaît à l’écran un cercueil qui s’ouvre tout seul, à l’intérieur duquel se trouve un message écrit : « réservé pour vous ». Nous voilà conditionnés.
Une maison de campagne, un marécage où coasse une grenouille, beaucoup de fumigènes et soudain un crâne qui émerge de l’eau… Alex Nicol ne ménage pas ses effets. Puis nous découvrons nos protagonistes : Eric (John Hudson), dont la chère et tendre épouse Marian est décédée, et sa nouvelle femme Jenny (Peggy Webber), qui s’installe avec lui dans une grande maison vide et triste qu’il va falloir meubler et décorer. C’était inévitable, la présence de la défunte est partout : dans la maison, dans le jardin, dans les pensées d’Eric. Le récit évoque du coup l’incontournable Rebecca d’Alfred Hitchcock. Le jardinier Mickey (joué donc par le réalisateur) était lui-même très attaché à Marian, au point de parler à son portrait et de s’isoler dans la serre pour pleurer. Deux autres personnages font bientôt leur apparition : le révérend Snow et son épouse (Russ Conway et Tony Johnson), qui habitent non loin. En tout et pour tout, il n’y a donc que cinq acteurs dans le film. Le trouble s’installe lorsque nous découvrons que les parents de Jenny sont morts noyés, tout comme Marian. Or la santé de cette nouvelle épouse semble fragile. La nuit, elle entend des hurlements, voit apparaître un crâne dans un placard, découvre soudain des marques de griffures sur les mains. S’agit-il de manifestations surnaturelles ? D’un trouble mental ? D’une machination ? Toutes les hypothèses semblent possibles…
Un enterrement offert !
Le scénario s’avère assez bien ficelé, garni de répliques qui font mouche (« on se crée une prison en vivant dans les regrets du passé ») mais un tel sujet aurait mérité un travail beaucoup plus minutieux sur l’atmosphère et la mise en forme pour fonctionner correctement. Or la mise en scène s’avère désespérément académique, la photographie sans relief, les décors dénués de caractère. Le Crâne hurlant reprend ainsi les codes du cinéma gothique sans se donner les moyens de lui offrir l’écrin nécessaire. Il faut tout de même saluer les efforts du compositeur Ernest Gold (qui sera oscarisé deux ans plus tard pour la célèbre bande originale d’Exodus). Modulant habilement sa musique pour évoquer toute la palette d’émotions frappant les personnages, il passe en quelques secondes de l’ambiance guillerette à la tension ou au mystère, tout en expérimentant de nombreuses variantes sur la « Symphonie Fantastique » d’Hector Berlioz (tout particulièrement le « Songe d’une nuit de Sabbat ». A ces compositions s’ajoutent les cris nocturnes des paons, le vent dans les branches, les volets qui claquent ou encore les pas dans les couloirs, contribuant à créer une ambiance sonore lugubre. Très inspirée des facéties du cinéaste William Castle, la publicité de l’époque affirmait qu’un enterrement était offert à toute personne qui mourait de peur pendant le film ! Personne n’eut besoin de réclamer ce prix macabre, Le Crâne hurlant n’ayant reçu qu’un accueil mitigé lors de sa sortie.
© Gilles Penso
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