SLAVE GIRLS – ESCLAVES DU FUTUR (1987)

Une variante improbable des Chasses du comte Zaroff avec des captives en bikini, des robots, des mutants et des zombies…

SLAVE GIRLS FROM BEYOND INFINITY

 

1987 – USA

 

Réalisé par Ken Dixon

 

Avec Elisabeth Kaitan, Cindy Beal, Brinke Stevens, Don Scribner, Carl Horner, Kirk Graves, Randolph Roehbling, Fred Tate

 

THEMA FUTUR I ROBOTS I MUTATIONS I ZOMBIES I SAGA CHARLES BAND

Slave Girls From Beyond Infinity : « Les filles esclaves d’au-delà de l’infini ». C’est sur la base de son seul titre imagé que ce film de SF au budget très modeste est financé et vendu, le prolifique Charles Band prenant en charge sa distribution sur le territoire américain. A la tête de cette œuvre étrange se trouve le réalisateur, scénariste et producteur Ken Dixon, signataire du déjà gratiné The Erotic Adventures of Robinson Crusoe et de plusieurs documentaires aux titres évocateurs (The Best of Sex and Violence, Filmgore, Zombiethon). Le ton de Slave Girls est donné dès les premières secondes, lorsqu’une fille court vêtue à la poitrine avantageuse s’enfuit l’air effrayée dans une forêt sinistre, poursuivie par une sorte de créature bipède insectoïde qui lance des rayons laser. Puis nous changeons de décor. Nous voilà dans un vaisseau spatial prison où croupissent Daria et Tisa, deux jolies captives en bikini (leur tenue étant visiblement calquée sur celle de Raquel Welch dans Un million d’années avant JC) incarnées par Elizabeth Kaitan et Cindy Beal. Elles parviennent à s’échapper en volant une navette mais se crashent bientôt sur une planète inconnue. Daria et Tisa se retrouvent dans une sorte de palace étrange empli de trophées d’animaux divers (y compris un mammouth et un ours des cavernes) et gardé par deux robots massifs. Leur hôte est le beau Zed (Don Scribner). Le cheveu gominé, la chemise ouverte sur un poitrail viril, le pantalon en cuir bien serré et de faux airs de Christian Bale, le bellâtre semble avenant. Mais le soir, il organise des chasses à l’homme dans la forêt avec les naufragés qui s’échouent sur son île.

Slave Girls est donc un remake futuriste officieux des Chasses du comte Zaroff, dont il reprend non seulement la structure et les situations mais aussi un certain nombre de dialogues, notamment pendant la scène du dîner. De l’hommage au plagiat, la différence est très ténue. Même le nom du chasseur, Zed, renforce le trait, tout comme son arme fétiche : une arbalète. Les deux robots patibulaires remplacent les serviteurs inquiétants et les meutes de chiens du classique de 1932. Elisabeth Kaitan et Carl Horner reprennent quant à eux les rôles tenus jadis par Fay Wray et Joel McCrea, gambadant dans une jungle brumeuse reconstituée dans un studio visiblement minuscule. Nous avons même droit au tronc d’arbre couché en guise de pont au-dessus d’un ravin (une peinture sur verre habilement incrustée, reconstitution low cost d’un célèbre élément de décor de Zaroff mais aussi de King Kong). Sélectionnés prioritairement pour leur présence physique, les acteurs jouent tous de manière approximative et les trois comédiennes principales semblent surtout avoir obtenu le rôle grâce à leur manque de pudeur. Elles passent en effet la quasi-totalité du film en petite tenue et se livrent à quelques scènes de nudité et d’érotisme qui surprirent à l’époque des spectateurs mal informés, persuadés d’avoir affaire à une inoffensive série B tout public.

Grand film, grande production, grandes filles

En charge de la création des deux robots trapus aux larges épaulettes au service de Zed, John Carl Buechler (Re-Animator, From Beyond) nous offre aussi les inénarrables « Phantazoids », des espèces de mutants cyborgs difformes à la gueule verticale et aux yeux luisants. Pour varier les plaisirs, nous avons aussi droit à des zombies et des mutants blafards beaucoup plus rudimentaires, conçus par le maquilleur Joe Reader (qui œuvrera tout de même sur Terminator 2 et Jurassic Park quelques années plus tard !). Les amateurs de science-fiction bon marché apprécient aussi les sympathiques maquettes de vaisseaux spatiaux et les effets visuels naïfs à la Star Crash supervisés par Mark Wolf et John Eng, également coproducteurs du film. Quant à la musique de Carl Dante, elle évite les synthétiseurs habituels au profit d’une petite formation orchestrale sans éclat mais agréable à l’écoute. A défaut d’être inoubliable, Slave Girls est donc un petit plaisir coupable plein de charme. Les posters américains du film s’exclamaient à l’époque : « Grand film, grande production, grandes filles ! ». En France, où le film sortit en VHS sous le parrainage de la comédienne Catherine Falgayrac (la fameuse Sangria de l’émission « Les Accords du Diable »), les slogans osaient le tout pour le tout : « Sexe et violence sont les deux mamelles dont elles usent sans pitié ni remords » !

 

© Gilles Penso


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