EXO MAN (1977)

Violemment agressé, un professeur de physique fabrique une armure et se transforme en super-héros…

EXO MAN

 

1977 – USA

 

Réalisé par Richard Irving

 

Avec David Ackroyd, Anne Schedeen, A. Martinez, José Ferrer, Jack Colvin, Harry Morgan, Donald Moffat, Kevin McCarthy

 

THEMA SUPER-HÉROS

En été 1977, les super-héros ne sont pas encore une valeur marchande fiable en dehors des pages des bandes-dessinées. Superman ne crèvera l’écran que l’année suivante, la déferlante Marvel est encore bien loin. L’une des rares tentatives réussies est la série L’Homme qui valait trois milliards, qui rameute en masse les téléspectateurs du monde entier devant leurs écrans et donnera suite à Super Jaimie. Désireux de créer un nouveau super-justicier susceptible de connaître un succès similaire, Universal TV sollicite plusieurs membres clés des aventures bio-ioniques de Steve Austin, en l’occurrence l’auteur Martin Caidin (dont le roman « Cyborg » avait inspiré L’Homme qui valait trois milliards) et le réalisateur Richard Irving (qui avait mis en scène Lee Major dans le pilote de la série en 1973). Le postulat d’Exo Man semble s’inspirer très largement (mais de manière officieuse) du personnage d’Iron Man créé par Stan Lee au milieu des années 60. De nombreux points communs constellent les deux récits, à tel point qu’une rumeur tenace a longtemps considéré Exo Man comme une adaptation télévisée des aventures de Tony Stark. Il n’en est rien, et si ce téléfilm peut aujourd’hui faire sourire par sa naïveté et ses maladresses, il faut bien réaliser que le public de l’époque n’avait pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent en ce domaine.

Nick Conrad (David Ackroyd), physicien et professeur d’université, assiste involontairement à une attaque à main armée dans une banque et capture l’un des hors-la-loi, mu par un geste héroïque soudain. En dépit des menaces, il est fermement décidé à témoigner, mais ceux qui veulent l’empêcher de parler passent à l’action. Ils sabotent d’abord sa voiture, provoquant la mort d’un de ses assistants, puis l’agressent malgré la protection de la police et le laissent dans un piteux état. « Le coup que vous avez reçu a rompu les nerfs de l’épine dorsale » lui dit le chirurgien qui vient de l’opérer. « Il en résulte une paralysie des membres inférieurs. » Condamné dès lors à vivre dans un fauteuil roulant, il consacre toute sa vitalité à mettre en pratique des inventions de son cru, détournant de nombreuses ressources de l’université et de ses confrères pour se fabriquer une armure aux jambes animées mécaniquement. Et c’est revêtu de cette carapace protectrice et mobile, à l’épreuve des balles, qu’il retrouve les responsables de son infirmité…

Moitié astronaute moitié soudeur

Dès ses premières minutes, Exo Man prend bien soin de nous montrer que Nick est un sportif au beau jeu de jambes (il pratique la course et le tennis) pour mieux nous faire mesurer le handicap qui le frappe. L’intrigue prend d’ailleurs tout son temps pour mettre en place les éléments du drame qui vont transformer le scientifique en justicier cuirassé. La révélation lui vient lorsqu’il observe une armure médiévale dans une galerie d’art. David Acroyd est très convainquant dans le rôle principal, même si le scénario l’affuble de dialogues pseudo-scientifiques risibles pendant ses expériences. Petit florilège : « Le convecteur sidéro-magnétique a tenu », « Le doseur exo-électronique semble bien fonctionner », « Nous sommes au-dessous du seuil de polarisation » ou encore « Ajoutez plus de chlorure de zinc pour réduire le temps de diffusion. » Aux côtés d’Acroyd, on reconnaît quelques visages familiers comme Jack Colvin (le reporter tenace de L’Incroyable Hulk) en homme de main du grand méchant, Donald Moffat (l’androïde de L’Âge de cristal) en confrère du héros, José Ferrer (le « bey turc » de Lawrence d’Arabie) en vil parrain du crime ou Anne Schedeen (la future maman de Alf) dans le rôle hélas très caricatural de la petite amie potiche. Devenu émule d’Iron Man, Nick se déplace désormais dans une camionnette emplie d’équipement high-tech, porte une tenue à mi-chemin entre l’astronaute, le scaphandrier, le robot et le soudeur, se dandine lentement vers ses ennemis et fait preuve d’une force surhumaine. Exo Man est une « origin story » dans la mesure où le super-héros n’apparaît qu’au dernier tiers du film, mais la série TV envisagée dans la foulée ne sera jamais tournée, Universal s’avérant peu confiant dans la capacité d’en tirer des produits dérivés malgré des chiffres d’audience satisfaisants lors de sa première diffusion le 18 juin 1977.

 

© Gilles Penso


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