La suite de Class 1984 est une série B de science-fiction pure et dure à mi-chemin entre Terminator et Mad Max 2…
Class 1984 avait ouvert les portes d’Hollywood à Mark L. Lester, qui enchaîna dans la foulée Firestarter d’après Stephen King et Commando avec Arnold Schwarzenegger. Mais le talentueux cinéaste ne parvint pas à rebondir avec autant de panache par la suite, tournant la comédie policière Armed and Dangerous qui, malgré la présence de John Candy et Meg Ryan, passa inaperçue. Pour retomber sur ses pattes, Lester décide de donner une suite au film qui le fit connaître du grand public. Quoique « suite » soit un mot un peu excessif, Class of 1999 ne reprenant qu’une poignée d’idées narratives de Class 1984 pour bâtir une série B de science-fiction totalement décomplexée. Même si le réalisateur affirme s’être une fois de plus inspiré de faits réels, en l’occurrence la prolifération de gangs tenant sous leur coupe plusieurs quartiers urbains d’Amérique, on ne peut pas dire que le discours social de Class of 1999 saute aux yeux. Le scénario écrit par C. Courtney Joyner (Nuits sanglantes, Prison) ressemble surtout à un défouloir taillé sur mesure pour un public adolescent, dont le principe est gentiment basique : des lycéens qui affrontent des professeurs robotiques psychopathes. Malgré le tout petit budget que lui alloue la compagnie de production Vestron, Mark Lester fait des merveilles, multipliant avec une générosité sans borne les cascades, les fusillades, les poursuites de voiture, les explosions et les effets spéciaux audacieux.
Dès l’entame, le changement de ton est spectaculaire. Au réalisme légèrement futuriste de Class 1984, Class of 1999 oppose un univers post-apocalyptique exubérant et excessif où les véhicules sont customisés, où la plupart des quartiers sont à feu et à sang et où les modes vestimentaires ont pris une tournure invraisemblable. Le décalage stylistique qui oppose les deux films rappelle le grand écart séparant le premier Mad Max du second. Si ce n’est que Lester ne cherche pas à révolutionner le genre comme le fit George Miller en son temps, se contentant de bidouiller un petit film d’autant plus réjouissant qu’il assume son côté bis jusqu’au bout. Nous sommes donc en 1999 et la violence s’est répandue comme une traînée de poudre à travers les États-Unis. Les seuls lycées qui tiennent encore debout sont aux mains des gangs et se situent dans des zones de « libre feu » où la police ne s’aventure pas (et où les panneaux à l’entrée annoncent : « à vos risques et périls »). Pour tenter de reprendre les choses en main, le gouvernement sollicite la compagnie MegaTech qui reprogramme trois androïdes de l’armée pour les transformer en enseignants destinés à faire régner l’ordre parmi les lycéens. Mais les machines se dérèglent et le programme éducatif avant-gardiste se transforme en gigantesque bain de sang…
Zéro de conduite
Au-delà de son plongeon sans garde-fou dans la science-fiction débridée, Class of 1999 se distingue de Class 1984 par une radicale différence de point de vue. Au lieu de nous faire entrer dans la peau d’un professeur en bute à une jeunesse délinquante muée en archétype du mal, cette fausse suite prend pour héros un adolescent en pleine rédemption (ancien repris de justice, tout juste sorti de prison, désarmé face à sa famille junkie et son environnement déprimant) qui se heurte au monde adulte, lequel, via un renversement de situation, joue cette fois le rôle d’antagoniste. C’est justement du côté des adultes que le casting nous réserve quelques surprises. Si Malcolm McDowell endosse sans beaucoup d’éclat le rôle du principal du lycée dépassé par les évènements (il cachetonne visiblement, sans réaliser que sa présence assure le lien avec l’une des influences premières de Mark Lester, Orange mécanique), Stacy Keach cabotine sans retenue dans le rôle d’un savant fou albinos au look impensable. Mais les vraies stars, ce sont les trois robots incarnés respectivement par Pam Grier (Coffy, Foxy Brown), John P. Ryan (Le Monstre est vivant, Runaway Train) et l’impressionnant Patrick Kilpatrick (Remo sans arme et dangereux, Presidio). Adeptes du châtiment corporel, ces trois machines à tuer entrent en guerre avec les lycéens et nous offrent un spectacle qui ne recule devant aucun effet gore (un corps plié en deux, des cadavres ensanglantés, un crâne perforé, une tête qui explose, une poitrine transpercée). Le dernier acte, au cours duquel leurs bras se transforment en mitraillettes, en lance-flammes, en lance-roquettes ou en pinces géantes, s’achève sur un hommage direct à Terminator, à l’aide d’effets spéciaux sommaires mais très inventifs conçus par Eric Allard et Rick Stratton. Voilà donc un petit plaisir régressif très recommandable, que suivra un inévitable Class of 2001 réalisé par le cascadeur Spiro Razatos.
© Gilles Penso
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