Un tremblement de terre gigantesque secoue toute la côte Ouest des États-Unis. Mais pas d’inquiétude, The Rock est là…
SAN ANDREAS
2015 – USA
Réalisé par Brad Peyton
Avec Dwayne Johnson, Carla Gugino, Alexandra Daddario, Ioan Gruffudd, Archie Panjabi, Paul Giamatti, Hugo Johnstone-Burt, Art Parkinson, Will Yun Lee, Kylie Minogue
THEMA CATASTROPHES
San Andreas est une idée de producteur. Un beau jour, le prolifique Beau Flynn (Requiem for a Dream, L’Exorcisme d’Emily Rose, Voyage au centre de la Terre) se dit qu’il aimerait bien mettre sur pied un film catastrophe à grand spectacle qui tirerait profit de la technologie 3D. New Line Cinema s’embarque dans l’aventure et dès lors un scénario est commandité à Jeremy Passmore (L’Aube rouge) et Andre Fabrizio (Vice). Un nombre incalculable de scénaristes se passera ensuite le relais pour modifier, retoucher et compléter l’histoire, notamment Carlton Cuse (Lost) et les duettistes Carey et Chad Hayes (la saga Conjuring). On l’a compris, l’objectif est ici la quête du concept fort, pas la quelconque vision d’un auteur ou d’un cinéaste. Le réalisateur sélectionné pour diriger San Andreas est d’ailleurs un habile faiseur qui n’a jamais cherché à mettre en avant sa personnalité, en l’occurrence Brad Peyton (Comme chiens et chats : la revanche de Kitty Galore, Voyage au centre de la Terre 2). En tête d’affiche, Beau Flynn pense rapidement au colossal Dwayne Johnson, qui est alors en plein tournage d’une de ses productions sous la direction de Brett Ratner : Hercule. L’ex-catcheur reçoit le scénario sur le plateau, le lit d’une traite et accepte immédiatement. La machine est lancée, le blockbuster est en marche.
Le prologue de San Andreas est une séquence de sauvetage mouvementée déconnectée de l’intrigue principale qui assoit Dwayne Johnson comme héros habile et intrépide. The Rock incarne ainsi Ray Gaines, un pilote d’hélicoptère de secours des pompiers de Los Angeles. En instance de divorce avec Emma (Carla Gugino) qui est sur le point de refaire sa vie avec le brillant architecte Daniel Riddick (Ioan Gruffudd, ex-homme élastique des Quatre fantastiques), il est père d’une charmante adolescente, Blake (Alexandra Daddario, qui a en réalité trente ans au moment du tournage). Cette petite famille dysfonctionnelle est sur le point d’éclater en morceaux lorsque le plus gros séisme de l’histoire des États-Unis se met à frapper toute la côte Ouest. San Andreas est donc une sorte de remake du Tremblement de terre de Mark Robson auquel il ajoute la figure du « super-héros » musclé et intrépide. Or la force des films catastrophe des années 70 était de laisser apparaître les vraies personnalités de chacun face à l’adversité : la lâcheté, l’héroïsme, l’égoïsme, l’altruisme. Dans le cas de San Andreas, nous avons déjà un super-justicier clairement identifié. Son comportement ne fait donc aucun doute. Le scénario intègre certes un trauma situé dans le passé du héros et de son ex-femme pour renforcer les liens et ajouter du drame, mais le traitement caricatural des personnages (notamment celui du beau-père, taillé d’un seul bloc) n’aide pas à la crédibilité des comportements.
La faille
San Andreas est ce qu’on pourrait appeler un film « confortable », dans la mesure où il donne au spectateur ce qu’il attend, ni plus, ni moins. Les audaces n’existent que dans le déploiement technique et la folie des séquences d’action, surtout pas dans le scénario. Il est d’ailleurs intéressant de constater à quel point la bande originale composée par Andrew Lockington est passe-partout, sorte de bibliothèque de morceaux préfabriqués (l’émotion, le suspense, l’héroïsme, le danger) susceptible de s’adapter à n’importe quelle superproduction de manière interchangeable. Restent donc les morceaux de bravoure spectaculaires, qui tirent leur efficacité de leur énormité : la pulvérisation quasi-instantanée d’un barrage, l’hélicoptère qui slalome entre des immeubles en train de s’écrouler comme un château de cartes, le saut en bateau au-dessus du tsunami… Certes, depuis que Roland Emmerich a tout détruit avec 2012 on ne s’étonne plus de rien, mais le spectacle reste très impressionnant, à défaut d’être plausible. Ces enchevêtrements d’immeubles effondrés, de grues désarticulées, de navires échoués et d’avions crashés nous offrent des visions dantesques et délicieusement surréalistes. Sans échapper totalement aux stigmates hérités des films d’Emmerich ou Michael Bay (on invoque Dieu, on se sacrifie au ralenti, on contemple le drapeau américain qui flotte fièrement), San Andreas s’en distingue par une légèreté à la lisière de l’insouciance qui le rend finalement plus sympathique.
© Gilles Penso
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