MOONTRAP (1989)

Échappés de Star Trek et Evil Dead, Walter Koenig et Bruce Campbell affrontent de redoutable robots extra-terrestres sur la Lune…

MOONTRAP

 

1989 – USA

 

Réalisé par Robert Dyke

 

Avec Walter Koenig, Bruce Campbell, Leigh Lombardi, Robert Kurcz, John J. Saunders, Reavir Graham, Tom Case

 

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS I EXTRA-TERRESTRES

Voilà un film qui mise tout sur son casting. Voir Bruce Campbell, le héros d’Evil Dead, et Walter Koenig, le lieutenant Chekov de Star Trek, se partager la vedette dans un space opera futuriste avait de quoi titiller tous les fans de fantastique et de science-fiction. Sur le papier, c’était excitant. À l’écran, ça l’est malheureusement beaucoup moins. Imaginé par Tex Ragsdale, le scénario de Moontrap est confié au réalisateur Robert Dyke, qui effectue à cette occasion ses débuts dans la mise en scène. Sa carrière était en effet jusqu’alors consacrée aux effets spéciaux. Nous lui devons notamment des maquettes pour Evil Dead 2, des effets visuels pour Bigfoot et les Henderson ou encore des matte paintings pour The Wrong Guys. L’homme semble être taillé sur mesure pour relever les nombreux défis techniques du film, lequel ne recule devant aucune ambition malgré un budget anémique. Le générique du début égrène quelques images d’archive de la mission Apollo 11 sur la Lune, avec comme fond sonore les discussions entre la NASA et les astronautes. Ces prises de vues légendaires datées du 20 juillet 1969 font toujours leur petit effet, même si le montage les étire un peu artificiellement, jusqu’à insérer un plan d’effets spéciaux inattendu : une sorte d’œil robotique qui émerge du sol lunaire, observe le module d’atterrissage au moment de son décollage puis s’enfouit à nouveau sous le sable de la Lune…

Vingt ans plus tard, nous voilà transportés à bord de la navette spatiale Camelot, pilotée par deux visages familiers, le colonel James Grant (Walter Koenig) et son collègue Ray Tanner (Bruce Campbell). Les valeureux astronautes, qui semblent liés par une belle complicité et ne sont pas avares en petites blagues (nous apprenons que le surnom de l’un est « Einstein », celui de l’autre « Penetrator » !), tombent nez à nez avec un vaisseau spatial abandonné en orbite autour de la Terre. En sortie extravéhiculaire, Grant y trouve une capsule brun rougeâtre et un corps humain momifié. Ces deux artefacts sont ramenés sur Terre, où l’on découvre qu’ils proviennent de la Lune et semblent datés de quatorze mille ans, rien que ça ! Tandis que les savants se perdent en conjectures, la capsule s’ouvre, laissant émerger un œil télescopique qui se déploie sous forme d’un robot étrange, emprunte des pièces du laboratoire et des parties du corps momifié pour se muer en cyborg extrêmement agressif. Après un échange de coups de feu et plusieurs victimes humaines, le monstre mécanique est mis hors d’état de nuire. Bien décidés à enquêter sur les origines de cette créature, Grant et Tanner repartent en mission. Leur destination ? La Lune.

Objectif Lune

Malgré son point de départ intriguant, Moontrap est propice à la provocation de bâillements répétés chez ses spectateurs. Le rythme lent, les dialogues innombrables (souvent d’une platitude désarmante) et la mollesse des péripéties ont bien du mal à attiser l’intérêt. Bruce Campbell et Walter Koenig eux-mêmes assurent le service minimum, comme s’ils ne croyaient pas une seconde à ce qu’ils étaient en train de jouer. Même constat du côté de la bande originale, signée pourtant par le talentueux Jo LoDuca (la trilogie Evil Dead) qui, visiblement à cours d’inspiration, se contente d’une partition très sommaire pour synthétiseurs. Le film recèle pourtant une idée intéressante : celle d’une race extra-terrestre biomécanique (les Kaalium) qui utilisent les humains comme pièces détachées pour concevoir des guerriers hybrides. De fait, l’attraction principale de Moontrap reste son armada de robots : le bagarreur au cœur du premier gunfight sur Terre, une sorte de grosse araignée mécanique, des colosses émules de Terminator, un cyborg au visage grimaçant, un humanoïde découpeur… Les créatures rivalisent d’inventivité, même si le manque de moyens se fait cruellement ressentir à travers la rigidité et la limitation de leurs mouvements. Un peu de stop-motion n’aurait pas nui pour dynamiser leurs actions. Les nombreuses maquettes sollicitées par le film manquent quant à elles de finesse. Du coup le module lunaire, le rover et les vaisseaux spatiaux finissent par ressembler à des petits jouets qui s’agiteraient dans une chambre d’enfant. En dépit de son casting attrayant et de ses idées audacieuses, Moontrap est donc passé inaperçu au moment de sa sortie, son titre ressortant rarement lorsqu’on évoque les filmographies de Koenig ou Campbell.

 

© Gilles Penso


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