Une adaptation de « L’Affaire Charles Dexter Ward » de H.P. Lovecraft, signée par le réalisateur du Retour des morts-vivants…
THE RESURRECTED / SHATTERBRAIN
1991 – USA
Réalisé par Dan O’Bannon
Avec John Terry, Jane Sibbett, Chris Sarandon, Robert Romanus, Charles K. Pitts, Megan Leitch, Lauren Briscoe
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Connu surtout pour ses travaux de scénariste (Dark Star, Alien, Réincarnations, Métal hurlant, Tonnerre de feu, Lifeforce, L’invasion vient de Mars, Total Recall, Planète hurlante), Dan O’Bannon n’aura signé que deux longs-métrages en tant que réalisateur : le célèbre Retour des morts-vivants et le moins connu Resurrected, resté inédit en nos contrées. Il s’agit d’une adaptation modernisée – mais qui se veut relativement fidèle – de la nouvelle « L’Affaire Charles Dexter Ward » d’H.P. Lovecraft. Une première variante autour de ce récit avait été tournée en 1963 par Roger Corman sous le titre La Malédiction d’Arkham, qui mixait les écrits de Lovecraft avec ceux d’Edgar Poe (à l’époque, l’auteur des « Histoires extraordinaires » était beaucoup plus connu du grand public que celui de « L’Appel de Cthulhu »). Le scénario de The Resurrected est passé par plusieurs étapes avant de connaître sa forme définitive. L’auteur Brent V. Friedman écrit d’abord une histoire de son côté (baptisée Shatterbrain), tandis qu’O’Bannon développe son propre script (sous le titre de The Ancestor). Les deux versions sont fusionnées, mais O’Bannon ne conserve que peu d’idées de son confrère. Il sera d’ailleurs le seul à être crédité comme scénariste au générique.
L’intrigue se situe à notre époque mais s’efforce de conserver l’esprit des écrits de Lovecraft. Claire Ward (Jane Sibbett, l’ex-femme de Ross dans Friends) engage le détective privé John March (John Terry, le Felix Leiter de Tuer n’est pas jouer) pour enquêter sur les activités de plus en plus étranges de son mari Charles Dexter Ward (Chris Sarandon, suceur de sang dans Vampire vous avez dit vampire), un ingénieur chimiste réputé de Rhode Island. Nous sommes donc d’abord plongés dans l’ambiance d’un film noir. Il semblerait que Ward se soit passionné pour l’histoire de sa famille et de ses ancêtres, notamment un certain Joseph Curven dont il serait le portrait craché. Installé dans une ferme ancestrale abandonnée près de Pawtuxet, il poursuit dès lors des travaux mystérieux qui soulèvent l’inquiétude du voisinage. Lorsque la mort se met à roder dans les parages, l’affaire prend une tournure particulièrement inquiétante…
La chair et le sang
La première partie de The Resurrected souffre d’une mise en scène anonyme de téléfilm et accuse un rythme un peu languissant. Mais les choses s’améliorent par la suite, ponctuées par des visions cauchemardesques pour lesquels le virtuose des effets spéciaux Todd Masters s’en donne à cœur joie. Le film bascule définitivement au cours de ce flash-back qui révèle en plan-séquence le regard affolé d’une créature abominable constituée de restes humains mutilés et difformes qui vivent encore. Plus tard, ce sont des morceaux de chair qui reviennent à la vie et se métamorphosent, ou encore un monstre hideux à moitié dépecé qui attaque nos héros dans les catacombes du nécromancien. Quant au final complètement délirant, il rend à sa manière une sorte d’hommage à Ray Harryhausen (Le 7ème voyage de Sinbad, Jason et les Argonautes). Visiblement, le film ne correspond pas à ce que Dan O’Bannon avait en tête. Le studio aurait en effet refait le montage sans lui demander son accord, évacuant au passage tout l’humour qu’il souhaitait y injecter. Voilà qui explique sans doute pourquoi nous ne retrouvons pas le grain de folie du réalisateur du Retour des morts-vivants. Sans forcément suivre la voie des adaptations de Lovecraft par Stuart Gordon et Brian Yuzna, un peu plus d’exubérance n’aurait sans doute pas nui. Le rythme global aurait mérité d’être resserré, la musique de Richard Band un peu plus inspirée. La société de distribution Interstar Releasing ayant fait faillite au début des années 90, The Resurrected ne sortit jamais en salle et fut directement exploité en vidéo.
© Gilles Penso
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