SINISTER (2012)

Un écrivain qui cherche à relancer sa carrière s’installe avec sa famille dans une maison où se déroulèrent d’horribles événements…

SINISTER

 

2012 – USA / GB

 

Réalisé par Scott Derrickson

 

Avec Ethan Hawke, Juliet Rylance, Clare Foley, Michael Hall d’Addario, James Ransone, Vincent D’Onofrio, Fred Dalton Thompson, Tavis Smiley, Nicholas King

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I ENFANTS

Sinister est né d’un cauchemar. Après avoir vu Le Cercle de Gore Verbinski, qui lui fit visiblement forte impression, le scénariste C. Robert Cargill connaît une nuit agitée qui lui inspire une histoire d’épouvante. Le récit qui en découle séduit le réalisateur Scott Derrickson, passionné par le genre fantastique sous toutes ses formes. Le scénario définitif de Sinister est rédigé à quatre mains par les deux hommes et budgété à trois millions de dollars. Voilà qui change de l’enveloppe pharaonique de 80 millions de dollars allouée au Jour où la Terre s’arrêta que Derrickson réalisa quelques années plus tôt. Avec un concept simple et des moyens réduits, le cinéaste semble vouloir revenir à l’économie de ses premiers films d’épouvante, Hellraiser Inferno et L’Exorcisme d’Emily Rose. L’action se concentre ainsi sur un nombre limité de personnages, de décors et de situations. Pour remplacer la VHS maudite du Cercle qui fut l’inspiration première de Cargill, Sinister met en scène des snuff movies en 8 mm, que Derrickson filme en utilisant ce véritable format amateur (avec une caméra Beaulieu 4008 pour les connaisseurs) dans le but d’obtenir une touche d’authenticité supplémentaire. Le reste du métrage est tourné en 35 mm dans un élégant format Cinémascope.

Trois ans après avoir joué les vampires récalcitrants dans Daybreakers, Ethan Hawke entre dans la peau d’Ellison Oswalt, un auteur de romans policiers en panne d’inspiration qui décide de s’installer momentanément avec sa femme et ses enfants dans une petite ville qui fut jadis frappée par un fait divers sordide. Son objectif est d’enquêter sur les événements pour en tirer une histoire choc susceptible de le faire revenir sur le devant de la scène. En inspectant le grenier de la maison, il découvre une boîte en carton contenant un projecteur et des bobines de films 8 mm. Lorsqu’il regarde ces films, il est à la fois horrifié et fasciné. Il s’agit en effet d’assassinats de familles entières filmés visiblement par le meurtrier lui-même. Logiquement, Ellison devrait confier ces pièces à conviction à la police. Mais la tentation d’en tirer un livre passionnant est trop grande. Il se fait donc violence, garde les films pour lui, les étudie en détail… et finit par mettre en danger sa propre famille.

8 mm

Scott Derrickson n’est pas particulièrement connu pour sa finesse, comme en témoignent son éléphantesque Jour où la Terre s’arrêta ou même – dans une moindre mesure – son futur Doctor Strange. De fait, même si Ethan Hawke parvient sans mal à donner du corps et de l’épaisseur à son personnage d’écrivain en quête désespérée d’un succès qui l’a déserté et le nargue depuis longtemps, trop de grosses ficelles entravent l’efficacité de ce récit d’épouvante pourtant prometteur. Le principe même des snuff movies horrifiques tournés par une caméra amateur, recyclant à leur manière la vogue du « found footage », sent le déjà vu et n’étonne plus beaucoup. D’autant que Derrickson a la mauvaise idée d’accompagner chacun de leur visionnage d’une musique angoissante hors sujet qui leur ôte tout réalisme. Le silence cru des bobines muettes et le seul ronronnement du projecteur auraient largement suffi à provoquer le malaise. Mais le réalisateur semble ne pas être suffisamment confiant en son matériau, appuyant les effets là où il aurait fallu sans doute jouer la carte de l’épure. D’où le recours un peu trop systématique aux effets de sursaut artificiels. C’est d’autant plus dommage que certains moments d’effroi, notamment les terreurs nocturnes à répétition du jeune Trevor, fonctionnent bien. Le potentiel de Sinister s’estompe donc faute de spontanéité, de subtilité et de surprise.

 

© Gilles Penso


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