LA FEMME GORILLE (1943)

Un éminent scientifique pratique des expériences contre-nature pour transformer un gorille femelle en jeune femme !

CAPTIVE WILD WOMAN

 

1943 – USA

 

Réalisé par Edward Dmytryk

 

Avec Evelyn Ankers, John Carradine, Milburn Stone, Lloyd Corrigan, Acquanetta, Martha Vickers, Fay Helm, Vince Barnett, Paul Fix, Ray Corrigan

 

THEMA SINGES I MÉDECINE EN FOLIE

Dès 1940, le studio Universal annonce le projet Captive Wild Woman sans pour autant se montrer très explicite sur le concept du film. Certains posters promotionnels montrent une sauvageonne armée d’un couteau au milieu de la jungle, d’autres une femme plus moderne aux allures de furie, mais en réalité aucun de ces visuels ne correspond au résultat final. La mise en production elle-même est indécise. Après un tournage annoncé en 1941, les premiers tours de manivelle ne commencent qu’en décembre 1942 sous la direction d’Edward Dmytryk, ancien monteur devenu vétéran de la série B. Conçu à l’économie, Captive Wild Woman recycle de très larges extraits de The Big Cage, un film de cirque réalisé par Kurt Neumann en 1933 avec le dompteur Clyde Beatty dans le rôle principal. Quatre scénaristes (Ted Fithian, Neil Varnick, Griffin Jay et Henry Sucher) sont donc chargés de se creuser la tête pour imaginer une histoire rocambolesque qui puisse intégrer un maximum d’images empruntées à The Big Cage. Le récit auquel ils aboutissent va s’avérer parfaitement invraisemblable.

Le dresseur d’animaux Fred Mason (Milburn Stone) revient de son dernier safari avec une horde d’animaux pour son employeur John Whipple (Lloyd Corrigan), propriétaire d’un cirque à son nom. Parmi eux se trouve Cheela, un gorille aux caractéristiques remarquablement humaines. Comme on pouvait s’y attendre, le film n’utilise pas un vrai singe mais un homme dans un costume velu (le cascadeur Ray Corrigan, habitué à cet exercice depuis Tarzan l’homme singe en 1932). La fiancée de Mason, Beth Colman (Evelyn Ankers), lui parle des récents problèmes de santé de sa sœur Dorothy (Martha MacVicar). Beth envisage d’emmener sa sœur chez un endocrinologue réputé, le docteur Sigmund Walters. C’est ce bon vieux John Carradine, alors en début de carrière, qui prête ses traits anguleux à cet éminent médecin visiblement bien sous tous rapports. Sauf qu’il s’agit en réalité d’un savant fou. Son projet ? Kidnapper la guenon Cheela, lui injecter les glandes de sa patiente Dorothy, lui greffer le cerveau de son infirmière (Fay Helm) et voir ce que ça donne !

La belle est la bête

Nous nageons donc joyeusement en plein n’importe quoi, dans l’ne de ces productions fantastiques décomplexées dont le cinéma pulp des années 30-40 avait le secret. D’autant que le résultat de cette expérience impensable est une très jolie jeune femme interprétée par Acquanetta, ancien mannequin newyorkais devenue comédienne à l’occasion des Mille et une nuits en 1942. Le poster de Captive Wild Woman est évidemment trompeur, capitalisant sur l’image classique du gorille qui porte une jeune femme dans ses bras. Or ici, la belle et la bête ne font qu’un ! Acquanetta ne prononce pas un seul mot dans le film, mais le véritable effet spécial c’est elle. Chacun de ses gros plans muets magnétise littéralement l’écran, bien plus que le faux primate incarné par Ray Corrigan. D’ailleurs en dehors de sa présence, le film perd beaucoup de son intérêt, se contentant principalement de montrer des acteurs qui regardent des images d’archives d’animaux, le long d’interminables numéros de domptage qui font office de remplissage. Mais heureusement, revoilà Acquanetta en fin de métrage qui, soudain prise d’accès de jalousie, se transforme en créature simiesque mi femme-mi singe grâce à un maquillage astucieux de Jack Pierce. Bref La Femme gorille est un film parfaitement absurde mais très distrayant.

 

© Gilles Penso


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