Inspirée partiellement du film qu’en tira David Cronenberg, cette adaptation télévisée du célèbre roman de Stephen King réserve son lot de surprises…
DEAD ZONE
2002-2007 – USA
Créé par Michael Piller et Shawn Piller
Avec Anthony Michael Hall, Nicole deBoer, David Odgen Stiers, Chris Bruno, Sean Patrick Flannery
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING
Au début des années 2000, période propice aux remakes et aux séquelles, Michael et Shawn Piller s’inspirent du roman “Dead Zone“ pour proposer une nouvelle version télévisée des aventures de Johnny Smith, jadis incarné par Christopher Walken sous la direction de David Cronenberg. Tournée au Canada et diffusée sur CBS à partir du 16 juin 2002, la série Dead Zone puise beaucoup d’éléments dans le livre de Stephen King pour bâtir son propre arc narratif. Le prologue, situé en 1976, provient directement du roman. Pendant un match de hockey sur glace, le tout jeune Johnny tombe et se cogne la tête. Il a alors la vision d’un accident qui va se dérouler quelques minutes plus tard. Un de ses camarades tombe en effet dans le lac glacé et est sauvé à la dernière minute. Vingt ans plus tard, Johnny (Anthony Michael Hall) est devenu professeur de sciences naturelles. Très apprécié par ses étudiants, il coule un amour paisible avec Sarah (Nicole deBoer), professeur de musique, tandis que sa mère Vera (Anna Hagan) est en couple avec le révérend Purdy (David Odgen Stiers), que Johnny n’aime pas beaucoup et qui nous inspire d’emblée une certaine méfiance. Si Johnny a des intuitions qui ne sont pas loin de faire de lui un médium, elles ne sont pas suffisamment spectaculaires pour déplacer les foules. Un soir, à la fête foraine, Sarah gagne ainsi beaucoup d’argent à la Roue de la Fortune grâce à lui. Plus tard dans la soirée, la voiture de Johnny entre en collision avec un poids lourd. C’est le black-out.
Après cet accident qui aurait pu lui être fatal, Johnny reste dans le coma, victime de blessures cérébrales sérieuses. Alors que tout le monde le croit condamné, il se réveille soudain au bout de six ans, empoigne la main de son infirmière et voit aussitôt la fillette de cette dernière prisonnière d’une maison en feu. Il ne s’agit pas d’une simple vision. Johnny a l’impression de se trouver lui-même au cœur de l’incendie. Rob Lieberman, réalisateur du pilote de la série, s’approprie ainsi les idées de mise en scène de David Cronenberg et les décline au cours d’autres scènes surréalistes, comme lorsque Johnny se promène en flash-back au milieu de personnages en arrêt pendant un bombardement à Saïgon, évoluant entre eux et observant les détails. Cet « emprunt » à Cronenberg prouve que la série Dead Zone n’est pas une simple réadaptation du roman de King mais aussi un remake partiel du long-métrage de 1983. Johnny découvre que son coma l’a privé d’événements importants liés à sa vie personnelle. Sa mère est décédée et Sarah a épousé Walt Banerman (Chris Bruno), un policier avec qui elle a eu un fils prénommé Johnny. Notre héros découvrira plus tard que cet enfant portant son prénom est de lui, une situation absente du roman qui suscite des rebondissements intéressants au sein d’un triangle amoureux complexe. Lorsque Walt enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes, Johnny vient lui prêter main forte et permet de confondre le coupable, qui se suicide de manière plus « propre » que chez Cronenberg.
La nouvelle vie de Johnny Smith
Après le pilote en deux parties, la série atteint sa vitesse de croisière et met en place un mécanisme quasiment immuable. Chaque épisode commence par une image de Johnny, face à la caméra, qui explique le concept du programme. « J’avais une vie parfaite jusqu’à ce que je me retrouve dans le coma pendant six ans », raconte-t-il. « Quand je me suis réveillé j’ai découvert que ma fiancée était mariée à un autre homme. Mon fils ignore qui je suis. Tout a changé, y compris moi. Un seul contact et je vois des choses. Des choses qui se sont passées. Des choses qui vont se passer. Vous devriez voir ce que je vois. » Tous les éléments narratifs se mettent alors en place pour les épisodes suivants : la reprise des activités de professeur de Johnny, l’intrusion d’une journaliste trop curieuse qui lui tourne autour et enquête sur lui, les activités louches du révérend montées grâce à l’argent de la défunte Vera Smith… Chaque nouvelle prédiction de John donne lieu à un épisode distinct. Il résout des énigmes, sauve des situations, anticipe des catastrophes, tandis qu’en toile de fond se dessine une intrigue plus grande au sein de laquelle va s’insérer le politicien véreux Greg Stillson (Sean Patrick Flannery). Le principe étant déclinable à l’infini, les comédiens s’avérant attachants et la mise en scène très soignée, la série occupera les petits écrans pendant six saisons, à raison d’un total de 80 épisodes.
© Gilles Penso
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