Cinq militaires se crashent en avion sur une île peuplée de pin-up préhistoriques peu pudiques et de dinosaures agressifs…
DINOSAUR ISLAND
1994 – USA
Réalisé par Fred Olen Ray et Jim Wynorski
Avec Ross Hagen, Richard Gabai, Antonia Dorian, Griffin Drew, Michelle Bauer, Peter Spelllos, Tom Shell, Steve Barkettt, Bob Sheridan, Toni Naples
THEMA DINOSAURES
Roger Corman est sans doute le plus malin et le plus opportuniste de tous les producteurs. À l’annonce imminente de la sortie de Jurassic Park, il initie en quatrième vitesse Carnosaur pour couper l’herbe sous les pieds du studio Universal. Pari réussi : son petit film d’horreur bâti sur des dinosaures génétiquement modifiés attire les curieux dans les vidéoclubs. Entretemps, le blockbuster jurassique de Steven Spielberg remplit toutes les salles de cinéma du monde et provoque un phénomène sans précédent. Corman choisit donc de surfer une nouvelle fois sur ce succès colossal et commande un autre film d’inspiration préhistorique. Pour la réalisation, il réunit deux vieux habitués des séries B décomplexées : Jim Wynorski (Shopping, Le Vampire de l’espace, Le Retour de la créature du lagon) et Fred Olen Ray (Scalps, Hollywood Chainsaw Hookers, L’Invasion des cocons). La bride sur le cou, ils n’ont qu’une seule véritable contrainte : réutiliser les dinosaures mécaniques construits par John Carl Buechler pour Carnosaur afin d’éviter de trop grosses dépenses. L’histoire écrite par Bob Sheridan nécessitant d’autres créatures, les duettistes se tournent vers le très talentueux superviseur d’effets spéciaux Jim Danforth (Quand les dinosaures dominaient le monde). Mais à force de restreindre son budget et de compliquer son travail, ils provoquent son départ. C’est le beaucoup moins prestigieux Hal Miles (assistant souvent non crédité sur des films comme Freddy 5 ou Gremlins 2) qui le remplace. Cela dit, les dinosaures ne sont que des éléments secondaires de l’intrigue. L’attraction principale du film, ce sont les jolies filles en peau de bête.
De fait, même si le triomphe de Jurassic Park reste le prétexte à l’origine du film, l’inspiration d’Olen Ray et Wynorski penche plus du côté d’Un million d’années avant JC, dont Dinosaur Island représente une sorte de variante « cheap » mettant l’accent sur l’érotisme et la comédie. La scène d’introduction donne immédiatement le ton. Alors qu’une sauvageonne aux seins nus se lance dans une danse tribale effrénée au milieu d’une peuplade de cro-mignonnes en bikini à fourrure, une femme dénudée est offerte en sacrifice à un tyrannosaure (la fameuse marionnette grandeur nature de Carnosaur) qui se prend pour King Kong en se jetant sur la blonde qui s’époumone. Puis changement de décor : nous voilà dans un avion militaire à bord duquel trois déserteurs sont escortés par un capitaine autoritaire vers la cour martiale. Suite à l’avarie d’un des moteurs, l’avion se crashe dans l’océan, en plein Pacifique. Nos militaires naufragés découvrent alors une île sauvage peuplée par les fameuses femmes préhistoriques du prologue ainsi que par une faune antédiluvienne pas franchement amicale…
Monstres préhystériques
Dans ce film potache où tout le monde joue globalement très mal, les soldats rivalisent de bêtise – avec une mention spéciale pour le gai luron Skeemer (Richard Gabai) qui se croit obligé de cumuler les bons mots idiots et de grimacer. Quant aux filles, elles parlent parfaitement l’anglais – ce qui s’avère très pratique -, se baignent dans la rivière en gloussant, se battent mollement avec des lances, prennent les visiteurs pour des dieux, se livrent à des combats de catch féminin et exhibent leur poitrine dès que l’occasion se présente – donc assez souvent. Autant dire que les choses ne volent pas haut. Les dinosaures eux-mêmes (« génétiquement conçus et dressés par John Carl Buechler » d’après le générique) n’ont rien de très excitant. Au-delà des rescapés de Carnosaur, autrement dit le T-Rex (un robot grandeur nature pour les gros plans, une poupée miniature en perspective forcée pour les plans larges) et le deinonychus (une marionnette qui gigote vaguement dans les branches), nous avons droit à quelques figurines très maladroitement animées en stop-motion (un brontosaure, un tricératops, un ptéranodon, un insecte bizarre) et à un homme dans un costume de bête indéfinissable à mi-chemin entre l’extra-terrestre et l’ours des cavernes. Ray Harryhausen, qui n’en demandait pas tant, est remercié au générique. Quant à Roger Corman, il s’avoua très déçu par le film, même si son bon accueil dans les vidéo-clubs calma ses frustrations.
© Gilles Penso
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