MUTANT (1984)

Une petite ville de l’Amérique profonde est victime d’un fléau qui transforme peu à peu tous les habitants en mutants/zombies…

NIGHT SHADOWS / MUTANT

 

1984 – USA

 

Réalisé par John Bud Cardos

 

Avec Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey, Jennifer Warren, Danny Nelson, Mary Nell Santacroce, Stuart Culpeper

 

THEMA MUTATIONS I ZOMBIES

Au tout début des années 80, alors qu’ils travaillent aux studios MGM en tant que simples coursiers, John C. Kruize et Michael Jones décident d’écrire ensemble un film d’horreur qu’ils baptisent alors The Pestilence, influencé en partie par le roman « Le Fléau » de Stephen King. En quelques mois, à raison de sessions de travail régulières pendant les pauses déjeuner, ils arrivent au bout de leur histoire. Il y est alors question d’un virus de grippe mutant, issu de recherches secrètes sur la création d’armes bactériologiques, qui infecte un employé de laboratoire et se propage bientôt dans une région isolée des Rocheuses. Edward Montoro, président de la compagnie Film Ventures International, s’intéresse à ce scénario à condition d’y apporter un certain nombre de changements. L’arme bactériologique se transforme ainsi en empoisonnement aux déchets toxiques et le titre The Pestilence est remplacé par Night Shadows. Puis vient le moment de trouver un réalisateur. La production embauche dans un premier temps Mark Rosman (The House on Sorority Row), mais celui-ci quitte le navire au bout de quelques jours de tournage suite à une mésentente avec le studio. Il est relayé au pied levé par John Bud Cardos (L’Horrible invasion, Le Jour de la fin des temps). Ce dernier, habitué au cinéma de genre à petit budget, fait ce qu’il peut avec la modeste enveloppe de 2,5 millions de dollars mise à sa disposition.

Les protagonistes du film sont Josh (Wings Hauser) et Mike Cameron (Lee Montgomery), deux frères profitant de quelques jours de vacances pour se la couler douce dans le Sud des États-Unis. Josh a beau être l’aîné, il est beaucoup moins raisonnable et mature que son frère, s’amusant à faire des slaloms sur la route jusqu’à attirer la colère d’un groupe de rednecks en camionnette qui les prennent en chasse et font tomber leur voiture dans une rivière. Désormais piétons, ils débarquent dans une ville minuscule pas particulièrement engageante. Les habitants semblent y être victimes d’une maladie contagieuse qui les cloue au lit les uns après les autres. Mais ce virus n’a rien d’une banale grippe. Ceux qui sont contaminés se transforment en effet en mutants blafards au comportement de zombies exsudant un liquide jaune moutarde poisseux et incandescent. L’origine du mal semble être une usine chimique en bordure de la ville…

La nuit des mutants vivants

En début de métrage, John Bud Cardos s’amuse à brosser à coup de saynètes cocasses le portrait de cette petite ville américaine campagnarde, voisine de celle de L’Horrible invasion. Le film prend d’ailleurs son temps pour s’attacher aux personnages (les deux frères, le shérif, le docteur, les piliers du bar, la jeune institutrice) avant de déclencher le drame, même si plusieurs signes inquiétants s’installent dès les premières minutes. Malgré cette approche intéressante et la solidité de sa mise en scène, John Bud Cardos ne parvient pas vraiment à passionner ses spectateurs, dans la mesure où le scénario arpente prudemment des sentiers maintes fois battus depuis La Nuit des morts-vivants. Même les maquillages spéciaux (œuvre de Dave Miller, le créateur de Freddy Krueger) empruntent sagement les mêmes partis pris visuels que ceux du film séminal de George Romero. Le film échouant à effrayer son public et mettant la pédale douce sur l’horreur, rien ne lui permet vraiment de sortir du lot. Exploité d’abord en salles sous le titre de Night Shadows, il sera rebaptisé Mutant au moment de sa distribution en vidéo (ce qui entraînera une confusion avec le Mutant d’Alan Holzman sorti deux ans plus tôt). Suite aux mauvais résultats du film au box-office, le producteur Edward Montoro ferma Film Ventures International, empocha un million de dollars dans les caisses de la société et disparut dans la nature.

 

© Gilles Penso


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